jeudi 19 décembre 2013

tentatives de zénitude

J'avais imaginé que la gestion de la maladie de Ma serait  au premier plan...Je me suis partiellement  trompé.
Ma va un peu mieux c'est vrai, elle est sortie des aquariums pour une chambre normale.
Si je ne suis pas seul à voir et entendre la dyspnée*, je suis seul à en imaginer le lien direct avec l'insuffisance cardiaque dont je mesure la difficulté de traitement.**
Lorsque je suis arrivé, après m'être perdu  dans ma propre ville de fac et avoir subi les embouteillages, j'ai à peine réussi à parler, tant on m'a assailli de questions suivies d'affirmations diverses.
Ma serait bientôt sortante, cette nouvelle non confirmée a compliqué les choses car d'un point de vue médical Ma n'est absolument pas en état de rentrer à la maison ou alors en hospitalisation à domicile, ou alors en prévoyant un retour aux urgences dans les jours qui viennent. Si l'info de sa sortie possible est vraie, ça  signifie que mobiliser un lit de service de cardio 4 jours après un OAP chez une personne âgée, serait abusif et non rentable dans une structure privée.(dans uns structure publique je suppose qu'on aurait choisi la solution gériatrie.)
Donc en dehors du problème purement médical, il va falloir gérer les suites, les aides et ça c'est difficile  quand on a un papa âgé mais assez en forme, autoritaire,têtu,  paniqué (mais qui se ferait couper en morceaux plutôt que de lâcher prise) refusant à priori toute aide puis la réclamant quand même tout en disant "non" à chacun de mes débuts de phrase.
 Je laisse les éclats de voix à mon frère, les miens -si j'en étais capable autrement que par écrit- seraient inefficaces.
La vie à la maison en est l'illustration : Pa a du mal à intégrer qu'à 60 balais, je suis un grand garçon, que je vois et conduis mieux que lui la nuit dans la ville (je n'ai pas avoué que je me suis perdu hier pour ne pas aggraver mon cas), qu'en tant que toubib (même si mes études de médecine remontent à 35 ans ***) je maîtrise parfaitement la marche à suivre pour des négociations calmes et apaisées avec les soignants pour les suites ou les renseignements médicaux (déjà, je laisse parler mes interlocuteurs sans les interrompre, ce qui en général est un bon début dans une négociation****) 
Donc, malgré quelques divergences d'opinions (***** ) je savoure pleinement  ce tête à tête avec mon papa que j'ai pour moi tout seul. Je veux espérer que ce tête à tête lui fait du bien et le rassure. 
Cette vidéo pour remercier  tous ceux qui ont laissé des messages de soutien ici et sur twitter.-------



* c'est à dessein que j'utilise le terme médical et que la police de caractères est ici diminuée.
** entre 5 et 12 cp à dispatcher à chaque repas je crois. 

**** au risque de rester silencieux, je n'interromps jamais un interlocuteur ; ou alors je ne discute pas du tout : les exemples du moment sont retranchés au ministère de la santé ou dans les syndicats médicaux signataires de l'avenant 8
***** je refuse de dormir volets fermés sinon j'étouffe, 
je hais le micro ondes,
 j'aurais voulu emmener Pa au resto, ou voir les illuminations de la ville, ou faire les courses  pour qu'il se change les idées,
 j'aurais voulu l'aider à gérer sa messagerie mail qui l'angoisse par son trop plein de power points jolis drôles, et combien chronophages qu'il a plaisir à me transférer quand tout va bien.
il y a peut être un programme un peu plus enthousiasmant que "l'instit" à la télé pour un cinéphile  comme lui...
et j'oubliais  déconnecter la life box pendant que je suis en pleine partie de go sur internet j'ai pas aimé ...
     


mardi 17 décembre 2013

retour en apnée

Voilà
Ma Zigmund est de nouveau hospitalisée dans un état grave.
Pendant quelques jours, je vais laisser tomber la lutte ...
Que valent les conneries de nos dirigeants  sociaux traitres face à la santé de ma maman ?

la fronde contre les professionnels de santé ou l'implosion de notre système de santé


le post qui suit n'est pas de moi ; j'ai beaucoup de points de désaccord avec son auteur, néanmoins il sera distribué dans ma salle d'attente.
il est la reproduction  d'un article de Frédéric Bizard / Publié sur Le Cercle Les Echos (http://lecercle.lesechos.fr) 
Economiste de la santé, enseignant à Sciences Po Paris, Frédéric Bizard est un expert reconnu du secteur de la santé. Auteur de nombreuses publications et deux livres sur le système de santé: - "Complémentaires santé: le scandale", Editions Dunod, Octobre 2013 -

La fronde contre les professionnels de santé ou l’implosion de notre système de santé ! 
Comme pour les enseignants qu’on a réduit à de simples exécutants dans un système hyper dirigiste, bureaucratique et déresponsabilisant, le microcosme s’est donné comme objectif de mettre au pas ceux qui conservent encore de la liberté dans leur exercice, les professionnels de santé libéraux. 
Deux mois après sa prise de fonction, la ministre de la Santé annonçait en Conseil des ministres qu’il était de temps "de mettre en place un système de sanctions directes et rapides" contre les tarifs abusifs des médecins libéraux. Mi-novembre 2013, l’attaque a été dirigée contre les dentistes que l’on a accusés en boucle "de dérives tarifaires inacceptables" et ce mois-ci l’estocade est portée contre les opticiens. Régulièrement, la grande distribution montre du doigt le monopole des pharmaciens, dénoncé déjà dans le rapport Attali qui les rendait responsables des prix élevés des médicaments. Les kinésithérapeutes, infirmières et autres professionnels de santé n’ont qu’à bien se tenir, leur tour viendra. 
Tout se passe comme si nous avions identifié les responsables de tous les maux de notre système de santé, les professionnels de santé, en particulier les libéraux. Ceux qui osent allier entrepreneuriat, indépendance professionnelle avec la délivrance de soins et de produits de santé. Ceux qui plutôt qu’être salariés de la fonction publique ou d’institutions mutualistes se permettent de percevoir depuis 1928 des honoraires directement de leurs patients pour les soigner, les soulager et souvent sauver leurs vies. 
Ceux qui, médecins généralistes et spécialistes, certes ont la rémunération la plus faible des pays comparables de l’OCDE, mais se permettent d’avoir un modèle économique basé sur le profit dont ils tirent leur rémunération et les ressources pour investir dans leurs cabinets médicaux. Tous ceux-là sont condamnables et ne sont plus les bienvenus dans un nouveau système que le milieu politico-technocratique veut mettre en place.  
Comme pour les enseignants qu’on a réduits à de simples exécutants dans un système hyper dirigiste, bureaucratique et déresponsabilisant, le microcosme s’est donné comme objectif de mettre au pas ceux qui conservent encore de la liberté dans leur exercice, les professionnels de santé libéraux. Pour les premiers, leur sort est joué depuis longtemps, on a enlevé tout le lustre et la noblesse de la profession d’enseignant, les résultats (classement PISA) nous en apportent le prix payé. 
Pour les seconds, cela prend plus de temps du fait de leur indépendance économique. On maintient le tarif des actes médicaux en dessous du coût de la pratique, on prend le contrôle des flux financiers avec le tiers payant et on amplifie toujours plus les contraintes et obligations administratives. En bref, on les met sur le gril en asséchant leurs ressources financières dans l’attente qu’une majorité se décourage et disparaisse. Nous sommes en bonne voie, leur taux de suicide est deux fois plus élevé que la population générale, moins de dix pour cent des jeunes médecins veulent s’installer à leur compte, deux pharmacies par jour font faillite… 
Notre système de santé s’est construit au XXe siècle autour de trois valeurs : la liberté, la responsabilité et la solidarité qui en ont fait un système unique, reconnu comme le meilleur au monde au siècle passé. Ces valeurs se sont déclinées sous la forme d’une sécurité sociale qui assure la solidarité entre les bien-portants et les malades, des professionnels de santé libérale en ville pleinement responsables de leurs actes et de la gestion de leurs outils de travail, qui garantissent l’accès pour tous à des soins de proximité de qualité, et une offre concurrente publique et privée à l’hôpital garante de la recherche de l’équité et de la qualité. 
Au cœur de ce système se trouve l’usager libre de consulter et de mettre en concurrence sans limites et sans barrière financière une des meilleures excellences cliniques au monde à proximité de chez lui. C’est ce pari impossible qu’a réussi la France du XXe siècle et qui a implosé ces vingt dernières années du fait de l’inaction, de l’irresponsabilité et de l’impuissance de nos politiques. Pour la plupart obnubilés par leurs petits intérêts politiciens et leurs carrières dans le milieu, ce sont incontestablement eux les premiers responsables de la déliquescence d’un système qu’il faut adapter aux enjeux économiques, sociaux et technologiques du XXIe siècle. 
À qui profite le crime ? À tous ceux qui ont la puissance financière de faire entendre leurs intérêts. En premier lieu, aux financeurs privés du système (mutuelles, assureurs, instituts de prévoyance) à qui le gouvernement Ayrault aura en moins de 18 mois accordé de conserver l’opacité des frais de gestion (mutuelles), de plafonner le remboursement des actes médicaux, d’augmenter les subventions publiques pour souscrire les contrats d’assurance et bientôt va leur offrir la régulation des tarifs par les réseaux de soins. Le président de la République leur a même promis la complémentaire pour tous les Français. 
Comment expliquer que la France ait la couverture assurantielle privée le plus étendue de l’OCDE (96 % de la population), le paiement direct par les ménages le plus faible au monde (9 % des dépenses) et le taux de renoncement en dentaire et en optique le plus élevé d’Europe, après la Pologne ? Si la mutualisation assurantielle poussée à l’extrême dans notre pays (alors que 50 % de la population a un reste à charge après remboursement de la sécurité sociale inférieur à 250 euros) était efficace et équitable, nous n’aurions pas de tel niveau de renoncement. Il fallait donc bien que ces organismes complémentaires lancent une offensive massive de diversion pour masquer leur inefficacité et l’inégalité d’accès à certains soins dont ils sont pleinement responsables. 
Ils dépensent massivement en campagne de communication, afin de rendre le plus dociles possible les médias, surtout ceux en difficultés financières. Ils s’allient avec une revue de consommateurs et un collectif de patients (qui déshonorent au passage tous les bénévoles de terrain qui font un travail fantastique) pour créer un observatoire "citoyen" sur les tarifs des professionnels de santé. Tout ceci permet de fabriquer des données biaisées pour la cause ; le montage est prêt pour ensuite jeter à la vindicte populaire nos professionnels de santé, transformés en boucs émissaires. Et ceci avec votre argent, chers assurés ! On assiste ainsi à une véritable manipulation des foules et à la mainmise des groupes de pression financiers puissants qui profitent de la faiblesse du politique. 
L’État agit comme s’il faisait faire le travail de délabrement du système de santé par d’autres, pour ensuite ramasser les morceaux et installer en catimini un système étatisé, fonctionnarisé pour tous et libéral seulement pour certains, les plus aisés (à l’anglaise). Les conservateurs étatistes, de tous bords, sont aidés dans cette entreprise par les ultralibéraux qui encouragent la fin de la sécurité sociale universelle, au nom de la liberté individuelle. Ces derniers ignorent la dimension politique et le rôle symbolique majeur d’union nationale que la sécurité sociale représente d’une part et le fait qu’il n’y a pas de véritable liberté pour tous sans responsabilité et solidarité envers les plus défavorisés d’autre part. 
 Notre système de santé est en pleine implosion ; on dynamite ses fondamentaux et ses atouts pour légitimer l’installation d’un nouveau système que les Français n’ont pas choisi et qu’on veut leur imposer comme une fatalité. Voltaire écrivait en 1749 : "le génie français est perdu; il veut devenir anglais, hollandais et allemand. Nous sommes des singes qui avons renoncé à nos jolies gambades, pour imiter mal les bœufs et les ours". Il reste à espérer que le retour du génie français en matière de santé ne nécessitera pas un nouveau 1789 !