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samedi 11 août 2012

les fesses à l'air ...et le reste

Dans le sillage de divers billets dont les principaux sont :
Dignité : mes fesses ! de leyamk 
Et chez vous comment ça se passe ? de Farfadoc 
et Striptease 2 de Gélule
une pétition a été lancée qui a recueilli rapidement plus de 9000 signatures.
Les médias s'en sont emparé...
La Ministre de la santé a réagi, promettant de s'occuper du problème à la rentrée.
lisez aussi : de la rebellion face aux instances supérieures par Dr Couine.
C'est une grande avancée pour la dignité des patients que soit bannie cette infâme chemise ouverte dans le dos qui laisse voir les fesses ou le slip.
Quelques voix discordantes ou critiques se sont élevées :
-il serait plus facile de ranimer quelqu'un qui porte cette chemise
- En matière de santé, il y a des combats plus importants à mener.
Sur le premier argument, je ne perdrai pas de temps : quand on doit ranimer quelqu'un on ne se préoccupe pas de ses vêtements et en cas de grande urgence on les déchire ou on les coupe.(quite à se retrouver avec un procès aux fesses une fois le patient réanimé*)
Revenons sur le deuxième argument et posons quelques questions :
-Ce problème est il un "detail" dans le traitement et l'accueil du malade ?
-Comment se fait il que cette pétition ait eu un tel succès ?
-Pourquoi la ministre de la santé est elle si prompte à promettre d'intervenir ?
 J'ai signé cette pétition. 
Cette chemise est le reflet d'une instrumentalisation du patient à l'hôpital, infantilisation des patients âgés,affaiblis  ou des jeunes mamans...
 (je me souviens qu'à l'hôpital public, lors de la naissance de nos fils, on préparait d'office layette et berceau roses ou bleus suivant le sexe du bébé, sans se soucier de l'avis des parents)
(je me souviens du  classique "on va pendre sa douche" auquel à la place du malade j'aimerais répondre "on va l'avoir, mon poing dans la g...") 
Je n'ai jamais eu à porter ce type de chemise et je suppose que j'aurais accepté de la porter si je m'étais trouvé incapable de bouger au fond d'un lit, mais qu'on m'aurait entendu hurler dans tout le service si j'avais du sortir comme ça de ma chambre.
Un jour une ambulance a "déposé" une dame âgée avec perfusion dans ma salle d'attente vide (mais mon cabinet se trouve dans une rue passante) j'avais gueulé haut et fort et seule la fille de la dame avait compris ma colère. L'infirmière qui a reçu mon coup de fil de protestation s'est contentée d'un "ah bon ?! " (style Roseline B dans les guignols)."Ils" n'ont pas recommencé...
à lire ce billet +++ sur l'attitude des soignants face aux personnes âgées 


Je me souviens d'une amie avec un cancer stade terminal, qui pour affirmer son désir de lutter s'habilla tous les jours malgré son hospitalisation, comme pour sortir en ville jusqu'à ce que ses forces l'abandonnent.
 Bien sûr, que je me réjouis de l'ampleur du mouvement et du nombre important de signatures,  mais je ne puis m'empêcher de penser aux autres combats qui restent dans l'ombre :
Si ont été relayés haut et fort les "dépassements d'honoraires" des médecins secteur 2, nous n'avons pas beaucoup entendu les réponses et explications données par ces confrères.
On a montré du doigt quelques uns qui "abusent" (et encore personne ne met un flingue sur la tempe d'un malade pour qu'il aille voir un ponte à 500€ la CS) mais les réponses des médecins secteur 2 sont restées dans l'ombre, ou ont été peu relayées. Or (comme nous le répètons régulièrement) la valeur de la CS à 28€ inchangée depuis une dizaine d'années est un pur scandale. Aucun média, (ou peu de médias ) ne met en lumière l'augmentation de toutes les charges d'un cabinet en 10 ans(loyer- salaires- matériel) et quand on se scandalise de tarifs "abusifs" à 80 € la CS (qui sont 3 à 4 fois la valeur du C) on oublie de dire que les mutuelles prennent en charge ce "dépassement" et que la sécu bloque son remboursement à 23€ donc que ça ne lui coute rien(et même, ça lui rapporte puisque les médecins S2 payent beaucoup plus de charges sociales.) 
Si ont été relayés haut et fort les déserts médicaux, nous n'avons pas entendu parler des causes de ces déserts : numerus clausus inadéquat qui éloigne de nombreux étudiants, soit de la médecine, soit du pays ( Bruxelles ou  la ville de Cluj en Roumanie accueillent ces étudiants). Comment expliquer que le manque de médecins se fasse sentir dans des régions supposées "attrayantes", dans certaines  villes, grandes ou moyennes, dans le sud ouest où on racole les médecins pour une installation. Le tropisme des médecins pour Paris ou PACA n'explique pas tout !
Je  voudrais vous éviter mon couplet habituel sur la disparition des ophtalmologistes néanmoins je ne peux m'empêcher de constater avec une pointe de jalousie l'ampleur de la médiatisation  "blouse ouverte" par rapport à ces problèmes et par rapport à la pétition des ophtalmologistes qui a recueilli 100 000 signatures.


Enfin une dernière question : est ce que la presse et la Ministre ont enfoncé des portes ouvertes ?
 
PS *  lors d'un stage en réa, nous avions appris à poser une sonde trachéale sur mannequin avec un laryngoscope, je m'étais étonné du fait qu'il était interdit de toucher les dents(une lumière s'allumait signalant la faute) déjà à l'époque il existait des patients  qui une fois ranimés portaient plainte pour casse de leur appareil dentaire.
z

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