Mon premier post de cette année ne concernera pas des voeux de bon aloi toujours un peu sirupeux.
Pour ce premier post j'ouvre les colonnes de ce blog à Elsa Fayad administratrice du groupe facebook "le divan des médecins " (dont je suis un membre silencieux)
Ce droit de réponse aurait été refusé par le nouvel obs. Il n'en fallait pas plus pour que je demande à le publier alors que jusqu'à présent je m'étais tenu loin de la mêlée médiatique.
Elsa c'est à vous :
DROIT DE REPONSE AU NOUVEL OBS’ (version refusée)
Administratrice du Divan, j’ai
récemment découvert votre article ainsi titré : «Quand les seins tombent comme
ça, je refuse la consultation. Sur Facebook, 11 000 médecins violent leur
serment », rebaptisé un peu plus tard.
Il est vrai que c’était aller un peu vite en besogne.
Un peu comme tout le reste, soit dit au passage. Car non, le travail
journalistique ne se résume pas à « solliciter une dizaine de membres », dûment
choisis d’un groupe qui en compte plus de 11 000. Non, le travail
journalistique ne se résume pas à souligner et noter en gras des mots et
phrases chocs, tirés de témoignages qui n’engagent que ceux qui les ont
prononcés, et citer une certaine « majorité des personnes que nous avons
interrogées », sur un échantillon déjà ridiculement faible.
Je pense notamment à « Bruno, soignant », qui ainsi
exprime son point de vue : « la grande partie de ce qui se passe là-bas, c’est
à vomir. C’est tellement dégueulasse que ça annihile tout aspect positif. ». A
Elsa, qui témoigne « d’un manque de respect systématique » à l’égard des
patients.
Savez-vous, chères Mesdames journalistes, qu’une
écrasante majorité de membres du Divan, ou même d’éventuels « invités
temporaires », aurait une opinion parfaitement contraire ? Savez-vous qu'ont
été partagées plusieurs dizaines de témoignages spontanés de médecins du Divan,
attestant de l'aide majeure qu'a pu leur apporter ce groupe, à titre personnel,
professionnel, pour eux, leurs patients, leurs familles, pour des cas précis,
sérieux, graves, résultats tangibles à l'appui ?
Savez-vous que tous ces médecins, parfaitement
innocents de tous les sombres méfaits que vous cherchez à leur attribuer,
ces médecins qui exercent leur métier avec professionnalisme, passion et
dévouement, se sentent bafoués ?
Savez-vous qu’objectivement, il est extrêmement facile
de réfuter nombre de vos allégations ? Savez-vous également que Bruno, Ana et
d’autres avaient la possibilité de me contacter ou signaler les commentaires ou
publications litigieuses afin que nous puissions les supprimer si besoin ?
Voire même contacter leur auteur, voire même porter plainte puisque vous
mentionnez un « caractère pénal » ! Nous sommes dans un pays de droit, que
chacun utilise les siens à bon escient.
Pour ma part, la présentation que vous faites de ce
groupe me paraît outrageante et erronée. Vous jetez l’opprobre sur toute une
communauté professionnelle, vous basant sur quelques allégations et erreurs
individuelles, qui ne devraient engager que leurs auteurs, le cas échéant.
C’est du moins ainsi que fonctionne la justice. Il n’y a pas de place à l’à peu
près, restons donc précis, puisque vous souhaitez endosser le rôle de
justiciers.
Par exemple, il semble inexact de présenter comme « à
caractère pénal », honteux ou scandaleux le fait de partager des photos et
vidéos de patients, de pieds, ou même d’anus ou de seins, à partir du
moment où lesdits patients ne sont pas identifiables, sans que soit
formellement requis le recueil formel de leur consentement. Savez-vous que les
médecins traitent l’intégralité du corps humain ? Souhaiteriez-vous que toutes
les pathologies concernant des zones intimes soient sous-représentées, moins
étudiées, moins soignées ? Un peu comme ces patients qui laissent évoluer des
lésions jusqu’à un point de non-retour, par pudeur ?
Alors je ne vous cache pas que oui, les images et
vidéos médicales sont parfois « trash ». Faudrait-il s’en excuser ? S’excuser
de devoir traiter de pathologies qui ne satisfassent pas à un idéal aseptisé
que peut-être vous préféreriez ? Oui, durant notre formation et plus tard, nous
devons nous habituer à voir des « choses horribles ». A les prendre en charge,
sans tourner de l’œil ou s’en émouvoir outre mesure, pour rester focalisé sur
notre mission de soin. Et effectivement, les images peuvent choquer, les
situations aussi, vous comprendrez donc pourquoi nous avons opté pour un groupe
fermé.
Vous mentionnez avoir réussi à retrouver l’identité
d’une patiente dont la radio a été publiée. Belle victoire. Effectivement,
c’est mal, c’est une erreur, à « caractère pénal ». Si vous souhaitez inciter
ladite patiente à porter plainte contre le médecin qui souhaitait recueillir
des avis spécialisés sur son cas, si vous, Ana, Bruno et les autres, pensez que
cela est une noble cause, ne vous en privez pas. Permettez-moi simplement de
vous faire part de mon dégoût.
Le même que nous partageons pour les propos «
grossophobes, sexistes, transphobes, homophobes et racistes ». Vous les comptez
par centaines, c’est étrange. Vous, ou Ana, ou Bruno plutôt, puisqu’il semble
que vous n’avez pas accès direct au groupe. Comme je vous l’ai dit, ni moi, ni
mes collègues administrateur et modérateurs ne sommes « grossophobes, sexistes,
transphobes, homophobes et racistes ». Ni, espérant que cela ne vous décevra
pas, la grande majorité des médecins. Oui, la grande majorité. Oui, car il y en
a sûrement, comme dans toute la population, et, comme dans toute la population,
de moins en moins. Vous pourrez donc, si vous le souhaitez, si vous le jugez
nécessaire et utile au fonctionnement de la démocratie et de l’information du
citoyen, titrer ainsi un prochain article : «L’administratrice du groupe
controversé de médecins reconnaît l’existence de praticiens grossophobes,
sexistes, transphobes, homophobes, et racistes ! ». Vous pourriez peut-être y
rajouter « islamophobes, antisémites, sinophobes », ou autre, je suis certaine
qu’il en existe ! Ou peut-être trouver un terme plus générique ? A vous de voir
!
Vous nous rappelez gracieusement que « la liberté
d’expression n’est pas absolue : propos injurieux ou discriminatoires,
racistes, homophobes et sexistes sont punis par la loi ». Je vous rappellerais
pour ma part que ses limites peuvent également se trouver ailleurs, sous votre
plume peut-être ? Vous rappellerais également, en ce triste jour
anniversaire, que la liberté d’expression reste un pilier fondamental de
notre société, qu’il serait peut-être de bon ton d’éviter de condamner
aveuglément tout ce qui pourrait heurter la sensibilité de certains. Sans quoi
notre pays ne serait pas ce qu’il est. Donc oui, la pelle, c’est un symbole.
Oui, les patients qui réclament des arrêts de travail de complaisance : la
pelle. Oui, les journalistes qui déforment les faits : la pelle. Oui, les
médecins connards, et d’ailleurs, les connards quels qu’ils soient : la pelle.
Et le marteau du juge s’il le faut.
Au passage, les termes employés par ce cher Bruno au
sujet du « petit ramassis d’hommes blancs hétéros qui se pensent au-dessus de
tout le monde », sont pour le moins discutables.
Vous évoquez l’impossibilité d’authentifier
parfaitement toute demande d’adhésion. Avez-vous lu les réponses aux questions
que vous m’avez envoyées en dernière minute ? Ou ne souhaitiez-vous que
récolter quelques éléments qui pourraient agrémenter votre entreprise de dépréciation,
pour ne pas dire plus ? Je me répéterais donc ici : il ne s’agit que d’un
groupe Facebook, nous n’avons pas de prétention invraisemblable, et ne détenons
pas de secret d’état. Certes, parmi les plus de 11 000 membres, vous pourriez
effectivement en trouver quelques-uns ayant tenu des propos « à caractère pénal
». Notre ami Bruno les a d'ailleurs déjà estimés à "vingtaine de
personnes". Merci Bruno. Allons plus loin : cela fait une estimation
d'environ 0,2 %.
Alors vous, Bruno, Elsa ou Ana, pourriez éventuellement
attaquer ces 0,2 % en justice. C'aurait été nettement plus sain, honnête et
responsable que tabler sur un pseudo-scandale monté de toutes pièces et visant
à discréditer toute une profession, et pas des moins estimables, à mon humble
avis.
Quand vous aurez terminé de fouiller les milliers de
commentaires et publications du Divan, je vous invite à élargir votre mission
judiciaire à l’ensemble du réseau Facebook, vous souhaitant le plus grand des
courages et vous prêtant main forte si nécessaire. Pour l’anecdote, j’ai
justement fait supprimer plusieurs commentaires notamment sous des articles de
presse, à caractère haineux, discriminatoires et racistes.
Par ailleurs, à titre personnel également, n'ai jamais
été très friande de "carabinage" ou "ambiance salle de
garde", au point de les avoir soigneusement évités tout au long
de mon cursus. Pour autant, la censure ne fait pas partie
de mes idéaux. La lutte contre les incitations à la haine et
discriminations, si. Et non, le Divan n'est pas rempli de photos
cochonnes et scabreuses, au risque d'en décevoir certains. Ce n'est pas sa
vocation première, et ne le sera pas.
Pour terminer, je ne comprends pas bien la dernière
phrase de votre article. « Mais que fait-on du Divan ? ». Auriez-vous usurpé
mon identité ou celle de mon co-administrateur ?
Il y aurait encore tant de choses à dire, mais je
m'arrêterai là.
Divanaisement,
Elsa Fayad
Le 07/01/2020
avant de lire je me suis dit: après la table, le divan, ce cher Zigmund va nous faire le tour de ses meubles ;-)
RépondreSupprimermais il s'agit de choses graves...
outre la Table j'étais sur d'autres luttes la réforme des retraites et la captation des réserves de notre caisse autonome et je suivais de loin l'histoire du divan mais j'ai un gros défaut : je ne supporte pas la censure et "l'ordre moral" ...en quelques jours ma table s'est couverte à nouveau mais c'est encore gérable Le tout est de ne pas se laisser envahir et ça c'est pas gagné
RépondreSupprimerj'ai suivi cette affaire du divan (j'aime bien ce groupe de médecins généralistes). J'y ai participé discrètement. C'est enrichissant. Mais depuis peu je me pose des questions ... éthiques. Non pas pour l'esprit carabin qui est une chose quasiment obligatoire pour des médecins mais pour d'autres faits qui ont un rapport avec la gestion et la modération.
RépondreSupprimerj'aurais du mal à répondre ça fait qq mois que je ne suis pas allé sur le divan faute de temps
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