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lundi 24 juin 2013
"rendez vous dans une autre vie "
J'avais rencontré Annie lors d'un stage de tai chi. Elle était alors enceinte de sa fille.
Un jour, son mari m'a guéri par conjuration, une sorte de verrue sous unguéale qui avait mis en échec tous les dermatos consultés...De temps à autre, nous nous rencontrions lors d'évènements tai chi ou alors, accompagnée de sa fille, elle faisait des kilomètres pour venir me consulter.
L'été dernier, elle a laissé un message sur mon répondeur pour demander une consultation.Mais elle ne répondait pas au téléphone, elle était partie en vacances.C'est pendant ces vacances que la maladie l'a terrassée.Elle a pu rentrer chez elle pour tenter diverses chimios.Sans résultat....je n'ai pas pu me rendre à ses obsèques.
J'étais plus proche d'Anne, une fille drôle et gaie, un peu fofolle ; d'après ses enseignants, son tai chi était plutôt approximatif. Quant à moi, je garde le souvenir de ce stage en Bretagne où toute la maison résonnait des fous rires de notre petit groupe.
Elle nous racontait sa vie de prof de français en banlieue, nous enseignait les subtilités du français des cités ou nous faisait découvrir des romans policiers.
Un jour un anévrysme s'est rompu ...
Et plus récemment, il y a eu Laurent le musicien.
Je me souviens de nos discussions d'après tai chi quand nous nous retrouvions tous au café. Nous parlions musique aussi bien sûr et de nos vies respectives. Il venait rarement aux cours à cause de la distance. Lors de son premier tui shou (voir en fin de ce post)sa partenaire amie se retrouva avec une cheville dans le plâtre suite à une chute mal gérée. Le coeur du musicien a fait une pause trop longue et imprévue. Nous n'entendrons plus sa guitare.
A eux trois , et aux autres amis du tai chi qui nous ont quittés avant l'heure, avant de voir leurs enfants devenir adultes, je dédie la chanson qui suit(*) comme un bouquet de fleurs à côté de leurs noms gravés.
*( et ce, bien que je n'aime pas certaines prises de position de Françoise Hardy)
mercredi 19 juin 2013
le concert
Sur scène : 200 jeunes choristes une douzaine d'acteurs et la réunion pour l'occasion de 2 orchestres amateurs.
Amateur, c'est déjà beaucoup en ce qui me concerne, dilettante serait plus exact.
Mais, ces derniers temps, j'avais bossé mes partitions de basson pendant chaque temps libre, répétant un rythme qui refusait de passer. Chaque essai malheureux était entrecoupé de jurons qui retentissaient dans toute la maison.
http://www.daniellaberge.net/music/rhythm/exercises/4-6f.html
Gabrielle, pour sa part, était intégrée dans la partie théâtre du spectacle. Le texte qui lui revenait était long, comportait des lourdeurs risibles, et, du coup, elle avait pris la liberté de réécrire certains passages ...("je sauve ta pièce ! " disait elle au metteur en scène estomaqué par les changements qu'elle apportait au texte)
Le metteur en scène pris entre 2 feux (l'auteur et Gabrielle) a du s'arracher les cheveux plusieurs fois, parce que Gabrielle est du genre têtu.
Après la première répétition générale, le moral de l'orchestre était bas, nous n'étions pas au point, les mômes chantaient faux, j'étais le seul à être content (secrètement) parce que je sentais que j'avais un peu progressé.
La dernière répétition générale fut plus rassurante : l'orchestre et les enfants avaient trouvé le fit. De temps en temps on entendait un bruit hideux venu de mon basson : le do grave venait de décider une grève sans préavis ; la compréhension de la panne et réparation m'ont pris une bonne partie de la répétition.
Mon moral était au plus bas.
Les deux premiers spectacles se sont bien passés, nous étions bien meilleurs qu'aux répétitions, Louisa, notre chef d'orchestre m'avait dispensé du rythme pourrave qui me bloquait puisque le fagott et la clarinette basse "assuraient".(elle me préférait muet qu'à contre temps, ce en quoi elle n'avait pas tort)
A l'entracte, pour aller prendre l'air avec les copains, j'ai traversé la grande salle , enfin, j'ai essayé, car il est difficile de traverser une foule de gens qui vous connaissent : on se doit de saluer chaque groupe de personnes.
Résultat de la tentative de traversée : à mi chemin (*)une demande de rendez vous pour gratouillis par une Léontine venue assister au spectacle et deux ou 3 présentations(type "c'est l'ophtalmo !") accompagnées du classique :"ah c'est pas facile d'avoir rendez vous chez vous !"
j'ai battu en retraite et pris la décision de passer les autres pauses dans les loges ou les coulisses.
C'est avant le dernier concert qu'est venu le trac.("je flippais ma race"- j'aime cette expression trouvée via Zoe Shepard)
Peut être parce que je savais que mon professeur serait dans la salle, et aussi parce que je m'étais promis de jouer au mieux pour mes parents comme s'ils étaient dans le public.
Gabrielle était resplendissante dans son costume. Elle fit grosse impression, elle savait son texte et sa diction était parfaite.
J'étais fier d'elle.
Dans notre pupitre d'instruments à vents, quelques petits marrants racontaient des blagues de préférence graveleuses, ensuite il fallait arriver à jouer le morceau suivant sans rigoler.
Quand la dernière note fut envolée, pendant ce micro silence qui précède les bravos, Louisa nous fit un signe discret (pouce levé), indiquant que nous avions été bons.
Nous étions sur un nuage de bonheur.
---------
-* comme le pneu
sur mes rapports avec le basson : grave et non transpositeur
Amateur, c'est déjà beaucoup en ce qui me concerne, dilettante serait plus exact.
Mais, ces derniers temps, j'avais bossé mes partitions de basson pendant chaque temps libre, répétant un rythme qui refusait de passer. Chaque essai malheureux était entrecoupé de jurons qui retentissaient dans toute la maison.
http://www.daniellaberge.net/music/rhythm/exercises/4-6f.html
Gabrielle, pour sa part, était intégrée dans la partie théâtre du spectacle. Le texte qui lui revenait était long, comportait des lourdeurs risibles, et, du coup, elle avait pris la liberté de réécrire certains passages ...("je sauve ta pièce ! " disait elle au metteur en scène estomaqué par les changements qu'elle apportait au texte)
Le metteur en scène pris entre 2 feux (l'auteur et Gabrielle) a du s'arracher les cheveux plusieurs fois, parce que Gabrielle est du genre têtu.
Après la première répétition générale, le moral de l'orchestre était bas, nous n'étions pas au point, les mômes chantaient faux, j'étais le seul à être content (secrètement) parce que je sentais que j'avais un peu progressé.
La dernière répétition générale fut plus rassurante : l'orchestre et les enfants avaient trouvé le fit. De temps en temps on entendait un bruit hideux venu de mon basson : le do grave venait de décider une grève sans préavis ; la compréhension de la panne et réparation m'ont pris une bonne partie de la répétition.
Mon moral était au plus bas.
Les deux premiers spectacles se sont bien passés, nous étions bien meilleurs qu'aux répétitions, Louisa, notre chef d'orchestre m'avait dispensé du rythme pourrave qui me bloquait puisque le fagott et la clarinette basse "assuraient".(elle me préférait muet qu'à contre temps, ce en quoi elle n'avait pas tort)
A l'entracte, pour aller prendre l'air avec les copains, j'ai traversé la grande salle , enfin, j'ai essayé, car il est difficile de traverser une foule de gens qui vous connaissent : on se doit de saluer chaque groupe de personnes.
Résultat de la tentative de traversée : à mi chemin (*)une demande de rendez vous pour gratouillis par une Léontine venue assister au spectacle et deux ou 3 présentations(type "c'est l'ophtalmo !") accompagnées du classique :"ah c'est pas facile d'avoir rendez vous chez vous !"
j'ai battu en retraite et pris la décision de passer les autres pauses dans les loges ou les coulisses.
C'est avant le dernier concert qu'est venu le trac.("je flippais ma race"- j'aime cette expression trouvée via Zoe Shepard)
Peut être parce que je savais que mon professeur serait dans la salle, et aussi parce que je m'étais promis de jouer au mieux pour mes parents comme s'ils étaient dans le public.
Gabrielle était resplendissante dans son costume. Elle fit grosse impression, elle savait son texte et sa diction était parfaite.
J'étais fier d'elle.
Dans notre pupitre d'instruments à vents, quelques petits marrants racontaient des blagues de préférence graveleuses, ensuite il fallait arriver à jouer le morceau suivant sans rigoler.
Quand la dernière note fut envolée, pendant ce micro silence qui précède les bravos, Louisa nous fit un signe discret (pouce levé), indiquant que nous avions été bons.
Nous étions sur un nuage de bonheur.
---------
-* comme le pneu
sur mes rapports avec le basson : grave et non transpositeur
samedi 15 juin 2013
des golfes clairs...
Pour cause de concert tout le week end je ne pourrai pas aller voir Pa Zigmund pour la fête des pères.
Se pose pour moi le même genre de problème que pour Ma Zigmund.
Qu'est ce qu'on offre à un papa pour la fête des pères ?
Les yeux de Pa n'étant pas au top, les livres sont exclus.(d'ailleurs c'est pour ça que je choisis une police plus grande dans mes billets)
Alors j'imagine que Caro Carito revient me dire : "et un gâteau ce serait possible, non ?"
Ben, c'est imaginable car Pa est gourmand, mais son médecin va m'incendier si sa glycémie se met à grimper.
Il y a bien cette recette (version sans sucre de celle destinée à Ma Zigmund mais nous testerons avant de faire goûter à Pa.
Ce que Pa adore, c'est le cinéma, et ça, il ne s'en prive pas. Je lui cherche un extrait de film qu'il ne connaîtrait pas et qui lui ferait plaisir. Peut être celui là :
------
Et comme Ma, il aime la mer, et surtout la vraie, la seule : la méditerranée.
j'ai trouvé ce site qui montre la mer à Arzew : c'est là qu'on m'a montré la mer pour la première fois et que j'aurais dit :" on dirait la piscine qui a débordé !"
Se pose pour moi le même genre de problème que pour Ma Zigmund.
Qu'est ce qu'on offre à un papa pour la fête des pères ?
Les yeux de Pa n'étant pas au top, les livres sont exclus.(d'ailleurs c'est pour ça que je choisis une police plus grande dans mes billets)
Alors j'imagine que Caro Carito revient me dire : "et un gâteau ce serait possible, non ?"
Ben, c'est imaginable car Pa est gourmand, mais son médecin va m'incendier si sa glycémie se met à grimper.
Il y a bien cette recette (version sans sucre de celle destinée à Ma Zigmund mais nous testerons avant de faire goûter à Pa.
Ce que Pa adore, c'est le cinéma, et ça, il ne s'en prive pas. Je lui cherche un extrait de film qu'il ne connaîtrait pas et qui lui ferait plaisir. Peut être celui là :
------
Et comme Ma, il aime la mer, et surtout la vraie, la seule : la méditerranée.
j'ai trouvé ce site qui montre la mer à Arzew : c'est là qu'on m'a montré la mer pour la première fois et que j'aurais dit :" on dirait la piscine qui a débordé !"
et le port d'Oran
Je sais, je fais dans la nostalgie...
bonne fête mon Pa et bises à vous deux si vous passez par ici. Pardon de ne pas être là, mais je jouerai pour vous deux du mieux que je pourrai.
samedi 8 juin 2013
routine ou burn out ?
Passent les semaines et je n'écris plus ici, pas de réponse au défi du samedi depuis si longtemps aussi.
Le nez dans le guidon... Il y a longtemps que je ne me préoccupe même plus de la Table je passe près d'elle, indifférent à ses appels, je me contente de noter le désordre qui l'envahit.
Je me suis amusé à faire ce test :
burn out ou syndromes d'épuisement professionnel
il en ressort que j'ai besoin de vacances, ou plutôt d'un break de plusieurs mois. Je ne peux même pas me prescrire d'arrêt maladie et pas l'ombre d'un remplaçant à l'horizon.
Est ce que c'est ça le burn out ?
Les courriers à faire aux chers confrères s'accumulent ; quand j'arrive à m'y atteler et que je crois en avoir fini pour un bon moment, une matinée de consultations suffit pour que de nouveaux problèmes et de nouvelles lettres aux correspondants soient nécessaires, indispensables et urgentes.
J'arrive à peine à faire mes remises de chèques à la banque.
Est ce que c'est ça le burn out ?
J'ai chaque jour un mal fou à me rendre à mon travail, et pourtant dès que je suis derrière mes appareils, je suis heureux tout simplement, ébloui comme au premier jour par la beauté d'un oeil, ou parfois content d'avoir pu intervenir à temps.
Et parfois, rarement chez moi, une consultation "Kevin" reposante : quel plaisir de rédiger une simple ordonnance de lunettes et se dire qu'il sera inutile de revoir "Kevin" avant 3 ans.
J'aime bien les "Léontines", mais pourquoi représentent elles 90% de mes consultations ?
Ca va être dur de tenir à ce rythme jusqu'à une retraite que je ne souhaite pas vraiment.
Il parait que les gens au bord du burn out, aiment leur boulot et s'y investissent à fond...
Depuis longtemps, j'ai installé des "pare feux" : plages de loisirs ou plages vides dans mon emploi du temps. Bien des gens m'envient ces temps supposés libres ou me les reprochent.
Mais ces temps libres se révèlent insuffisants, pour combler le retard qui s'accumule et souvent je n'ai envie de rien : sinon lire ou dormir.
Je ne suis ni malheureux ni déprimé juste "speed" tout le temps ou presque...
Mes écrits ici, (ou sur twitter) considérés par beaucoup comme une perte de temps non rentable m'aident à supporter ce rythme.
La pratique du tai chi chuan me donne également la force de tenir face aux petites agressions diverses du quotidien.
Nous jouons dans une comédie musicale dans une semaine, Gabrielle au théâtre, et moi dans l'orchestre au basson.
Les répétitions sont intenses, Gabrielle se débrouille bien, parfois, je lui fais réciter son texte et nos mini répétitions perso se terminent régulièrement par des crises de rire : quelques perles se sont glissées dans ce texte, que je ne peux reproduire ici ...Quant à moi mon niveau musical me consterne mais je trouve un peu de temps pour travailler mes partitions et tenter d'être à la hauteur.
Et ce qui me désole aussi, c'est de ne pas arriver à avoir l'esprit libre pour me réintégrer aux défis du samedi. J'aimerais pouvoir écrire, non pas un texte qui fera date, mais quelque chose dont je serais secrètement fier.
La consigne de la semaine m'inspire un peu, j'espère pouvoir y répondre.
Le nez dans le guidon... Il y a longtemps que je ne me préoccupe même plus de la Table je passe près d'elle, indifférent à ses appels, je me contente de noter le désordre qui l'envahit.
Je me suis amusé à faire ce test :
burn out ou syndromes d'épuisement professionnel
il en ressort que j'ai besoin de vacances, ou plutôt d'un break de plusieurs mois. Je ne peux même pas me prescrire d'arrêt maladie et pas l'ombre d'un remplaçant à l'horizon.
Est ce que c'est ça le burn out ?
Les courriers à faire aux chers confrères s'accumulent ; quand j'arrive à m'y atteler et que je crois en avoir fini pour un bon moment, une matinée de consultations suffit pour que de nouveaux problèmes et de nouvelles lettres aux correspondants soient nécessaires, indispensables et urgentes.
J'arrive à peine à faire mes remises de chèques à la banque.
Est ce que c'est ça le burn out ?
J'ai chaque jour un mal fou à me rendre à mon travail, et pourtant dès que je suis derrière mes appareils, je suis heureux tout simplement, ébloui comme au premier jour par la beauté d'un oeil, ou parfois content d'avoir pu intervenir à temps.
Et parfois, rarement chez moi, une consultation "Kevin" reposante : quel plaisir de rédiger une simple ordonnance de lunettes et se dire qu'il sera inutile de revoir "Kevin" avant 3 ans.
J'aime bien les "Léontines", mais pourquoi représentent elles 90% de mes consultations ?
Ca va être dur de tenir à ce rythme jusqu'à une retraite que je ne souhaite pas vraiment.
Il parait que les gens au bord du burn out, aiment leur boulot et s'y investissent à fond...
Depuis longtemps, j'ai installé des "pare feux" : plages de loisirs ou plages vides dans mon emploi du temps. Bien des gens m'envient ces temps supposés libres ou me les reprochent.
Mais ces temps libres se révèlent insuffisants, pour combler le retard qui s'accumule et souvent je n'ai envie de rien : sinon lire ou dormir.
Je ne suis ni malheureux ni déprimé juste "speed" tout le temps ou presque...
Mes écrits ici, (ou sur twitter) considérés par beaucoup comme une perte de temps non rentable m'aident à supporter ce rythme.
La pratique du tai chi chuan me donne également la force de tenir face aux petites agressions diverses du quotidien.
Nous jouons dans une comédie musicale dans une semaine, Gabrielle au théâtre, et moi dans l'orchestre au basson.
Les répétitions sont intenses, Gabrielle se débrouille bien, parfois, je lui fais réciter son texte et nos mini répétitions perso se terminent régulièrement par des crises de rire : quelques perles se sont glissées dans ce texte, que je ne peux reproduire ici ...Quant à moi mon niveau musical me consterne mais je trouve un peu de temps pour travailler mes partitions et tenter d'être à la hauteur.
Et ce qui me désole aussi, c'est de ne pas arriver à avoir l'esprit libre pour me réintégrer aux défis du samedi. J'aimerais pouvoir écrire, non pas un texte qui fera date, mais quelque chose dont je serais secrètement fier.
La consigne de la semaine m'inspire un peu, j'espère pouvoir y répondre.
Défi #250
Rémi Caritey exerce depuis trente ans l’un de ces métiers improbables
et méconnus dont la forêt a le secret :
"récolteur de graines d’arbres".
Et vous de quel métier improbable aimeriez-vous nous parler ?
Pour cela une seule adresse :
-- -Roy Goodman, auteur de la citation est le chef d'orchestre de cette videosamedi 1 juin 2013
prise en charge des soins ophtalmologiques en France
Cette page émane de l'accadémie de Médecine (elle est reproduite sans modification) auprès de
Nicole Priollaud
Chargée de la communication
01 45 25 33 17 / 06 09 48 50 38
le rapport intégral est disponible sur simple demande
Nicole Priollaud
Chargée de la communication
01 45 25 33 17 / 06 09 48 50 38
le rapport intégral est disponible sur simple demande
LA PRISE EN CHARGE
DES SOINS OPHTALMOLOGIQUES EN FRANCE
Jean- Louis Arné*,
PRIORITE AU DEPISTAGE PRECOCE DES TROUBLES VISUELS DE L'ENFANT
POUR LE TRAVAIL AIDE AVEC LES ORTHOPTISTES
FORMER PLUS D'OPHTALMOLOGISTES
L'ophtalmologie connaît les plus importants délais d’attente en consultation (en moyenne à 3 mois sur le territoire national, mais pouvant atteindre jusqu’à 12 mois dans certaines zones, même urbaines).
- 40 % des troubles visuels du jeune enfant ne sont pas détectés faute de moyens suffisants.on considère que sur 750 000 enfants qui naissent chaque année, 100 000 ont déjà ou vont avoir un problème de vision (10 % de pathologies oculaires organiques, 30 % de strabisme, 60 % d’amétropies) La mise en œuvre d’un dépistage systématique des anomalies visuelles à la naissance, au quatrième mois, entre neuf et douze mois, et en première année de maternelle a été recommandée lors de l'expertise collective faite par l'INSERM en 2002. Ceci est loin d’être réalisé et la découverte des déficits visuels est souvent fortuite et tardive, faute d'un examen ophtalmologique.En outre, 80 % des malvoyances et des cécités infantiles étant génétiquement déterminées, l’examen systématique des familles à risque devrait être développé.
- La DMLA, qui touche 12% de la population de plus, ne peut pas être traitée assez précocement
- On estime que sur 1 million deux cent mille glaucomateux en France, quatre cent mille sont ignorés
- 800 000 diabétiques sont mal suivis
Le dépistage des affections insidieuses. La diminution de la démographie des ophtalmologistes et les délais qui peuvent être imposés ne sont sûrement que rarement préjudiciables pour la prise en charge des pathologies médicales ou chirurgicales lorsqu'elles ont été diagnostiquées. En revanche, un véritable problème se pose quant au dépistage des affections insidieuses. Ainsi, les difficultés à obtenir un rendez-vous amènent de nombreux patients presbytes à s'équiper de systèmes grossissants achetés dans des pharmacies ou des commerces de grande diffusion; ils ne feront pas l'objet d'une consultation ophtalmologique et risquent ainsi de laisser évoluer à bas bruit des affections au début asymptomatiques et dont le diagnostic précoce est essentiel pour éviter une dégradation visuelle irréversible.
Il y avait environ 31 millions de porteurs de corrections optiques en 2010 (2,3 millions chez les moins de 20 ans, 16 millions chez les sujets entre 20 et 59 ans et 12,7 millions chez les 60 ans et plus) Les examens ayant un motif réfractif représentent SEULEMENT 17% de l’activité ophtalmologique globale Mais ils permettent une prévention primaire efficace: 30% des demandes d’examens réfractifs n’aboutissent pas à une prescription optique mais concluent à une autre cause; dans 36% de ces demandes, un deuxième motif de prise en charge apparaît
RECOMMANDATIONS
Au vu de l'accroissement, inéluctable avec le vieillissement de la population, du nombre de patients atteints de pathologies oculaires chroniques (glaucome, DMLA...) ou de maladies dont l'évolution altère notablement les fonctions visuelles (diabète, HTA...), le groupe de travail constate que l’insuffisance de la filière des soins en ophtalmologie :
- menace la qualité de la prise en charge des patients- accroît les inégalités d'accès aux soins sur le territoire national, rompant l'équité due aux usagers du système de santé par la solidarité nationale, - retentit de manière inquiétante, par le développement de déficits sensoriels non jugulés, non seulement sur l'autonomie (en favorisant donc la dépendance), mais aussi sur la morbi-mortalité des personnes âgées,- et constitue donc un véritable problème de santé publique menaçant d'un handicap visuel définitif des patients qui auraient pu être traités efficacement si un dépistage suffisamment précoce avait été possible et un traitement mis en œuvre.
Le groupe de travail souligne que la mesure de l'acuité visuelle et la prescription de corrections optiques sont, et doivent demeurer, un acte exclusivement médical, indissociable d’un bilan complet de l'appareil visuel.
- L’évolution législative et réglementaire de l’orthoptie s’est faite très clairement en France depuis 2001 dans le sens d’une complémentarité entre l’orthoptie et l’ophtalmologie afin de dégager du temps aux ophtalmologistes, les orthoptistes pouvant intervenir soit dans le même temps que l'ophtalmologiste, soit en aval sur prescription médicale. Ce travail aidé implique une augmentation marquée du nombre d'orthoptistes formées dans les écoles.
- La délégation de tache vers les opticiens n'apparait pas comme une solution satisfaisante
- NON AUX OPTOMETRISTES : Il est important de souligner que leur formation purement scientifique et nullement médicale, sans aucun stage hospitalier, ne leur confère aucune compétence pour un dépistage de pathologies oculaires.
Deux sortes de risques apparaitraient dans l’immédiat :
- Ne pas dépister une maladie : ce risque serait supporté par les patients.
- Surdépister les maladies : adresser à tort un patient aurait des répercussions économiques (dépenses inutiles) et aurait un effet contre-productif en alourdissant les plannings déjà surchargés des ophtalmologistes
Ceci doit permettre d'atteindre les objectifs essentiels que sont :
- la réalisation sur tout le territoire des soins ophtalmologiques courants,
- le dépistage et le contrôle des conséquences oculaires des maladies générales,
- la détection le plus précoce possible des causes d'amblyopie de l'enfant avant l'âge scolaire,
- la prise en charge médicale et sociale des déficits visuels liés à l’âge.
Le groupe de travail propose les recommandations suivantes :
- Faire du renforcement de cette filière de soins un projet prioritaire en sachant que les solutions existent qui peuvent permettre d'arrêter le processus et d'autoriser notamment la prise en charge de pathologies dont le nombre augmente du fait du vieillissement de la population.
- Augmenter rapidement le nombre des ophtalmologistes pour atteindre une cible de 9 pour 100 000 habitants et ceci dans l'ensemble du territoire. Ceci représenterait environ 5800 praticiens pour la population actuelle.
- Pour cela faire de l'ophtalmologie une filière prioritaire à l'Examen Classant National en visant un chiffre de 210 D.E.S. par an dans les 5ans à venir, la répartition devant se faire en priorité dans les régions où la pénurie est la plus marquée.
- Proposer de façon rapide des mesures incitatives fortes pour favoriser l'installation dans les zones à faible densité médicale.
- Poursuivre et développer le travail aidé à destination des orthoptistes en visant une cible de 80 % d'ophtalmologistes exerçant selon cette modalité. Ceci implique d’apporter une aide aux écoles d’orthoptie afin de leur permettre la formation d'un nombre suffisant d’élèves.
- Accroître la collaboration entre les différents secteurs hospitaliers ainsi qu'avec le secteur libéral pour la prise en charge des urgences et l'organisation des stages de formation pour les D.E.S. et les élèves orthoptistes