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jeudi 23 septembre 2010

les beaux labos

 "De mon temps ", les laboratoires pharmaceutiques s'invitaient très tôt dans la vie d'un étudiant en médecine.  Je me souviens  combien il était doux d'écouter le bla bla bien huilé  des visiteurs. De plus, ils "savaient vivre", nous donnaient du "Docteur " dès la quatrième année, en insistant lourdement sur la majuscule, et  ils avaient les bras chargés de cadeaux.

   A cette époque, j'avais basculé du côté "rouge" de la médecine et commencé à les fuir comme la peste. Affirmer ce refus de recevoir les labos était perçu comme un acte révolutionnaire déplacé voire malsain. On se retrouvait isolé ou montré du doigt.
  Je me suis aperçu que les choses avaient évolué le  jour où un professeur a osé dire en cours : "nous médecins, patrons, avons reçu beaucoup d'argent pour dire que ces médicaments sont efficaces, aujourd'hui, je vous le dis : il n'en est rien !" (molécules effectivement inefficaces et aujourd'hui disparues)
  Quand j'ai démarré les études d'ophtalmologie, j'ai su que je ne tiendrais pas longtemps loin des labos. Toutes les questions du concours, les documents importants étaient édités et offerts par eux. (Il y avait bien des  livres-chers- intéressants mais moins bien construits pour passer un concours) .
  Donc, j'ai posé un mouchoir sur mes convictions et j'ai accepté de nouveau de recevoir les visiteurs. Ils étaient  peu nombreux en ophtalmologie, et beaucoup sont  rapidement devenus des amis. J’ai, comme tous, bénéficié de quelques unes de leurs largesses : je me souviens des visites à Clermont Ferrand dans une bibliothèque superbe pour préparer ma thèse, d'un  voyage à Séville, d'un autre à Copenhague(où je fus plus studieux que touriste).
   Le temps a passé, et la sécu a mis son nez dans les présents que ces rois mages déposaient à nos pieds dans l’espoir de nombreuses prescriptions. Peu à peu fut décrétée l’interdiction de tout cadeau et le moindre stylo ou bloc note devint très réglementé, les échantillons de médicaments* furent limités à dix par an.
    On  a  basculé dans l’excès inverse. J'ai plusieurs fois déploré la fin de ma collection de stylos marrants dont le stylo vi*gra et son ouverture suggestive était le fleuron ...
   Loin de moi l'idée de discréditer les laboratoires ou ma profession, ou de jouer les "chevaliers blancs"...J'ai  juste l'impression d'avoir les mains et le stylo plus libres depuis cette réglementation "anti cadeaux".
      
*je regrette néanmoins certains  cadeaux et  échantillons de médicaments qui trouvaient  un usage ponctuel humanitaire.

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