C'est un moment que j'attends avec impatience : Mai Paris le congrès, c'est comme une friandise, une récompense, mais aussi cette sourde inquiétude de rater un enseignement important, de faire un mauvais choix.
Rencontrer les amis , étudier, écouter, marcher dans Paris à la limite de mes forces, m'emplir de chaque scène de rue en prenant soin de garder le masque blasé du parisien.
La veille a été consacrée au tourisme et à la "prise de marques" : notre logement parisien est agréable le quartier est sympa. Avec Gabrielle, nous avons repris la visite des serres du jardin des plantes puis siroté un thé à la menthe à la mosquée et redécouvert la galerie de botanique.
Le soir nous avons dégusté un canard laqué sublime dans un restaurant chinois chic.
Mais cette année est différente :
-Zigmund chat est malade , vieillit mal, et nous sommes inquiets, pourtant nous ne partons pas bien longtemps et nous l'avons confié (ainsi que Mademoiselle) à des amis qui prendront bien soin de lui.
-j'ai fait cette année beaucoup de voyages éclair à Paris pour des manifestations contre la loi santé en plus de mes voyages pour les congrès : je ne suis pas blasé, loin de là, mais la fatigue se fait vraiment sentir.Ces voyages agissent comme une drogue, me donnent la pêche pour quelques jours mais le retour seul dans mon cabinet est à chaque fois une épreuve.
-le fossé avec mes collègues se creuse ; générationnel mais pas seulement : sans doute beaucoup pensent qu'il est ridicule de s'engager ainsi dans un combat contre une loi déjà quasiment votée...de mon côté, je n'arrive pas à me taire, effaré par les conséquences de cette loi. Il m'est pénible d'en voir beaucoup jouer à "tout va très bien madame la marquise"(ce que certains d'entre nous, sur un forum presque privé appelleront peut être le "syndrome OCT" ).Néanmoins ce n'est pas le moment de flancher, car doucement les marques bougent.
-Et puis il y a les amis qui me viendront pas cette année... le coeur serré je repense à l'au revoir à celui qui a guidé mes pas en ophtalmologie. Jusqu'au dernier moment j'ai réussi à refuser l'évidence de cette absence. Me voilà seul ou presque... Machinalement j'ai laissé une place vide à côté de moi dans chaque amphi où je suis passé en imaginant qu'il viendrait discuter avec moi, échanger des banalités, parler de ses aspirations ou exprimer ses combats du moment. La distance n'est pas si grande je pourrais facilement aller lui rendre visite, je serais sans doute bien reçu, mais nous savons que la magie de ce rendez vous annuel serait à jamais rompue.
Monsieur, si par hasard vous lisez ces lignes, sachez que mon silence n'est ni oubli ni indifférence ; je me permets de vous dédier la chanson qui suit et cet extrait de Satyagraha que vous aimiez bien.
Tant que je viendrai au congrès de la société française d'ophtalmologie, je garderai cette place libre virtuelle pour vous.
"poor lonesome cowboy long way from home, nous vous souhaitons bonne route"
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il y a beaucoup de choses, dans ce billet, beaucoup de choses...
RépondreSupprimervrai Adrienne mais encore plus de non dits :-)
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