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mardi 30 décembre 2014

puisqu'il faudra des voeux

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Si je n'aime pas noël, il y a une chose que je déteste encore plus, c'est le début de l'année nouvelle et les voeux obligatoires, convenus, teintés d'un espoir dégoulinant.
Je suis un  véritable handicapé  : quand je dis "bonne année ", des images de malheur, de solitude, de maladie me traversent.
Je me plie à la tradition et je tente de faire bonne figure, même si mon coeur se serre au milieu de la fête.


Cette fois, je pense à Ma qui nous manque, je revis son hospitalisation et  mes tentatives d'explication sur la gravité du pronostic. Je pense aussi à l'ami qui  ne verra pas le printemps malgré sa lutte contre un crabe effroyable, et je ne peux qu'espérer qu'il souffrira le moins possible.




 Je  m'autorise un premier voeu : que vienne vite le printemps pour effacer ce froid glacé qui m'envahit chaque année.    


Il y a un bon moyen pour me sortir de cette dépression hivernale : c'est d'offrir mes pires voeux ; ça je sais  faire ! parfaitement ... 
Il est des gens pour qui je n'ai pas une once de  la compassion, celle que je ressens  pour le plus beauf ou  ou le plus réac de mes patients. 
 Je souhaite à mes ennemis les plus chers, une bonne maladie bien démoralisante : un eczéma suintant, une exophtalmie,  une paralysie faciale, une impuissance,  une incontinence, un parkinson (pas un Alzheimer parce qu'ils oublieraient leurs forfaits ou seraient inconscients de leur déchéance) ; je souhaite que leurs belles voitures bling bling soient réduites en miettes,, ainsi que leur couple,  avec les enfants qui refusent de les voir, et par dessus tout  la pauvreté, la vraie, celle dont on ne se sort pas, celle qui vous fait dépendre des services publics et vous fait chercher chaque jour un abri pour survivre...  
Je ne citerai personne... 


Ces pires voeux sont aussi destinés,  à ceux qui nous ont trahi et qui n'attendent qu'un stylo tendu  dans l'ombre pour nous trahir encore.
Je regrette de n'avoir pas trouvé de cours de vaudou par correspondance.
Que ceux qui sont visés sachent que les bouteilles de champagne sont prêtes pour fêter leur déchéance. 


A l'opposé, et nul besoin de conventions saisonnières,  je remercie ceux qui, sur les réseaux sociaux relaient quotidiennement mes luttes (l'obsessionnelle baguette des nantis).
Je souhaite  force et détermination à tous mes confrères  et amis qui se sont dressés et se lèvent nombreux contre la #LoiSanté et j'ai une pensée  particulière pour les dirigeants de l'UFML qui investissent temps et énergie pour défendre tous les soignants.
Merci à ceux qui prennent du temps pour faire un tour ici, même silencieusement, alors que parfois, je ne leur rends pas la pareille. 
Merci à vous,  amis de la vie réelle, ou amis virtuels, médecins, soignants, (et aussi patients) de votre écoute parfois critique mais souvent bienveillante.
C'est pour vous que je renoue volontiers avec cette tradition des voeux pour vous souhaiter le meilleur du bon pour cette nouvelle année.


2 commentaires:

  1. Tout comme toi, ça m'agace cette manière quasi obligatoire de souhaiter plein de merveilleuses choses, et j'ai pensé en te lisant à quelques uns de mes connaissances auxquelles j'adresse silencieusement mes pires voeux. Excellente idée !!!
    Malgré ce qui est écrit plus haut, tu fais partie, mon cher Zigmund, de ceux auxquels j'ai envie souhaiter une très heureuse année +++

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  2. pardon d'avoir tardé à te répondre
    Je voulais bien sûr te dire que toi aussi tu fais partie des gens à qui je souhaite une bonne année
    et voilà depuis hier j'ai arrêté d'envoyer mes voeux après ce qui s'est passé à Charlie Hebdo

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