" Les Héritiers du Bataclan
Chronique d’une soirée où la musique a dû se battre pour exister.
Paris, Philharmonie de la Villette, Jeudi 6 novembre 2025
Le programme annonçait Mahler.
Un peu de paix, un peu d’élévation, la promesse d’une soirée tranquille.
Et puis non.
Il y a eu des cris, de la fumée, cette odeur de soufre qu’on croyait réservée aux stades ou aux manifs. Trois interruptions, une poignée de perturbateurs, quatre gardes à vue.
Et la musique, têtue, obstinée, qui reprend son comme si de rien n’était.
Toujours. Un rappel cruel ! dix ans après le Bataclan, la haine islamiste et la bêtise gauchiste n’ont pas déserté nos salles de concert.
Un peu de paix, un peu d’élévation, la promesse d’une soirée tranquille.
Et puis non.
Il y a eu des cris, de la fumée, cette odeur de soufre qu’on croyait réservée aux stades ou aux manifs. Trois interruptions, une poignée de perturbateurs, quatre gardes à vue.
Et la musique, têtue, obstinée, qui reprend son comme si de rien n’était.
Toujours. Un rappel cruel ! dix ans après le Bataclan, la haine islamiste et la bêtise gauchiste n’ont pas déserté nos salles de concert.
I. L’orchestre et la meute
Vingt heures pile. Lahav Shani lève la baguette.
Devant lui, l’Israël Philharmonic Orchestra, solide, concentré.
Dans la salle, un public de mélomanes, ce peuple paisible qui croit encore que la beauté peut réparer un peu le monde.
Et soudain : une lueur rouge, une épaisse fumée, des slogans.
Les premières notes de Mahler s’étouffent dans la brume.
On ne sait plus trop si on assiste à un concert ou à une mise en accusation publique.
La musique devient coupable par simple présence.
Les agents de sécurité arrivent, quelques spectateurs protestent, d’autres s’emportent.
Un violon reste suspendu dans le vide.
Le chef, impassible, attend.
Main levée, visage fermé, on dirait qu’il espère que la mer se referme d’elle-même.
Devant lui, l’Israël Philharmonic Orchestra, solide, concentré.
Dans la salle, un public de mélomanes, ce peuple paisible qui croit encore que la beauté peut réparer un peu le monde.
Et soudain : une lueur rouge, une épaisse fumée, des slogans.
Les premières notes de Mahler s’étouffent dans la brume.
On ne sait plus trop si on assiste à un concert ou à une mise en accusation publique.
La musique devient coupable par simple présence.
Les agents de sécurité arrivent, quelques spectateurs protestent, d’autres s’emportent.
Un violon reste suspendu dans le vide.
Le chef, impassible, attend.
Main levée, visage fermé, on dirait qu’il espère que la mer se referme d’elle-même.
II. Mahler après le tumulte
Les perturbateurs sont évacués, la salle retient son souffle. Un silence étrange, lourd, presque sacré. Et puis, sans un mot, les musiciens reprennent.
Exactement là où ils s’étaient arrêtés.
Même mesure, même respiration.
Comme si rien ne pouvait vraiment interrompre Mahler. Le public se lève, applaudit.
Pas seulement la musique, mais quelque chose de plus profond, une idée, une dignité, une forme de résistance. Oui, il y aura enquête, plainte, communiqués.
Mais ce qu’on retiendra, ce n’est pas le vacarme.
C’est la musique, debout, invincible.
Exactement là où ils s’étaient arrêtés.
Même mesure, même respiration.
Comme si rien ne pouvait vraiment interrompre Mahler. Le public se lève, applaudit.
Pas seulement la musique, mais quelque chose de plus profond, une idée, une dignité, une forme de résistance. Oui, il y aura enquête, plainte, communiqués.
Mais ce qu’on retiendra, ce n’est pas le vacarme.
C’est la musique, debout, invincible.
III. Le vieux combat
Rien de nouveau sous le soleil.
Chaque siècle a ses briseurs de beauté.
Hier, on brûlait Alexandrie ou les statues d’Athènes. Aujourd’hui, on hurle dans les salles, on brouille les concerts, on s’indigne à pleins poumons.
Les fanatismes changent de costume, pas de nature. Même peur du fragile, même haine de ce qui échappe aux slogans.
Et toujours, c’est l’art qui prend les coups.
Chaque siècle a ses briseurs de beauté.
Hier, on brûlait Alexandrie ou les statues d’Athènes. Aujourd’hui, on hurle dans les salles, on brouille les concerts, on s’indigne à pleins poumons.
Les fanatismes changent de costume, pas de nature. Même peur du fragile, même haine de ce qui échappe aux slogans.
Et toujours, c’est l’art qui prend les coups.
IV. Le dernier mot à la musique
Quand le dernier accord s’est éteint, il y a eu ce silence rare, celui qu’on n’ose pas briser.
Les spectateurs sont restés un instant immobiles, les yeux brillants.
Puis lentement, ils sont sortis. On se saluait, on se murmurait quelques mots.
Une chaleur douce planait encore, comme après une épreuve.
C’était une prière sans Dieu, une prière laïque.
Notre manière de dire : vous n’aurez pas nos violons.
Les spectateurs sont restés un instant immobiles, les yeux brillants.
Puis lentement, ils sont sortis. On se saluait, on se murmurait quelques mots.
Une chaleur douce planait encore, comme après une épreuve.
C’était une prière sans Dieu, une prière laïque.
Notre manière de dire : vous n’aurez pas nos violons.
V. Épilogue
On appelle ça un incident.
Peut-être. Mais c’est aussi un signe, un écho : chaque fois que la musique veut unir, le vacarme cherche à diviser.
Chaque fois qu’une note s’élève pour dire “paix”, quelqu’un essaie de l’étouffer.
Les siècles passent, les visages changent, mais la scène reste la même :
au centre, un musicien qui joue,
autour, le bruit des certitudes.
Et, obstinée, la musique recommence.
Parce qu’elle sait, mieux que nous,
que sans elle, le monde finirait désaccordé."
Peut-être. Mais c’est aussi un signe, un écho : chaque fois que la musique veut unir, le vacarme cherche à diviser.
Chaque fois qu’une note s’élève pour dire “paix”, quelqu’un essaie de l’étouffer.
Les siècles passent, les visages changent, mais la scène reste la même :
au centre, un musicien qui joue,
autour, le bruit des certitudes.
Et, obstinée, la musique recommence.
Parce qu’elle sait, mieux que nous,
que sans elle, le monde finirait désaccordé."
Analyste indépendant, observateur des dynamiques institutionnelles et géostratégiques.
Auteur de plusieurs ouvrages.-

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