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mercredi 9 septembre 2015

Déplaque ou sauve qui peut ?

  
C'est mon copain genou des alpages  qui a commencé ... ou s'il n'a pas été le premier c'est celui qui m'avait le plus impressionné.
Genou était un bosseur,  il savait quasi  tout faire tout seul (sutures radiographies) vu que dans ses alpages, les déplacements vers la grande ville c'était pas simple.
Sur ce billet final, il avait eu beaucoup de commentaires et je lui avais écrit un post en réponse.
Récemment c'est Fluorette qui a annoncé  avoir pris la décision de l'exil.
Et récemment une généraliste de Pontarlier  qui  a décidé de déplaquer après 15 ans d'installation.
Ce ne sont que des exemples, les plus médiatisés.

Dans les réunions de médecins les mots déplacage, retraite anticipée ne sont plus des gros mots.Il y a 15 ans, personne n'aurait osé les prononcer.
Aujourdh'hui, il ne faut pas tendre l'oreille longtemps pour entendre des "si la loi santé passe, je m'en vais " avec des variantes :
-à l'étranger pour les heureux frontaliers ou ceux qui ont la fibre migratoire.
-en secteur3 pour ceux qui n'ont plus trop d'années à tirer. En ophtalmo c'est une possibilité, vu la démographie en chute libre. Après tout, lâcher 50 ou 80 € non remboursés à l'ostéopathe, le naturopathe ne semble pas gêner les patients bobos pro tiers payant, alors pourquoi pas pour une consultation correcte d'ophtalmologie ?   
-en retraite pour ceux qui peuvent et qui auraient bien rempilé quelques années si la loi santé n'avait pas pointé son  vilain nez.
-en salariat pour les plus malins ou débrouillards.
Dans ce concert de départs annoncés ou fantasmés, quelques voix font entendre leur partition perso,  reflet de leur engagement ou désengagement syndical.
J'ai déjà eu l'occasion de jouer ma cadence, j'ignore encore quelle sera  exactement ma décision si la loi santé est appliquée. Mais j'y réfléchis très sérieusement.
http://lerhinocerosregardelalune.blogspot.fr/2015/03/sur-le-net-ca-demarre-par-cet-article.html
Tous les jours en sortant de mon cabinet, je jette un coup d'oeil à ma propre plaque... "toi ma vieille, tu n'en as plus pour longtemps ..."
La vraie question est : quand ?
Je n'ai pas d'associé à ménager, je commence à sous entendre un au revoir à mes patients, je couve d'un regard triste mes appareils ...(c'est c... de s'attacher ainsi aux objets presque autant qu'à mes patients).
Ce sera un nouvel exil, idée traumatisante,  c'est à moi seul de faire face comme je l'ai toujours fait. Je suis un (vieux) grand garçon.
Pour tous ceux qui envisagent de déplaquer, le lien avec la loi santé avec, dans son sillage, le climat anti médecins entretenu par les médias, la ministre et ses sbires est soit évident, soit suggéré.
Mais ça ne semble pas vraiment  poser problème...
puisque beaucoup de médecins  travaillent nez dans le guidon sans se poser de questions... 
puisque les jeunes (qui, rappelons le, ne sont que 9%à s'installer en libéral) rêvent des maisons de santé pluridisciplinaires  clefs en mains qu'on leur a vendues comme LA solution... 
puisque ceux qui ne font pas de vagues lisent prescrire comme d'autres lisent télérama...
puisque la majorité du troupeau continue à chanter "tout va très bien madame la marquise"...
puisque nos soit disant syndicats se découvrent soudain résistants contre une loi qu'ils ont initiée.. 
Peut être suis aussi aigri que mon ennemi préféré doc du 16 qui malgré une analyse voisine, prend son pied en tirant à boulets rouges sur l'UFML,  mais je supporte de moins en moins bien  ce climat de suspicion ("vous allez prendre les patients en otage") ou de bien pensance sirupeuse (" oui mais moi, je fais de la bonne médecine").
Si je prends ma retraite avant l'heure je m'engage à utiliser la plus grande partie de mon temps libre à lutter contre la loi santé, à désigner régulièrement les responsables et coupables de la destruction de la médecine de ce pays et à relayer encore plus (si c'est possible) les messages de l'UFML. 
 Allez, lâchons nous un peu !  -



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