C'est un samedi comme les autres
J'aime flemmarder devant mon café (mes cafés : arabica pur what else ?) et les amis savent que le samedi matin, toute
cafetière vidée se remplit rapidement pour une nouvelle tournée, avec réunion au sommet des Escalators présents.
Travailler un samedi ? vous plaisantez ! non pas de sentiment religieux là derrière (c'est shabbat :-)) non juste un
gros ras le bol et impression de m'être fait manger la laine sur le dos pendant des années :
en début d'installation j'ouvrais le samedi pour arranger les patients qui ne pouvaient venir en semaine,
jusqu'à ce que je constate que ces gens qui ne "pouvaient que le samedi" prenaient leur journée en semaine pour aller voir les autres médecins ou dentistes ou alors je les
rencontrais dans la ville à la terrasse des bistrots en semaine ... bref , agacé, j'ai décidé que la norme serait "pas question le samedi".
Bon je retourne à mon cinquième café (en perfusion) .
Avec les copains de passage, nous discutons ainsi jusqu'à 11 heures ; à ce moment, je file à ma répétition d'orchestre.
(voir post précédent)
C'est là qu' une consoeur généraliste s'invite sur mon portable ; après les salutations d'usage :"vous ne pouvez plus vous
passer de moi !" (c'est ma petite blague perso pour dire que je l'écoute ) je comprends qu'il s'agit d'une urgence qui n'attendra pas la fin de mon cher week end ...je promets donc de
m'en occuper en début d'après midi .
A la fin de ma répétition, je passe à mon cabinet pour récupérer le dossier de la personne malade et je téléphone à
l'institution où elle est hébergée pour tenter d'obtenir qu'on l'amène devant ma lampe à fente.
Impossible me répond on , le samedi nous n'avons pas le personnel pour vous amener les malades(200 mètres à tout casser me
séparent de la dite institution).
Résigné , je remplis ma saccoche(celle achetée du temps où je croyais devenir médecin généraliste) avec le nécessaire à
visites : dossier patient , ophtalmoscope, transilluminateur de Findhorn, fluo , tertracaine feuilles de soins...
En même temps que je fourre tout ça en vrac, j'écoute le répondeur : autre urgence vraiment urgente (la voix de
la mamie juste opérée ne trompe pas) à voir à domicile également... J'ai de la chance : les deux personnes à visiter sont quasi voisines.
J'ai quand même le temps de rentrer pour manger et j'irai en visite en début d'après midi ...
(eh oui, les urgences vitales à voir immédiatement en lâchant tout ce qu'on fait sont rares en ophtalmo)
La première personne décompense une keratite grave et souffre atrocement. Je confie à la responsable de l'institution mes
deux doses de tétracaïne pour calmer et attendre l'effet du traitement. Comme on est samedi, il n'y a pas d'infirmière et les explications sont plus longues.
je passe à la deuxième urgence :
Me voilà dans la maison de retraite où vit Mamie Colette qui n'a pas répondu à mon coup de fil lui annonçant ma venue. Elle
est toute contente de me voir, le médecin est passé la voir juste avant moi et les collyres sont là tout neufs posés sur sa table. Je l'examine, mais là, je tombe sur un os :
c'est un oeil opéré, il y a un ulcère, je ne m'en sortirai pas sans lampe à fente. Après réflexion je kidnappe Colette dans ma voiture pour l'emmener à mon cabinet.
J'en vois quelques uns qui se demandent pourquoi je prends ma voiture pour faire 200 malheureux
mètres : à ceux là je répondrai que j'ai appris que traverser ma ville en voiture m'évitait d'être stoppé tous les 50 mètres par mes patients impatients de savoir quand je vais
rouvrir mon cabinet (exemple là)
et que dans le cas présent Colette marche lentement et je rapelle qu'on est samedi après midi...
J'ai bien fait de déposer Colette devant ma lampe à fente : il faut, sans trainer, un traitement spécifique, je ne l'aurais pas vu sans.
Comme je fais peu de visites à domicile, que je ne connais pas la valeur du V ou du VS, je facture cette consultation 28€(le seul prix stable depuis 2002
!)
Quand Colette me tend son chèquier qui s'est ouvert sur le talon du chèque précédent, je découvre que la valeur du V est 33€. (trop tard pour refaire une feuille de
soins).
En raccompagnant Colette, une demi heure plus tard, je m'autorise à penser que :
-mon samedi est déjà salement entamé,
-il est trop tard pour ma partie de go hebdomadaire
-je ne serai jamais riche
-il s n'auraient pas voulu de moi comme tueur à gages
-dommage que je sois athée parce que là, j'ai peut être gagné un strapontin en
paradis
(rayez la mention inutile)
Bon, maintenant, dans un autre ordre d'idées, allez lire d'urgence
la lettre d'amour qu'écrit mon confrère genou des alpages à sa caisse de sécu préférée...et aussi le
dernier post de ma consoeur Fluorette sur les médecins qui partent en vacances.
z
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