samedi 30 janvier 2010

ci metière m'était conté



Êtes- vous  sûrs de vouloir pousser cette porte et me suivre ?
Je crains de ne pas être bien drôle, mais croyez bien que j’aurais adoré savoir vous faire hurler de rire lors de la visite d'un cimetière (je parie que certains défiants y parviendront)
Parce qu’on aura beau dire ou faire, un cimetière quel qu’il soit,  est forcément lieu de mélancolie.
Ne regardez pas le désordre, il ressemble à celui qui meuble mon existence.
Faites attention où vous mettez les pieds, les allées ne sont pas entretenues, jardinage et désherbage ne sont pas ma tasse de thé.
Voici la tombe des fleurs, car, à la  grande question existentielle : « que met-on sur la tombe d’une fleur ? » la réponse évidente  fuse : «  une autre fleur ! » Quelques femmes de ma vie ont méprisé ou refusé les fleurs que je leur offrais en gage d’amour. Non, inutile de chercher la tombe des diamants ou des bijoux refusés.
Dans le même style et pas très loin, sont d’ailleurs enterrés les cadeaux rejetés par leur destinataire. 
Une simple tasse revenue entre mes mains après avoir été offerte en est le symbole.
C’est dans cette tasse exclusivement, que je prends mon café pour ne pas oublier cette blessure. Je vous épargne la description des autre objets hétéroclites qui tiennent compagnie à cette tasse et l’explication de ces rejets ;  qu’au moins si je n’arrive pas à vous faire rire, je ne vous fasse pas pleurer.
Un peu plus loin, vous pourrez visiter le caveau de l’enfance heureuse, bien sûr,  mais prématurément disparue : images fugaces d’un théâtre de verdure, d’une piscine, d’un jardin  public où nous allions manger des glaces « au créponé » (citron). Me voici,  riant aux éclats,  juché sur le dos de mon papa transformé en cheval fougueux. Et là, devant cet avion, je fais la gueule parce qu’on ne m’a pas autorisé à y faire un tour…mais dans quelque temps, à bord dd’un avion bien plus grand je regarderai pour la dernière fois la ville blanche écrasée de soleil …
Moins triste, le coin des  « futurs –disparus »  ou  « foutoir des divers regrets »
Vous y rencontrerez divers animaux : lions et tigres, témoins de mes rêves d’être dompteur ou vétérinaire,  des partitions de musique, un piano et un basson,  des méthodes de langues étrangères variées, des livres non lus,  seulement feuilletés qui attendent sagement que je leur consacre le temps qui leur est du.
Il y a des sabres et des épées et des poignards (ben quoi,  on a le droit de se rêver samouraï, champion d’arts martiaux ou lanceur de poignards dans un cirque !).
De tous les rêves qui m’ont effleuré, j’en ai réalisé un qui comble mon existence : j’ai eu la chance de devenir médecin puis ophtalmologiste. Seule (minuscule) ombre au tableau, mon temps est compté et je n’aurai pas de successeur.  Je  peux supposer que mon épitaphe ressemblera à un truc comme : « zut, et comment on va faire pour se soigner maintenant ? » ou bien « salaud ! il est mort sans me fournir un rendez vous chez un confrère ! »   signé  « les malades désespérés »-
Ne cherchez pas les papiers administratifs procrastinés, ils ont fini dans un feu de joie et j’ai pris plaisir à disperser leurs cendres
 Et si vous le voulez bien, pour terminer sur une note plus gaie, écoutons ensemble  les musiques que je ne saurai jamais jouer, (et dites vous que la musique en sort grandie ! ), regardons  les photos floues que je n’ai pas le courage de détruire, rions des calembours ou contrepèteries que je n’ai pu placer,  fouillons   mes quelques souvenirs de voyages, possibles ou impossibles.
Je vous laisse,  car  dehors, m’attend la réalité d’un contrôle URSSAF, des consultations et du courrier en retard(« finiront par avoir ma peau ! ») soyez gentils,  refermez la porte derrière vous…

*amis défiants, ne vous inquiétez pas de ma santé,(que je suppose bonne)  quand je dis que mon temps est compté, c’est simplement que j’approche doucement  d’une retraite sans successeur 

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