vendredi 11 septembre 2009

dissection d'un choeur

--Depuis quelques années un groupe mélant adultes et ados se réunissait le vendredi soir pour chanter. Le répertoire était sans prétention, mais parfois assez difficile.
 A la fin de l'année nous présentions notre travail sous forme d'une comédie musicale, dans la salle communale pleine à craquer, indulgente et conquise d'avance.
Quel  plaisir d'être ensemble, de se retrouver chacun dans "sa voix", de tatasser traitreusement avec ses voisins, sous les regards courroucés de Louisa, notre chef de choeur.
Elle avait fort à faire avec nous ; notre humour potache et nos blagues arrivaient souvent à la dérider, mais, quand elle nous accompagnait dans nos fous rires, le travail stagnait...et dès qu'elle prenait conscience du temps perdu, elle piquait une colère, ou décrétait une pause (cigarette).
Nous avions la flemme d'apprendre nos paroles, chaque fois qu'elle essayait de se renseigner là dessus nous prenions des airs dignes et offensés"comment, tu n'as pas confiance en nous ? Elle n'avait pas confiance et elle avait raison : au  deuxième rang circulaient des "grattes" parfois accrochées dans le dos des choristes du premier rang.
Quand il s'est agi d'étudier West side story, quelques uns d'entre nous ont perfidement  voté pour la VO, non pas pour apprendre des paroles en anglais(ce dont nous étions presque tous incapables) mais parce que nous savions que Louisa maitrisait si mal l'anglais qu'on pourrait lui faire avaler n'importe quoi ! Elle s'est douté de notre fourberie, et Lise a réalisé une excellente traduction  en plus de la mise en scène  de tous les spectacles.
Pendant ces années, nous avons eu  trois pianistes, attachants et drôles.
Notre répertoire ?
-musique créole
-les chansons du film les choristes(adaptation pour la commémoration de la libération des camps de concentration)
-un deux trois soleil sur des chansons de Brel et Fugain . cette pièce qui  évoquait entre autres la maladie et la mort, nous l'avons dédiée à l'une d'entre nous, emportée par le crabe.  
-une comédie dans le style Brodway ; j'ai réellement détesté cette musique, mais étudier une partition difficile qu'on aime pas est une expérience interessante.
-enfin notre version de West Side Story(rebaptisée Manhattan) travail intense sur deux ans. J'avais un petit rôle, j'étais le bras droit de Bernardo , qui oscillait entre son travail de pianiste et son rôle de chef de bande. (fort peu baraqué pour un chef de bande).
Nous avons travaillé avec des danseurs  et danseuses d'une école proche et ce fut une collaboration agréable.Deux représentations dans une grande salle et puis c'était fini.
Le rideau est tombé pour toujours sur notre groupe qui semblait si uni. 
Une dernière soirée où les ados nous ont chanté un au revoir avant de s'envoler  vers des horizons lointains pour leurs études. Restaient les adultes, en nombre insuffisant, mais sans  la pêche,...l'orage grondait,certains l'ont vu venir, et  peu après cette "dernière"  soirée arrosée, un des couples  adultes s'est brisé avec dommages collatéraux.
J'ignore si je retournerai chanter cette année,avec un groupe différent, il me reste la nostalgie de tous les bons moments passés avec eux.--------------

dimanche 6 septembre 2009

l'enfant et le rhinocéros


 cet article était destiné aux défis du samedi en même temps que la machine à faire les lunettes, en réponse à la consigne#71 
A vous chers amis défiants de raconter sous la forme qu'il vous plaira
ce que vous avez vu et ce que l'autre a vu


La petite fille en rose ne voit pas le photographe, parce qu’ elle  regarde le rhinocéros. Le photographe, collectionneur de rhinocéros, a d’abord repéré la statuette, seul objet intéressant de cette boutique pour touristes. La petite fille ne verra peut être jamais de vrai rhinocéros ; même dans les zoos c’est devenu tellement  rare…comme l’ivoire interdit dont est  peut être fait l’animal se dit le photographe…
Et la petite fille est trop jeune pour savoir les soit disant  vertus aphrodisiaques  que la médecine traditionnelle de son pays attribue à la corne de la bête en voie d’extinction
Avenir de la  Chine versus mémoire de l’Afrique …et un occidental un peu mal à l’aise qui cherche sa place et s’éclipse comme un voleur après avoir pris la photo.
z

oculistiques 11 : la machine à faire les lunettes


petit préambule
cet article était destiné aux défis du samedi en même temps que l'enfant et le rhinocéros, en réponse à la consigne#71
A vous chers amis défiants de raconter sous la forme qu'il vous plaira
ce que vous avez vu et ce que l'autre a vu !

Çà s’appelle un ARK (réfracto kératomètre automatique) et çà  ressemble à  un jeu vidéo. D’un côté s’installe le patient,  de l’autre côté le manipulateur.( moi  en l'occurrence) 

Le patient voit un dessin :  souvent  il s’agit d’une montgolfière rouge  s’élevant dans un ciel bleu  au bout d’une route. (il est arrivé qu’une femme très pieuse y voit « la bonne dame », mais ceci est une autre histoire…)
De mon côté, sur l’écran bleu puis gris, je  ne vois que l’œil du patient,  très agrandi ; à l’aide d’un joystick,  je centre, comme si je visais, un  faisceau lumineux sur la pupille(*) tout en exhortant le patient à ne pas remuer sans arrêt…
Tout  çà vous a un petit côté magique, voire  « guerre des étoiles »  pas désagréable.
 Membre inconscient du trio, la machine, elle, ne voit rien mais déduit miraculeusement (**) la réfraction du patient c'est-à-dire de quelles lunettes il pourrait avoir besoin et me délivre un ticket de caisse avec plein de chiffres en sous entendant : «voilà, j’ai fait mon boulot, maintenant débrouille toi, mon grand ! ».  
Jeune étudiant, j’ai   détesté l’idée même de cet appareil nouveau venu,  sensé me remplacer voire me mettre au chômage  ... Puis je l’ai apprivoisé, j’ai appris à repérer ses erreurs et ses limites,  et je le vois  aujourd’hui  comme  un compagnon ludique bien utile pour déterminer les lunettes des jeunes  enfants, et de toutes sortes de gens qui ont du mal à choisir entre deux verres de lunettes.
Une fois que les fabriquants de ces appareils ont  casé  à prix d’or leurs machines à tous les ophtalmos de ce pays, ils se sont tournés vers les opticiens avec un autre argument tout simple *** : cet appareil  vous permettra de booster vos ventes de lunettes.
 Les dernières machines sorties vous font comparer vos (vieilles) lunettes(ringardes****) à celles(belles et neuves) que l’opticien pourrait vous faire (contre un joli chèque)… l’opticien comme le vendeur  ne voient que chiffres  en $ et € derrière cette machine qui est devenue, malgré elle, un casus belli.
La façon de regarder ce jouet,  c’est ce qui différencie (ou devrait différencier) le médecin du marchand.

*parfois pupille fait de la résistance
** inutile de me demander comment çà fonctionne, je n’en ai qu’une vague idée .
*** écrit noir sur blanc dans une parution récente
****sélection du ringard digeste (croyez bien que j’ai honte d’avoir osé !)


PS  en relisant ce vieux post  je regrette un peu les sous entendus peu sympathiques pour les opticiens. Il a été écrit à une époque où l'un des opticiens proches de mon cabinet m'agaçait par ses reproches incessants (parce que je ne faisais pas assez de lunettes ) je vais donc faire un rectificatif :  les opticiens sont comme les ophtalmos  certains ne pensent effectivement qu'à leur chiffre d'affaires  en priorité et d'autres majoritaires (je l'espère tout du moins)  mettent en avant l'amour de leur métier tout en essayant d'en vivre honnêtement . Il y a partout des moutons noirs et des chevaliers blancs et rares sont ceux qui sont ou l'un ou l'autre.