lundi 6 octobre 2014

ramper un peu plus bas


 Tu ne m'as pas demandé de mes nouvelles ... Je vais t'en donner quand même. 

      La Table,*  reflet de mon propre désordre intérieur  ne désemplit plus depuis plusieurs mois,  je ne prends même plus de photos du désastre. 
Mais tout ça n'est que peu de choses à côté de la #Loi Santé de mst et le rapport de l'IGF sur les professions réglementées.
Pendant ce mois de septembre, j'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs médecins et soignants divers.
Malade, fiévreux,  j'ai néanmoins pu me joindre à la manifestation du 30 septembre.J'ai marché aux côtés des pharmaciens,  des dentistes et des kinés, désolé de constater la faible proportion de médecins. Au moins, ceux qui étaient présents étaient super motivés et ceux de l'UFML avaient assuré comme des bêtes.
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Merci aux confrères qui m'ont reconnu sous mon déguisement, de ne pas me trahir.Mon anonymat relatif est garant de ma liberté d'expression.
Il y a eu des réunions, il y a eu des rencontres et des discussions animées dans la vraie vie comme sur internet.


Nous avons évoqué les problèmes d'accessibilité à nos cabinets : si le but de cette loi était de faciliter l'accès des handicapés à nos cabinets, son résultat sera l'inverse, cette loi est truffée de lourdeurs, d'inepties irréalisables.
Certains médecins déménageront leurs cabinets loin des centre ville : comme pour aller au supermarché, il vous faudra prendre votre voiture pour aller consulter. D'autres médecins incapables d'engager les frais des travaux exigés se préparent à déplaquer. Avoir un cabinet accessible à un fauteuil roulant est insuffisant : une rampe d'accès  trop éloignée  de la porte pour  valides est considéré  comme une discrimination insupportable, et 9m² de surface de WC seraient un minimum obligatoire. Les porteurs de la loi refusent d'admettre que l'examen  ou les soins en cabinet pour  certains  handicapés sont  bien inférieurs en qualité à ce qui est réalisé à domicile et crient à la discrimination.
Il nous est demandé de faire appel à des organismes agrées grassement payés pour un diagnostic d'accessibilité.
Qui peut croire que les soignants ne se sont pas souciés de leurs patients handicapés ?
A qui profite cette loi  aussi bancale pour les usagers que pour les soignants ?
  
Nous avons reparlé du fameux écart pupillaire :  une gentille consoeur expliquait lors d'une réunion que la loi était passée  et qu'on allait devoir noter l'écart pupillaire sur nos ordonnances lunettes. Elle expliquait qu'elle se préparait à obéir... j'ai choisi l'humour pour extérioriser ma colère et pour ne pas blesser l'amie.
"Alors, ça y est, on vous dit de noter l'écart pupillaire et voilà votre stylo est prêt !  croyez vous que les gendarmes viendront vous chercher à votre cabinet pour n'avoir pas noté cette mesure ?et quand ils vous diront de ramper vous le ferez ??? croyez vous que vous pourrez ramper encore plus bas  ou est ce qu'il va falloir creuser ? "
Vois tu c'est ça qui me désole le plus :  j'ai passé le mois de septembre à me battre aux côtés des membres de l'UFML, à expliquer les dangers qui plus que jamais planent sur la médecine et sur le système de santé (tiens il manque le TPG et la vente de la santé à la finance )

et tout ça pour entendre parler de ce p.... d'écart pupillaire.
Mes confrères ophtalmos ont parfois des priorités étonnantes, je devrais le savoir et ne plus me mettre en colère.
Peut être n'est ce qu'une façon détournée et plutôt classe de ne pas sombrer dans le désespoir ...









La différence - et elle est de taille - c'est que si nous nous battons tous ensemble il est possible d'éviter le naufrage annoncé. 
Mais si on doit se la jouer "chacun pour soi" je  retournerai bientôt  accomplir mon karma et ranger la p.... de  Table  avant noël .**
  
   

*PS : Pardon  aux blogamis  non médecins que je ne délaisse pas, mais chez qui je passe un peu en speed   ces temps ci . promis  bientôt je vous reparle un peu plus de Table de matous et de verdure 
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Tu n'as pas demandé de mes nouvelles, j'étais malade face à toi et tu n'as rien remarqué.
oui ça va mieux merci .
ceci est l'autre fin possible pour ce post 

dimanche 5 octobre 2014

No Nego !


Certes nous médecins, et nous ophtalmos, étions quelque peu noyés dans la masse des manifestants : pharmaciens  dentistes et kinés étaient plus visibles.
Que nos dirigeants soient bien conscients que chaque feuille de soins papier sera accompagnée d'un tract expliquant notre action et qu'ils se souviennent que nos patients sont aussi
des électeurs.


Nous ne gagnerons pas en restant discrets et polis.
Aujourd'hui, on ne négocie pas !
NO NEGO  !
Non à la Loi Santé !
Non au tiers payant généralisé !










dimanche 21 septembre 2014

La loi de santé par Marisol Touraine, ministre du gouvernement le moins populaire de la cinquième république...

Rassemblement le 30 septembre 12h30 place Edmond Rostand Paris 
 

Avec l'autorisation du Dr Jérôme Marty,son auteur,  je publie cet article paru sur le site de l'UFML.

La loi de santé représente, pour le secteur public, comme pour le secteur privé, la menace la plus grande qu'ait connue la médecine.
Depuis l'avènement de la République, jamais un gouvernant (hormis dans les périodes les plus troubles, et encore, la formalisation était moins élaborée) n'avait osé imaginer que la médecine puisse être à ce point, dans tous ses secteurs, aux ordres.
L'intelligence et le bon sens "terrien" prévalaient jusqu'à ce jour sur les concepts énarchiques et, il restait à nos décideurs politiques encore un peu de vie réelle et d'humilité pour se rappeler qu'ils étaient tous des patients potentiels et, que la vie était comme une grenade dont la goupille pouvait à tout moment être arrachée, les projetant alors dans un monde où seuls, le savoir, la pratique, l'esprit de synthèse, la technicité, l'humanisme, l'expérience, le doute, faisaient le médecin qui pourrait retarder, stopper pour un temps l'explosion.
La loi de santé, pilotée par Marisol Touraine, ministre inamovible du gouvernement le moins populaire de la cinquième république, remet en cause ce simple principe, et invente le concept de caporalisation de la médecine.
La médecine y est carrée, répétitive, automatique, rassurante, faite d'abaques et de procédures, de protocoles et d'indicateurs. Tout y est tracé, mesuré, encadré. La volonté est de faire de la maladie une équation dont le dénominateur commun est l’intérêt économique et dont la finalité est d’effacer définitivement l'humain au seul profit de la normalisation du résultat.
Peu importe Pierre, Paul, Sylvie ou Dominique, seul compte le modèle de maladie, le dossier et son traitement et, plus encore, l'obéissance au schéma de soin défini par "l'instance", quelle qu'elle soit, validée par des non-médecins à l'importance aussi développée que l'ego et la fatuité... Représentants d'usagers, dès lors idiots utiles qui, sans même l'imaginer participent à la dégradation organisée du système, et  s'autodétruisent.
Je le dis, la loi de santé de Marisol Touraine, va détruire notre système de soins. La raison en est simple et, point n'est besoin d'être grand clerc pour la deviner : le modèle sanitaire choisi est le médecin obéisseur.
Obéisseur au sein du Tiers Payant Généralisé où le payeur immanquablement deviendra décideur, et où immanquablement, les médecins seront soumis à un conflit d’intérêt permanent, entre le soin dont relève leur patient et la demande exprimée par l'organisme rétributeur.
Obéisseur au sein des réseaux de soins, où, représentant de la marque (comme se plaît à le dire un président d'institut de prévoyance bien connu), le médecin n'est plus tout à fait indépendant, plus tout à fait libre, plus tout à fait médecin.
Le modèle choisi de médecine aux ordres de la courroie d'administration de l'Etat va également détruire le modèle hospitalier Français.
La raison en est là encore simple, il faut une réforme sociale, et le gouvernement n'a ni l'intelligence politique, ni le courage pour y faire face, seule prévaut dès lors la manipulation intellectuelle à coup de novlangues, d’esbrouffes et de tours de cartes.
Les médecins qui pratiquent des honoraires complémentaires y sont désignés coupables de fait, de "dépassements" d'honoraires, géniteurs des inégalités d'accès aux soins, alors qu'ils ne sont qu'adaptations aux choix de ces mêmes politiques qui de médiocrité en facilité n'ont jamais eu la volonté d'augmenter les actes des praticiens à leur juste valeur...
De culpabilité à jugement il n'y a qu'un pas que la loi de santé franchit sans difficulté, (l'avantage du vide est qu'on y avance facilement), et, la création de la tare permet l'éradication de son milieu : les cliniques ou hôpitaux publics d'exercice des médecins à honoraires complémentaires, voient leurs existences même menacées par les Agences Régionales de Santé, qui veillent à l'application de la loi.
Les ARS consacrées maîtres du jeu par la loi de santé, veillent à l'application de ces règles et à l'obéissance des médecins qu'elles orientent, pénalisent ou gratifient. Partenaires des organismes financeurs, elles organisent le système, écartent les médecins de tous secteurs, du pouvoir décisionnel ou organisationnel. Elles n'ont qu'un but : l'encadrement. Qu'une priorité : le résultat économique aux seules fins de résultats politiques.
Peu leur importe que chaque homme soit différent, que chaque médecin ait également son histoire, l'obéisseur doit créer de l'obéissance, l'encadré doit créer du cadre !
La loi de santé est l'avènement d'un nouveau paradigme, celui du passage de l'obligation de moyens, à l'obligation de résultats, celui de la primeur de l’intérêt économique sur l’intérêt médical, celui de l'ascendant administratif sur le praticien, elle est l'avènement de la dépersonnalisation médicale. Elle est la porte ouverte à tous les risques, tous les abus, le médecin n'est plus qu'un outil au service du plan, la déontologie n'y est qu'accessoire et variable suivant les intérêts du moment, l'humain n'y a que peu sa place, effacée par la cohorte.
Cette loi est pour chacun de nous inacceptable. Parce-que nous sommes médecins, simplement parce que nous sommes médecins !
Parce-que notre rôle notre mission doit être parfois au-dessus des lois, nous nous devons de désobéir.
Parce-que nous savons l'humain, nous ne pouvons accepter la marchandisation et la financiarisation de l'être, nous devons désobéir.
Parce-que nous savons que seules notre liberté et notre indépendance garantissent celles du patient, nous devons désobéir !
Refuser la loi de santé n'est pas une posture politique, c'est notre devoir de médecin, notre devoir d'homme, et face à l'abomination que cette loi représente, il n'est qu'une possibilité, son retrait total.