mercredi 17 octobre 2012

Jours de colère

Consterné, je reçois les échos des négociations conventionnelles, je lis ce qu'écrivent mes confrères sur twitter et sur leurs blogs, j'assiste sans intervenir aux bagarres et prises de position des ophtalmologistes, et muet de colère, j'écoute la ministre et les médias se gargariser contre les "dépassements d'honoraires".
Chaque fois que je passe une carte vitale, j'ai l'impression de faire le jeu de la CNAM qui, avec l'accord des syndicats de médecins, a bloqué nos honoraires depuis une quinzaine d'années. Certains médecins proposent une grève de la télétransmission jusqu'à la prochaine revalorisation des honoraires médicaux, mais c'est compter sans ceux qui ont signé la P4P. 
Chaque matin, depuis pratiquement un mois, j'envoie via twitter cette affiche "baguette de pain" à la ministre de la santé accompagnée d'un article ou d'une vidéo suivant l'humeur du moment.

La plupart de ces articles sont classés en "page" sur la colonne de droite.Depuis quelques jours je joins cette vidéo de l'UCDF(union des chirurgiens de France) qui malgré quelques imperfections, pose différemment le problème des honoraires des médecins.
Mes malades, quand ils ne me posent pas de lapins,  me bouffent mon énergie, abusent de mon temps, parfois j'ai l'impression d'affronter des enfants gâtés égoïstes et butés.
exemple très fréquent : j'explique que l'état de la macula pose problème, qu'il va falloir surveiller, que le larmoiement n'est pas dangereux même s'il est agaçant, en face on me répond "c'est surtout le matin que les yeux pleurent ", je recommence en choisissant bien mes mots, en simplifiant, et là j'ai droit à la même phrase en réponse... alors à la 3 ème tentative, j'abandonne ...  
(si vous avez le coeur solide, et avant de vous plaindre de larmoiement et de gratouillis, allez voir ce qu'écrit Sophie Sage femme dans son blog liberté égalité maternité ).
Pour tenter de me calmer, je lis ce qu'écrivent les autres médecins blogueurs (et pardon de mes passages éclairs chez les blogamis non médecins en cette période de lutte)
Il n'est pas certain d'ailleurs  que ce soit une bonne idée pour me remonter le moral :
Petites annonces par genou des alpages
de très bonnes raisons de ne pas être généraliste par docteur du 16

Une grêve des internes démarre demain 17 octobre, une grêve des chirurgiens est annoncée pour le 12 novembre. J"espère que cette grêve fera bouger les choses.
Les médias et les tutelles relaient des contre vérités sur les médecins et sur les honoraires S1et S2. La dernière en date est une étude démagogique de UFC que choisir.
  
Une chose est certaine et vérifiable (mais je me répète) : la valeur d'une consultation de spécialiste est bloquée depuis 2002 à 23€+5€de MCP/MCS et de 1995 à 2002 elle est passée de 22,87€ à 23€.
Notre matériel, nos charges ont suivi l'évolution du coût de la vie.Je n'ai plus la force ni l'envie de doubler mon temps de travail pour y faire face.
L'un d'entre nous propose de demander à la CNAM  et à la ministre : combien à leur avis un  médecin devrait gagner par heure en recettes et en bénéfice net ce qui revient à demander quelle durée moyenne ils attribuent à la consultation (travail administratif inclus) 
Je ne me souviens pas de la date de passage de la CS de médecin généraliste de 22€ à 23€ (2004 ?).
Ce  matraquage médiatique et inexact voire mensonger contre les honoraires des médecins S1 ou S2 m'empêche d'écrire ici  autre chose que mon dégoût et ma colère. Cette injustice devrait nous réunir en masse. 
Je renouvelle donc  ma demande de divorce
 et avec le SNOF  MON SOUTIEN AUX INTERNES EN GRÈVE


 
 
 
 

dimanche 7 octobre 2012

lettre ouverte à un ( futur ?) mandarin

Cher con frère, 
Merci d'avoir  reçu Ma Zigmund qui attendait depuis longtemps son rendez vous avec toi.
Depuis longtemps, en plus de divers problèmes de santé difficiles à gérer, d'un traitement monstrueux à équilibrer, elle se plaint de démangeaisons qui lui pourrissent la vie.
Lors d'une hospitalisation dans ton service, on a évoqué à l'origine de ce prurit le mélange explosif des diverses molécules, qui maintiennent le coeur de Ma dans le droit chemin.
Donc, la voila enfin chez toi ; elle t'explique ses problèmes, Pa en rajoute, l'interrompt, elle reprend le fil  : je sais, ils sont agaçants, mais ce sont mes parents et  sache que moi j'aurais plein de patience si je devais examiner les tiens.
Donc elle est là, grelottant en petite tenue sur ta table d'examen... tu as à peine jeté un coup d'oeil, à peine frôlé sa peau pour foncer au lavabo au cas où ce serait contagieux...et le téléphone a sonné. Il parait que tu as passé beaucoup de temps à discuter avec ton correspondant de notions médicales assez futiles et pas urgentes.Tout ça pendant qu'elle marinait sur ta table...
A la fin du coup de fil, te souvenant que tu avais une patiente sur le feu, tu as invité Ma à se rhabiller.
L'interne ou l'externe qui était là pour apprendre a été content d'entendre ton  brillant diagnostic balancé à la figure de Ma  pour clore cette consultation (plus téléphonique que médicale)
"c'est un prurit madame !  au revoir madame".
Dis moi jeune con frère, quelle sera ta réaction, si je reçois ta mère pour un mal de tête et que  je lui dis après l'avoir à peine examinée  et en la  poussant vers la sortie :"c'est une céphalée, au revoir madame !" 
Je dois reconnaître que tu as eu la bonne idée de lui prescrire un bilan hépatique.
Par contre pour l'amorce de début d'idée de traitement tu as prévu de la revoir ... dans quelques mois.
Ben non tu vois, là ça va pas être possible, je vais lui trouver un vrai dermato, un gars qui  passera un peu plus de temps à examiner ma mère au lieu de téléphoner, (et à enseigner à l'étudiant présent) un gars qui s'il ne trouve pas de solution saura au moins l'expliquer sans se moquer du monde.


 Ce post fait écho à un billet "imaginaire"  relatant des travers plus fréquents :" rat des villes et rat des champs"

vendredi 28 septembre 2012

Communiqué du Dr Jean Bernard Rottier SNOF

Santé/Médecine libérale/Ophtalmologie
Jean-Bernard Rottier (SNOF) : « En ophtalmologie, le secteur 1 est au bord de l’implosion »

Alors que le Congrès du Syndicat de la Médecine Libérale a lieu à Lille en présence de la ministre Marisol Touraine, le SNOF (Syndicat National des Ophtalmologistes de France) alerte sur la situation dramatique de la filière ophtalmologique. Le Dr Jean-Bernard Rottier, son président, a fait le point ce matin en conférence de presse sur la démographie et les perspectives du secteur : avec le non-remplacement d’1 départ à la retraite sur 2, la pénurie d’ophtalmologistes s’aggrave. Cette situation remet en cause la continuité de l’offre de soins et impose de généraliser la coopération ophtalmologistes-orthoptistes pour accroître la capacité d’accueil des cabinets. Une solution paradoxalement inaccessible aux secteurs 1, dont les capacités d’investissement limitées empêchent de moderniser leur offre…

Sauver le secteur 1, oui… mais pourquoi punir le secteur 2 ?
Au congrès des médecins libéraux à Lille aujourd’hui, la ministre de la Santé Marisol Touraine s’est dite inquiète du développement du secteur 2, source selon elle de « dépassements abusifs ». Elle n’a pas fait mystère de sa volonté « d’encadrer les honoraires », quitte à « recourir à la loi ».
Le Dr Jean-Bernard Rottier, Président du SNOF (Syndicat National des Ophtalmologistes de France), s’insurge :
« Le tarif sécurité sociale de nos consultations n’a pas bougé depuis 10 ans, alors que sur la même période l’inflation cumulée atteint 21% ! Rien d’étonnant à ce que les médecins voient comme une contrainte leur appartenance obligée au secteur 1. Mais ce n’est pas en punissant le secteur 2 que l’on va rendre le premier plus attractif. Et si l’on veut que les médecins participent, comme la ministre le souhaite, à la modernisation du système de soins aux côtés des pouvoirs publics, il faut leur donner les moyens d’investir et d’embaucher du personnel paramédical. Cela passe par des tarifs adaptés aux charges des cabinets, réévalués régulièrement. On pourrait d’ailleurs concevoir que les praticiens qui embauchent, bénéficient en retour d’une certaine marge de manœuvre tarifaire. »
Un point positif ressort cependant : interpellée en cours de séance sur le déploiement du modèle de la délégation de tâches au sein des cabinets d’ophtalmologie, la ministre s’est déclarée favorable à cette solution et s’est engagée à « se mettre immédiatement au travail sur le sujet » en concertation avec la profession. Le SNOF salue cette position et se tient à la disposition du Ministère pour avancer.

« Dépasser la question des dépassements » pour garantir la continuité de l’offre de soins
Selon le Dr Jean-Bernard Rottier, le véritable enjeu n’est pas celui des dépassements d’honoraires : il s’agit avant tout de garantir la continuité de l’offre de soins à moyen et long terme. En ophtalmologie, le défi principal est la pénurie de praticiens, qui se traduit par des délais d’attente record – plus de 100 jours en moyenne.
Seuls 123 postes d’internes en ophtalmologie ont été ouverts pour l’année universitaire 2012-2013, alors qu’il en faudrait deux fois plus pour compenser les départs à la retraite. Parmi les 22 régions de France métropolitaine, 18 perdront des ophtalmologistes et seules 4 atteignent l’équilibre.



Le Dr Jean-Bernard Rottier déplore :
« D’ici 2025, environ 240 ophtalmologistes vont partir à la retraite chaque année ! Les quotas validés par le ministère de la Santé cette année sont bien loin d’être suffisants et la pénurie va empirer. Si nous ne renversons pas la tendance, nous courons à la catastrophe ».
La situation actuelle mène à une impasse : d’un côté les besoins en soins ophtalmologiques augmentent, notamment en raison du vieillissement de la population, de l’autre le nombre de médecins diminue. Si cette tendance se poursuit, ce sont 24 millions d’actes ophtalmologiques qui ne seront pas honorés en 2025.
[cid:0d327ad7-1463-4954-9e8b-e55078fb1942@augure]
Alors que les projecteurs sont braqués sur la question des dépassements d’honoraires, c’est la continuité de l’offre médicale qui est aujourd’hui menacée.
Face à cette situation, le SNOF a pris les devants en lançant une campagne pour manifester leur soutien aux patients victimes des délais d’attente, leur expliquer la situation et les sensibiliser aux solutions. Une affiche et une pétition ont ainsi été diffusées en avril dernier à 2 200 cabinets d’ophtalmologistes. Une démarche plébiscitée par les patients qui ont été plus de 130 000 à signer la pétition. 81 % d’entre eux ont réagi favorablement aux solutions préconisées par le SNOF pour lutter contre la pénurie* :

•        doubler le nombre d’ophtalmologistes nouvellement formés chaque année ;

•        accélérer le développement du modèle de coopération ophtalmologistes-orthoptistes.

Le secteur 1 « au bord de l’implosion »
Le Dr Jean-Bernard Rottier explique :
« Des solutions existent : en délégant un nombre croissant de tâches aux orthoptistes, on pourrait porter à 220 actes/semaine la capacité d’accueil d’un cabinet, contre 127 en moyenne aujourd’hui. Mais pour le moment ce schéma est financièrement inaccessible aux ophtalmologistes secteur 1, dont le tarif n’a pas évolué depuis 10 ans. Comment voulez-vous améliorer vos capacités de prise en charge quand vous ne pouvez ni investir, ni embaucher ? Et si demain on se met à encadrer également les honoraires du secteur 2, il ne faudra pas s’étonner de voir que des médecins se mettent à exercer petit à petit hors convention »

Dans un courrier adressé au SNOF en avril, alors qu’il était candidat, François Hollande avait plaidé pour l’augmentation des quotas d’étudiants en ophtalmologie et le développement du modèle de coopération ophtalmologistes-orthoptistes.

Le Dr Jean-Bernard Rottier s’inquiète :
« La situation actuelle de la filière ophtalmologique est critique. Le secteur 1 est au bord de l’implosion. Il est intolérable que le Ministère continue à orchestrer une pénurie qui nuit aux Français. François Hollande nous avait fait des promesses. Aujourd’hui, nous attendons qu’il les tienne. »


*Enquête menée auprès des 2200 cabinets d’ophtalmologie de juin à août 2012.
A propos du SNOF :
Créé en 1906, le SNOF a pour but "d'étudier et de préparer en collaboration avec les pouvoirs publics et les autorités compétentes l'application des mesures générales  de protection de la santé publique pouvant se rapporter à l'exercice de l'ophtalmologie". Avec ses 2900 adhérents, il regroupe 2/3 des ophtalmologistes de France et obtient ainsi le taux de syndicalisation le plus élevé des syndicats français.

Il constitue l’interface entre les ophtalmologistes, avec leurs priorités de médecins, l’intérêt de leurs patients, leur volonté de garantir un accès à des soins de qualité et les pouvoirs publics.

Le SNOF propose des schémas éprouvés de délégation de tâches, de collaboration accrue avec les orthoptistes et les opticiens, pour que la pratique de l’exercice médical soit acceptable par les ophtalmologistes d’aujourd’hui et de demain, et préserve au mieux la santé de leurs patients.
www.snof.org   <http://www.snof.org>