samedi 8 avril 2017

L'auberge londonnienne







La première image du pays est cette barrière à la sortie du tunnel faisant écho  au double mur de barbelés qui protège le côté français.

Après avoir posé mes bagages, je suis parti pour repérer les lieux, afin de ne pas être en retard à mon rendez vous du lendemain.


Aujourd'hui, "grand jour", je suis assis presque au centre de ce carrefour embouteillé. C'est là que j'ai choisi de prendre mon café du matin, et je suis arrivé avec une bonne heure d'avance. Je n'aurais pas pu choisir plus moche, plus triste que ce bistrot à la croisée des chemins. Mais l'arabica et le croissant sont bons et j'ai une vue imprenable sur l'immeuble où se décidera une partie de mon avenir.

Face à moi le chemin parcouru : la gare et mon hôtel miteux et sympa, et derrière moi, trois voies qui mènent vers la partie de la ville que j'explorerai peut être un jour.
Je n'avais pas les moyens pour un hôtel "normal", j'ai même failli opter pour une place dans un dortoir 20 lits d'une auberge de jeunesse. Et finalement j'ai choisi "la voie du milieu" : une chambre triste et vieillotte dans un hôtel tenu par des indiens : le patron a une mine patibulaire, l'employé, malingre, homme à tout faire me traite comme un roi et insiste pour monter ma valise dans l'escalier étroit.

La chambre donne sur un petit jardin un peu destroy, je n'imaginais pas qu'il  restait encore des  matelas avec des ressorts qui grincent ;  le lavabo a la taille d'une tasse de thé, la clé de la chambre n'est pas rassurante (clé basique type porte de placard) la télé est HS  et  j'ai du me connecter en douce au WiFi de l'hôtel voisin...

 
Mais finalement je me plais bien ici : le quartier n'est pas glauque, la gare et la british librairy sont juste à côté. Vivre à deux pas d'une bibliothèque, superbe de surcroît,dans une grande ville suffirait à mon bonheur...(je ne voudrais pas abuser  mais les livres sont en anglais ... bon ok je vais m'y faire). 
 

 

J'aime l'atmosphère de la ville,  cet air de liberté, ce calme relatif, étonnant pour une capitale.  
Je regarde ces britanniques si différents de nous, il y a tous les stéréotypes,  de la punkette aux cheveux mauves et couverte de piercings, au gentleman classe et hautain et toutes les nuances intermédiaires.
Je tends l'oreille pour écouter les conversations de mes voisins, non par curiosité malsaine, mais pour améliorer mon Anglais.
Comment puis je imaginer m'exiler dans un pays où je ne comprends que 10% des conversations ? Pour remonter à un niveau d'anglais acceptable il me faudrait passer ici un bon mois en immersion.
Sans la loi santé je serais ici en simple touriste ; cette nuit, j'ai rêvé que mst,  entourée de quatre cerbères, faisait une conférence dans un amphi rempli de médecins ; tous mes confrères se taisaient, presque tous se montraient prêts à rentrer dans le rang ; avant de quitter la salle qui se vidait, j'ai crié "dégage !" vers mst en levant le poing, les gardes du corps de la sinistre m'ont jeté un regard mauvais avant de pousser leur protégée vers la sortie. 
J'ai passé 24 heures à flipper pour les originaux de mes diplômes que je dois montrer. Toute ma vie est  dans ce rouleau qui contient les parchemins. Pour un peu, je l'aurais scotché sur ma poitrine.
C'est l'heure de mon rendez vous... je traverse le carrefour...
    

 

10 commentaires:

  1. depuis le début, je ne comprends pas bien ce choix pour un pays dont tu ne maîtrises pas la langue (et où - pour ce que j'en sais - les soins de santé fonctionnent depuis longtemps à deux vitesses, si pas plus ;-))
    mais bien sûr ça ne me regarde pas et apparemment ça te rend heureux, cette perspective de nouvelle vie, c'est ce qui compte :-)

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    1. il m'est difficile de te répondre ici et même si je mène le projet à son terme.(non que ça ne te regarde pas mais ça écorcherait mon anonymat et plein de choses ) disons que suite à la loi santé beaucoup de médecins français sont tentés par l'expatriation totale ou partielle dans des structures privées en Suisse ou en Grande Bretagne Pour l'Anglais je m'estime limite mais c'est sûr qu'une conversation entre 2 Anglais à la vitesse "normale" c'est là que je ne maitrise que 10% . L'aspect administratif de la chose est par contre un vrai parcours du combattant à côté duquel la maitrise de la langue n'est qu'une douce rigolade. Pour l'instant pour moi le mur est purement administratif. bises amicales à toi

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  2. Ouh... le suspense est intenable;
    Quoi qu'il arrive, Bonne Chance!
    Kyra

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    1. il l'est pour moi aussi et dure depuis plus d'un an je m'accroche ... mais à certains moments je me sens très vieux et très nul

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  3. Roman,nouvelle, réalité, fiction? Je ne sais pas mais j'ai hâte de lire la suite!
    Bien amicalement

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    1. disons réalité légèrement déformée ... moi aussi j'attends la suite et ça fait plus d'un an de démarches administratives
      amicalement à toi

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  4. Mais comment seront traités les immigrants français à l'heure du Brexit ?...
    En tout cas c'est bien d'avoir un projet !
    J'ai hâte de connaitre la suite !
    Bizzzzz Zigmund

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  5. pour l'instant nous ne sommes pas mal traités mais l'administratif anglais est capable de surpasser l'administratif français et ça c'est super dur quant à la suite de l'histoire, honnêtement je ne l'ai pas je suis en stand by ... bises M2K et Mr

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  6. Réponses
    1. qd j'ai publié ce post j'avais déjà la réponse enfin si on peut appeler ça une réponse : pour l'instant c'est un ni oui ni non j'ai eu l'impression qu'ils avaient ajouté une nouvelle barrière ou qu'ils testaient ma zénitude (mais ça ils n'avaient aucune chance contre moi, malgré ma déception de ce voyage presque pour rien je suis resté calme et souriant ) Sur le moment je me suis senti très vieux et très nul puis j'ai décidé que j'allais m'accrocher et aller jusqu'au bout .bref je dois y retourner dans quelques mois.

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