Quelques médecins engagés contre la Loi Santé ont reçu cet article extrait d'une revue.
J'ai souhaité le partager ici et il a été adressé à l'UFML.
Après avoir été une nouvelle fois traités de poujadistes voire de mouvement "à la droite de la droite" ( Libé gauche esturgeon ), il est bon de voir que nos idées font du chemin dans le monde ouvrier.
Je me suis permis quelques modifications de forme *.
Je souhaite ici mettre en lumière cet article signé Furaxissimus.
L’Anarcho-syndicaliste
– N°189 – Septembre 2015 (Page 6)
Nouvelles du monde de la Santé
La loi Santé
de Marisol Touraine : une machine de guerre au profit du marché de la santé
A l’heure de
« l’ubérisation » généralisée, à grands coups-bas de propagande, sous
prétexte de mieux satisfaire « l’usager », une machine de guerre
intitulée « Loi Santé 2015 » va complètement dépouiller le fameux
« usager », l’ex-patient, particulièrement d’un bien très précieux et
convoité : ses données de santé, personnelles et confidentielles.
Le monde de la Santé libérale est en
ébullition.
Alors que l’Hôpital Public, de réforme
en réforme, ferme ses services d’urgence (Hôtel-Dieu à Paris, à Valognes, à
Condom, etc…), qu’on les restructure public-privé à tout crin, que les médecins
hospitaliers (étrangers pour la plupart et sages comme des
« migrants ») sont passés, via les Pôles, sous les fourches caudines
des administrateurs (les cadres de santé), les médecins libéraux se révoltent.
Un mouvement de désobéissance civile
sans précédent, dont aucun média ne parle, secoue les médecins libéraux qui
seront en grève du 3 au 6 octobre.
Devant l’inertie des syndicats professionnels chargés de « défendre leurs
intérêts matériels et moraux » - certains les appellent « syndicats
horizontaux couchés » car souvent signataires du pire – des coordinations
naissent et se rassemblent, tentant d’avertir leurs patients de
-
La
fin du secret médical
-
La
dépendance annoncée du médecin libéral aux financiers
-
La
surveillance de sa pratique
-
La
création d’une base de données des patients, via le « Dossier National
Médical Personnel »
Faisant,
comme le dit le docteur Jérôme Marty de l’UFML (Union française pour une
médecine libre) : « du médecin
‘’un outil’’ et du patient ‘’ un chiffre’’ », sous le leurre très
séduisant du Tiers payant généralisé.
Loi du 9
janvier 2012, mutuelles obligatoires : la fin du salaire différé
Les médecins libéraux ont pris
conscience de la fin de la solidarité nationale qu’était la Sécurité Sociale,
solidarité entre jeunes et vieux, solidarité entre mal-portants et
bien-portants, via les cotisations salariales et patronales correspondant au
salaire différé.
Ce budget considérable, dont on a dit
pis que pendre depuis la signature du traité de Maastricht (1992), ce budget
convoité glissera, grâce à Marisol Touraine et à sa loi santé dans l’escarcelle
des Mutuelles, qui, elles, feront fi de la solidarité et de la répartition pour
calculer le risque et exploiter le gisement de données colossal que sont les données
de santé des patients !
- Il n’est que d’écouter Guillaume Sarkozy, président de
Malakoff-Médéric : « Imaginons
des médecins connectés avec les meilleures pratiques médicales de la
planète via leur
I-pad, pour établir le diagnostic, et qui passeraient ensuite par une
application Malakoff-Médéric pour établir l’ordonnance et se faire payer…Tandis
que l’ordonnance serait transmise aux pharmaciens via le mobile de l’usager.
C’est ainsi qu’il faut imaginer le médecin de demain. ».
- Plus pragmatique encore,
cet exemple : vous êtes myope, votre myopie augmente, c’est alors votre
cotisation-santé à votre mutuelle qui augmentera, mais pas seulement, la
cotisation d’assurance multirisques de votre véhicule, aussi, car les risques
d’accident augmenteraient si vous ne voyez pas bien.
- Déjà, dans les années 90, l’économiste de la santé, Claude Lepen, dans son ouvrage « Les Habits
neufs d’Hippocrate », vilipendait le Diplôme du médecin (ubérisation,
vous dis-je !) en disant : « Pourquoi mettre douze ans à former un médecin puisque nous
connaissons les protocoles actifs sur 80% de la pathologie ? ».
Et d’imaginer, alors, des logiciels confiés à des plates-formes où des
« professionnels de santé » - vive le glissement sémantique et
la novlangue ! – appuieraient sur leur clavier numérique en visualisant une
consultation filmée à distance. C’est l’e-santé
ou la télémédecine.
« Les
maisons de santé » : éruption contagieuse sur le territoire
Conséquence : efflorescence de « maisons de santé »
sur le territoire, sans médecins à mettre dedans, financées la plupart du temps
par la MSA (Mutuelle sociale agricole), très coûteuses en général…Il ne faut
pas chercher bien loin les raisons de l’explosion des dépenses de kiné et de
soins infirmiers, dénoncée par la Cour des comptes, dans son dernier rapport !
Pour calmer la fièvre : des
élections…
Devant la grogne généralisée de leur base, les syndicats
professionnels emboîtent le mouvement et même le Conseil national de l’ordre
des médecins. Des élections professionnelles aux « Unions régionales des
professions de Santé » sont organisées pour le 12 octobre 2015, pour
mesurer la représentativité des organisations. De quoi bien les occuper et
tenter d’éviter de voir l’information des citoyens, patients et futurs
patients, s’étendre…
En conclusion
Après la désindustrialisation
dans le monde du travail, la démédicalisation et la propagande
à la télévision sont des outils bien efficaces pour détruire le système social
solidaire de 1945 organisant la distribution des soins à toute la population, système souple et performant qui avait fait ses preuves
(déclaré, par l’OMS, à la première place en l’an 2000).
Il est dommage de voir les appareils syndicaux chercher, via la
lucrative formation médicale continue, plus une planque qu’un outil de
contestation et de revendication.
Furaxissimus
* transformé e-pad en I-pad et enlevé le "tout majuscules" sur le nom de Claude Lepen