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vendredi 28 décembre 2012

le moelleux noisette pistache

Je sors de l'hôpital pour ma pause de midi, j'ai ma table réservée dans un petit restau juste à côté, je suis un peu en retard. Pourvu qu'il reste du gâteau noisettes  pistache !...

Jako alias fils n°2 est bloqué au travail et ne mangera pas avec moi. 
Assise sur un banc ,une dame âgée fouille dans son sac  en jurant,  parce que des papiers s'en échappent et qu'elle a du mal à les récupérer. Je m'élance à la poursuite d'une facturette emportée par le vent, je la  récupère et  la rapporte. La dame me remercie. 
Ça pourrait s'arrêter là... (mon moelleux noisette pistache attend ! )
Mais voilà qu'un autre papier qui se fait la malle, donc,  je pique un nouveau sprint (soft le sprint, parce que je suis à peine plus sportif que W Churchill).
Je rapporte le papier(encore une facturette qui a tenté une évasion)
De nouveau, remerciements de la dame. Elle me serre la main, plus exactement elle retient ma main dans la sienne un tout petit peu plus longtemps qu'il n'est d'usage... elle remercie encore, me trouve serviable... il y a cette petite lueur dans son regard qui supplie, sans oser demander...
Non il n'est pas question d'argent ... d'ailleurs si elle a mis le souk dans son sac, c'est qu'elle  cherche désespérément sa carte bleue qui lui a permis de s'offrir le petit restau où j'ai moi même prévu d'aller manger.
Je lui demande l'autorisation de l'aider à chercher et de replacer ses papiers dans son sac.
Bingo ! au milieu d'un carnet de chèques je découvre la carte bleue égarée et je l'aide à remettre de l'ordre malgré le vent ! (si si !  le mot "ordre" peut parfois s'appliquer à certain Dr Zigmund dont la Table est célèbre).
Et puis, tout en remettant les choses en place, elle se confie : elle vient d'arriver dans la région, habite chez ses enfants, elle a subi une intervention pour cancer du sein, elle déprime loin de ses amis, elle voudrait seulement quelqu'un à qui parler.
Alors je lui demande son adresse et lui promets non pas d'aller la voir (car  je ne suis pas souvent là)  mais de trouver parmi mes amis ou leurs parents quelqu'un  pour lui rendre visite ou la conduire dans un club de son quartier.
Faire plus serait difficile et gênant : elle a des enfants, je ne suis ni son fils ni son médecin.  
Je ne suis qu'un passant...mais c'est une rencontre qui i"interpelle" (comme disent les psys je crois). Disons plus simplement qu'un lien vient de se créer...
Le souvenir de son regard, de cet échange me fait entrevoir à nouveau cette solitude atroce, ce fardeau silencieux et  monstrueux qui s'abat un jour sur les vieux.
Oui j'ai osé écrire "vieux" et pas seniors ou personnes âgées parce que ce n'est certainement pas avec du politiquement correct qu'on soulage ou qu'on soigne.
Et non ce post, peut être le dernier de 2012, n'est ni dans le ton, ni festif  et c'est tant pis.
Et tant mieux s'il fait prendre conscience à certains  jeunes lecteurs de passage cette souffrance  et cette angoisse dont on parle si peu.
(je me souviens de cette chanson de Beranger qui même quand j'avais 20 ans me faisait frémir ) 
Anne Marie, puisque tel est votre prénom, je vous souhaite de ne plus être seule, de rencontrer de nouveaux amis dans notre ville, et qu' une main amie se tende vers vous. Permettez moi de vous remercier à mon tour ...
J'envoie peu de cartes de voeux, vous recevrez l'une d'elles.
Nous reprendrons  bientôt cette discussion ... peut être au petit restau ...
Au fait, Anne Marie, aimez vous le moelleux noisette pistache ? 




http://www.cuisineaz.com/recettes/creme-a-la-pistache-14093.aspx


  

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