dimanche 13 septembre 2009

duel, tournoi de go


 voici la  Consigne #72 du défi du samedi


Une heure de repassage c'est donc bien long.
Mais, l'heure la plus courte d'une vie. Laquelle est-ce ?

les autres textes sont



Il s’est assis en face de moi. Il est très jeune et j’ai horreur de çà. Déjà, il m’a toisé d’un œil méprisant, et dans son « bonjour monsieur » pointe le vouvoiement futur qu’il réserve au « vieux  croûton ». Je le déteste déjà, je sais qu’il va gagner, et que non content de çà, il se prépare à  m’humilier.

Entre nous,  sur le goban,  il a disposé 9 pierres noires (l’équivalent d’une dame en plus aux échecs) ;  j’ai réglé la pendule : une heure par joueur. D’un signe de tête il m’indique que mon réglage lui convient, puis  déclare conformément à l’usage « bonne partie ! » en déclenchant sa pendule.
Le début de partie confirme mes craintes, cet ado  sait jouer, et les 9 pierres d’avance aggravent sérieusement ma situation. Chaque coup qu’il joue est correct,  je n’ai absolument  pas le niveau pour résister et chaque claquement de mes pauvres  pierres blanches sur le goban me rapproche de la  défaite annoncée.
En cours de partie, un copain à lui, un gamin prétentieux  vient nous observer, encourage mon adversaire  et commente  à haute voix  le déroulement de la partie. Je devrais appeler l’arbitre, ou virer ce gosse mal élevé, mais je suis trop anéanti par mes efforts pour limiter la casse.
Enfin l’affreux gamin, est parti, il déconcentrait aussi  les  joueurs voisins. Déjà vaincu,  je  réponds  rapidement à ses coups, alors que lui, sadique, savoure et fait traîner ses réponses ;  chacune me rapproche du désastre.  Je suis « mort » partout ou presque ; « Zigmund,  souviens toi  du proverbe : « le bon joueur c’est celui qui sait quand il doit abandonner ».  Bon d’accord, je vais abandon…Non !  un miracle vient de se produire, là sur la pendule : tel le lapin de la fable,  il a tellement traîné, que son heure est passée, il a perdu « au temps », il a perdu tout court, il le reconnait… Cette heure trop courte pour  lui,  m'offre une victoire, certes peu glorieuse, mais au moins le blanc-bec ne sourit plus.
Alors, je sors mon portefeuille et, sacrifiant à la coutume  : « viens, je t’offre un verre au bar ! »
z

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