vendredi 27 juin 2014

le Bingophtalmo

Sur l'idée et le modèle du Docteur Couine 
voici le Bingophtalmo

 le principe est expliqué ici :  le Bullshit bingo du Dr Couine 


En résumé :"Chaque fois qu’un patient prononce une phrase notée dans une case du bingo, cette case est "gagnée".
Quand 5 cases alignées sont gagnées, levez-vous en criant "BINGO !".
En fin de post et avec son autorisation : la version dentiste par @la chicologue 


Pas si simple à réaliser. 
Non, pas les idées de phrases ! ça, on en a plus qu'il n'en faut ; mais,  outre la difficulté de mise en forme du tableau, l'ordre des cases est important  si on veut que le jeu soit ni trop facile (crier "bingo!" plusieurs fois par jour  pendant vos consultations risque de vous faire passer pour un médecin maltraitant)  ou irréalisable. J'ai choisi un tirage au sort légèrement truandé pour déterminer la place des cases.
Amis ophtalmos qui passeriez ici n'hésitez pas à critiquer, argumenter, voire proposer des modifications. Enjoy folks ! 



    1/ 
Oui le pharmacien il m’a donné des gouttes en attendant que je vous voie … c’est … attendez (suspense !) du collyre ! 
               2/                     je savais pas qu'il fallait prendre rendez vous à l'avance 

           3/ 
     Si mon diabète est  équilibré ? j’en sais rien  c’est mon docteur qui reçoit les analyses

         4/
Ma vue a baissé … un œil ou les deux ? ah non j’sais pas moi
(Fallait cacher un œil ?)

      5/
   bien sûr que je conduis encore, J' y vois très bien et d' ailleurs je connais la route

          6/
 Ah non j’ai pas apporté mes lunettes/mes lentilles  … il fallait ?
             7/
on peut pas se passer du champ visuel ? Ya rien de plus rapide ?

         8/ 
alors comme ça les jeunes ne veulent plus faire ophtalmo ?

           9/ 
Si je suis pas remboursé pour le transport  pour voir le chirurgien/ faire les examens,  j’irai pas

   10/
J’ai bien mis mes gouttes pour le glaucome …pendant un mois ...quoi ??? c'était à renouveler ???

        11/
Tel : j’ai oublié mon bon de transport/mon ordonnance /mon parapluie  vous pouvez me l’envoyer ?

       12/ 
Vous pouvez pas voir mon mari en plus ?  parce que sinon  il veut jamais venir
           13/
Jusqu’à présent je prenais pas  rendez vous  chez vous parce que je sais que c’est long
            14/ 
 Vous pouvez me réparer ma monture de lunettes ?  




           15/
  je peux pas ouvrir les yeux il y a trop de lumière 
      16/
J’ai mal au dos / j’ai des vertiges je suis sûr que ça vient des yeux et mon médecin  il peut pas me voir tout de suite
       17/
Pas question que je lise vos lettres là bas  elles sont trop petites

         18/
Ah bon faut payer ?  même quand on a la carte vitale ?


       19/
 moi entre tous vos verres je vois jamais aucune différence 
     20/



Et pour les oreilles vous pouvez rien faire ?


        21/
Vous pouvez me marquer des compresses pour faire les bains d’œil ?
      22/
Je prenais pas rendez vous chez vous parce que les lunettes ça coute cher

       23/
J’ai les yeux qui piquent / qui pleurent  et je fatigue des yeux
           24/*
Allez vous allez bien trouver quelqu’un pour vous remplacer  quand vous partirez en retraite... 

        25/
J’ai eu besoin d'aller vous voir mais vous étiez pas là


Quelques précisions :
-Case 1-2-3-4 : très fréquent
-Case 5 : ce genre de danger public est fréquent en milieu rural le pire que j'ai vu avait une cataracte +++ et 1/10
-case 6 assez fréquent :sur un nouveau patient ce genre d'oubli double le temps de la consultation.
-Case 7 oui on le sait le champ visuel c'est chiant !
-case 8 pourrait compter double tellement ça agace  (proposé par JB Rottier) 
-Case 9 usant fréquent compter temps double pour les négociations
-Case 10 rare donne des envies de changer de métier ou de devenir un médecin maltraitant 
-Case 11 pffff! 
-case 12 et les gens de la salle d'attente prêts à me lyncher pour mon heure de retard je leur dis quoi ?
-
- la case 24 est couplée avec la case n° 8
-Pour que la case 25 soit validée il faut une lueur de reproche dans l'oeil de votre interlocuteur-


dimanche 15 juin 2014

partir ?

La semaine a été dense même si je n'étais pas très présent à mon cabinet.
Il se trouve que même quand je suis hors de mon cabinet, j'y travaille autant, par exemple, il y a longtemps que j'ai renoncé à traverser ma ville à pied.
La Table se remplit et ne se vide plus : le courrier est en retard et je ne cherche plus à y mettre bon ordre, les chèques attendent d'aller chez le banquier, seules les factures sont immédiatement honorées.
Parti vers d'autres aventures, j'ai découvert le point final de mon ami Genou des Alpages et je n'ai pu le lire tranquillement que quelques heures après.
Ce post, outre la tristesse de voir s'éloigner un ami, ouvre chez moi une blessure que j'imaginais maitrisée.
Depuis longtemps, j'attendais que quelqu'un écrive ce type de billet qui fait bien mal partout.
Je le vois comme un constat d'échec et comme un écho à mon propre échec et à ma motivation en chute libre.

"On peut certes, se dire que l'on est dans la m...au même titre que la plupart des français qui peinent à boucler leur budget, mais lorsque le manque de moyens commence à peser sur la qualité des soins produite, lorsque, quelles que soient les hypothèses de développement du système sanitaire, l'avenir parait sans issue, le sentiment intime de faillite personnelle est difficile à éviter. On doit se rendre à l'évidence : Cette pratique de la médecine générale telle que j'ai cru pouvoir la développer, est vouée à l'échec dans les conditions actuelles.
Ou plus exactement et plus honnêtement : moi-même, je n'y suis pas arrivé. Ce qui ne signifie peut-être pas que d'autres n'y arriveront pas...

Plus encore que l'indigence du niveau des honoraires médicaux et les difficultés financières afférentes, les insultes, le mépris, la haine que les décideurs, les caisses, la presse, les administrations développent à l'égard du médecin libéral que je suis ont fini par saper ma motivation(...)
Peut-être est-il préférable de ne plus chercher à faire valoir un modèle que le pays ne souhaite pas, même si l'on est persuadé de sa validité. On n'a pas raison contre la majorité"

Je lis et relis Genou et je m'en veux de n'avoir pas eu le même courage de déplaquer, de partir en ville, ou de passer les examens pour devenir PH temps plein.
Genou me montre que je vais vivre les prochaines années enchainé à ma lampe à fente, sous les reproches de mes patients et de mes confrères à la moindre absence, même si c'est pour un congrès. 
Le : "vous étiez en vacances ?"  avec un faux sourire complice, me fait voir rouge).
 Mon emploi du temps est probablement  plus léger que celui d'un MG ; nul  médecin n'est indispensable et un ophtalmo sans doute encore moins (puisqu'il n'intervient qu'exceptionnellement  sur des urgences vitales), mais, tant qu'il me restera 2 yeux pour examiner mes patients,  deux mains pour manipuler les verres (et aussi un morceau de cerveau), il se trouvera toujours quelqu'un pour me reprocher de ne pas être dans mon cabinet à consulter. 
Je me trouve face à ce paradoxe effroyable d'être toujours aussi fou amoureux de mon métier, d'être insatiable quant aux enseignements, et de partir chaque jour au travail en trainant les pieds (vers ma voiture, puisque la marche à pied est exclue).
Récemment, j'ai failli virer tous les patients de ma salle d'attente parce qu'un diabétique avait osé me demander poliment  de lui appliquer le tiers payant me citant en exemple  son vertueux MG et son cardiologue. Il n'avait pas de problèmes d'argent, il a d'ailleurs refusé  ma proposition d'encaissement différé des 40€ sans dépassement de la consultation, juste "il y avait droit".
Je me suis dit que si j'avais pu demander 60 ou 80€ pour cette consultation il n'aurait jamais osé ...
Je sais me maitriser mais j'avoue avoir eu ce flash : je les virais tous sans pitié à coups de pied aux fesses et sans explications.
DEHORS ! CASSEZ VOUS !

J'envoie la #BaguetteNantis machinalement tous les jours : ça ne sert pas à grand chose, j'en suis bien conscient, malgré les amis qui la diffusent fidèlement à ma suite sur les réseaux sociaux.
 L'UFML est un espoir, le seul à mon avis, mais nous sommes encore si peu nombreux, si individualistes, si divisés.
A titre personnel, je me suis bien sûr posé la question du burn out : je l'ai évacué d'un revers de main, je suis peut être un nanti, (à vous de juger) mais je n'ai pas les moyens de faire un burn out ... alors si vous le voulez bien, on oublie !...

Et puis j'ai regardé ces publications du SNOF qui concernent les avancées de la chirurgie de la cataracte, les retombées économiques de cette chirurgie et les honoraires des ophtalmos S1

 


et je pose deux questions :

1/ faut il que la cotation de la cataracte baisse pour que les chirurgiens prennent conscience que la stagnation de nos honoraires est une régression ?

2/ les ophtalmologistes S1 seraient pénalisés (sans blague !!!) ... dans ces conditions, et vu que je suis une brèle en stats, est ce qu'on peut me dire  si les stats qui donnent des honoraires croissants pour les ophtalmologistes sont fausses ou est ce que les S2 " enrichissent" les stats ?  
Je me sens vieux et fatigué ...quand je serai vraiment vieux et malade, j'aurai droit à une médecine qui ressemblera à ça  :
Oui Genou tu as raison de sauver ta peau et celle de ta famille, méprise ceux qui te traiteront de lâche, ou qui parleront d'abandon. C'est l'inverse : nous avons été abandonnés  lâchés par ceux qui auraient du nous défendre, méprisés par les ministres  voire par nos confrères heureux de leur sort,  et insultés par les journalistes et bientôt par nos patients .  
J'enrage d'être incapable ou trop vieux pour faire pareil.
Je te souhaite une longue et belle route, l'ami.
Pour finir sur une note plus gaie, et pour vous rassurer sur mon état mental, outre un entourage familial (et amical) harmonieux, il y a  
cette petite chose sans nom qui vient partager le territoire de Zigmund-chat et vadrouille joyeusement sur mon clavier.





dimanche 8 juin 2014

l'ultime gâteau au chocolat

Non,  ce post ne sera  pas une simple recette ; d'ailleurs en l'écrivant, je ne sais pas s'il est bon que je livre la recette en question. 
Ma était gourmande. Une des façons d'exprimer son amour était d'offrir les gâteaux qu'elle confectionnait.