vendredi 27 avril 2018

Noces de perle






Je ne me souviens pas du jour exact de ma rencontre avec Gabrielle.

Elle habitait avec sa fille, à l'autre bout de l'hexagone. Pour se consoler d'un divorce compliqué, elle venait passer quelques jours chez sa soeur, ma voisine. De mon côté, je commençais à remonter la pente après une séparation quasi muette avec la mère de mes garçons.
Il y eut quelques sorties communes avec nos enfants, le zoo, le jardin, la plage...Le soir nous parlions un peu de nos déboires respectifs avec nos ex, nous nous faisions des soirées télé ou cinéma science fiction.
Souvent nous jouions aux cartes et Gabrielle qui trichait sans scrupules, gagnait à tous les coups.
Ce n'était pas un coup de foudre, nous étions très différents, nous étions simplement amis.
C'était le mois de mai 88 : je lui ai donné rendez vous au congrès de la Société Française d'Ophtalmologie.
Après avoir donné procuration pour les élections présidentielles à un ami, j'avais rejoint King Arthur qui acceptait de m'emmener en voiture à la SFO. Nous parlions politique mais moi, je pensais bien plus à Gabrielle qu'à la réélection de Tonton.
Je m'angoissais d'avoir donné un RDV en plein palais des congrès dans un endroit peu accessible au public (à une époque sans portable...).
La chance a voulu que nous nous trouvions immédiatement dans la foule compacte des congressistes dès mon arrivée en haut de l'escalator. J'ai immédiatement quitté le congrès et nous sommes partis visiter Paris en (pas encore) amoureux...
Les amis qui nous hébergeaient à Belleville sont rentrés tard dans la nuit en hurlant "on a gagné !". Mon seul micro regret fut mon absence à la réception du congrès, j'aurais aimé voir la mine dépitée de mes confrères à la proclamation des résultats.
Au petit matin, avant l'ouverture du métro, nous avons marché dans Paris vers la gare du nord, en enjambant les canettes et les papiers témoins de la fiesta et en évitant les bagarres entre les derniers noceurs. Les jours suivants, je suis retourné faire acte de présence au congrès, mais je rêvassais en attendant de revoir Gabrielle.
Nous avons passé une partie des vacances ensemble, puis est venu l'automne... et une séparation d'un commun accord.
Pendant quelques années, nous nous sommes revus,de temps à autre, comme des amis, j'avais retrouvé ma liberté de quasi célibataire, avec un peu de nostalgie...
Trois ans plus tard, Gabrielle est venue soutenir sa mère lors d'une intervention chirurgicale, j'ai proposé à Gabrielle la chambre d'amis...
C'est à ce moment qu'elle a choisi de rester avec moi.
Ensemble nous avons élevé nos enfants, géré leur adolescence, puis nous les avons vus quitter le nid. Comme tous les couples, nous avons partagé quelques épreuves, avons assumé nos divergences et affronté quelques tempêtes.
Ces trente années sont passées tellement vite...
C'est au moment du congrès de la SFO que nous fêtons "notre" anniversaire.On ne peut pas parler vraiment de "noces de perle" : nous avons pour habitude de dire "ça fait trente ans qu'on n'est pas mariés" ; trente ans que nous cheminons ensemble dans cette "amitié transformée", sereine et heureuse.






8 commentaires:

  1. toutes mes félicitations et tous mes voeux, c'est une belle histoire :-)

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  2. Paris fut pendant quelques années notre point de rendez vous. Chaque année au moment de faire ma valise pour partir au congrès je revois ces instants. depuis que nous vivons ensemble le voyage à Paris pour la SFO est un peu notre cadeau de non mariage (avec quand même un peu de tourisme en dehors du congrès) Merci Adrienne

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  3. Encore trente, c'est ce que je vous souhaite à tous les deux.
    Bises

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  4. merci Berthoise :-) la même chose pour vous deux et en bonne santé aussi Bises

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  5. C'est une bien belle histoire.

    Je n'ai jamais cru aux coup de foudre.

    Ton histoire me rappelle, un peu, la mienne. Je suis, aussi, divorcé et il y a une de tes phrase qui m'a fait revivre mon passé : "Nous parlions politique mais moi, je pensais bien plus à Gabrielle qu'à la réélection de Tonton.".

    Et si c'était cela l'amour.

    Joli clin d’œil à la chanson de Brassen.

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  6. chacun de notre côté nous avons dénigré l'institution du mariage et de plus nous avions déjà donné. je suis d'accord avec toi le coup de foudre est une denrée rare et on n'est pas sûr qu'il résiste au temps et au quotidien

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