jeudi 21 mai 2009

Mireille en mauve

Voici   la   consigne  #61   du  défi  du  samedi 

comme toujours des textes étonnants , certains carrément excellents à lire 

Mme Katia Laipouls-Scière                                           Vendredi 15 mai 2009
Aide-soignante de jour
à la Résidence des Écureuils
28*** Berdoncière


Madame, Mademoiselle ou Monsieur,
Madame Mireille Icks vient de décéder, à l’âge de 94 ans, le 8 mai 2009, à la maison de retraite des Écureuils de Berdoncière.

Avant de mourir, elle m’avait confié un petit agenda très usagé. J’y ai trouvé toutes les adresses notées au cours de sa longue vie. Certaines semblaient très anciennes. La vôtre y figurait.

Quels étaient vos liens avec Madame Mireille ? A quelle époque de sa vie l’aviez-vous fréquentée ? Quels souvenirs avez-vous conservés d’elle ?

Je ne l’ai connue que fort âgée. Elle se livrait peu. Je voudrais que vous m’aidiez à me faire une idée de son passé. J’ai entrepris d’écrire à toutes les personnes dont je suis parvenue à déchiffrer les adresses.

Je lirai toutes les réponses et, au cimetière, je brûlerai votre lettre et laisserai tomber les cendres sur la modeste tombe de Madame Mireille. J’étais seule à suivre son enterrement.

Vous serez aimable de m’envoyer votre lettre à l’adresse suivante : samedidefi@hotmail.fr, vous prendrez la précaution de préciser : “Tentative d'esquisser le portrait d'une inconnue.”

Je vous prie d’agréer, Madame, Mademoiselle ou Monsieur, l’expression de mes sentiments les plus dévoués.

Katia L.-S.
P.S. : Ne vous étonnez pas qu’une aide-soignante d’une maison de retraite de campagne sache rédiger une lettre sans trop de  fautes d’orthographe, j’ai profité d’un des rares moments de lucidité hebdomadaire d’un gentil vieux monsieur de la résidence qui a accepté de relire mon brouillon en échange d’une sucrerie proscrite par la faculté “diafoirine”.



Mireille en mauve (Zigmund )


Chère madame,
Ce sont mes parents qui m’ont présenté Mireille, qui militait à leurs côtés dans divers mouvements laïcs, roses ou rouges.
C’était ce qu’à l’époque on appelait une vieille fille, (effectivement déjà âgée,) je dirais une femme libre. Son grand regret était de n’avoir pas pu devenir institutrice à cause d’une tuberculose ; c’est cette maladie qui l’avait fait renoncer à l’amour de sa vie, un soldat américain rencontré à la libération. (À cette époque, on décourageait les malades d’avoir des enfants). En peu de temps elle était devenue ma copine, et je n’avais qu’à traverser  la rue entre la fac où j’étais étudiant et sa mansarde pour me faire offrir un café ou un alcool... «  ne dis pas à ton père que je te saoule ! ».
Capable de distribuer des tracts ou de vendre l’huma en manteau de fourrure, ou alors entièrement habillée de violet, sa couleur préférée, elle faisait figure d’excentrique, même parmi ses amis «anarchistes ». Nous allions ensemble à l’opéra et je me souviens qu’au sortir de la belle Hélène,  nous chantions à tue tête « avouez que ces déesses ont de drôles de façons…pour enjôler les garçons ».(c'est  bien  plus   tard   que j'ai connu les  vraies  paroles )
 Quand elle a eu un peu de sous, elle s’est construit une jolie maison, qu’elle a nommée « guette l’ami », avec une salle de bains entièrement violette. (Nous avions mission de lui procurer le papier hygiénique mauve assorti  ce qui était rare à l’époque). 
 Plus tard mes activités m’ont éloigné d’elle, mais je ne l’ai pas oubliée.
 Je sais que c’est elle qui a pris la décision d’entrer en maison de retraite quand elle s’est sentie trop faible. Je n’ai pas pu lui rendre visite, le peu qui lui restait de famille était plus intéressé qu’intéressant. Ces ignorants se sont probablement hâtés de brader ses livres chéris. Quant à ses amis, ils étaient  très âgés, et n’ont pu se rendre disponibles pour aller la voir.
 Je constate avec fierté qu’elle est allée jusqu’au bout de ses convictions : je suppose que si vous étiez seule à suivre son cercueil c’est aussi parce qu’elle avait tenu bon et exigé un enterrement civil dans un environnement extrêmement calotin. Je vous joins un chèque afin que vous déposiez de temps en temps une rose rouge sur sa tombe. Merci de l’avoir accompagnée à la fin de son chemin.

dimanche 17 mai 2009

Lutèce


17 Mai 2009 , Rédigé par ZigmundPublié dans #voyage

Au moment où j'étais en train d'écrire et de charger les photos de cet article, entre autres pour faire plaisir à Iowa girl,  je suis allé faire un petit tour chez elle et, rouge de confusion, j'ai découvert cette chanson  qu'elle me dédie.
Pour la remercier, je lui dédie ces photos d'un Paris un peu différent,  et cette vidéo, hélas statique, en espérant qu'elle n'est pas opéra phobe (scène finale des remerciements de l'enlèvement au sérail de Mozart)
.Le congrès de la société d’ophtalmologie est pour une partie des habitants de l’esKale (surnommés les « esKalators ») l'occasion de passer quelques jours à Paris. Je vous raconterai  plus tard la partie "congrès…Bien que studieux et assidu (ne serait ce parce que ma seule connexion internet  se trouvait au palais des congrès) j’ai gardé du temps pour des ballades parisiennes.
Une petite parenthèse : j'aurais adoré, vraiment, qu'un des défiants du samedi arrive à me trouver au palais des congrès...(il y a un moyen assez simple :=)...)
Les ballades en question sont rapidement  limitées par mes jambes qui me trahissent et par le temps qui cette fois était  réellement pourri. Pour photographier ce rhinocéros  peu sympathique planté devant le musée d’Orsay, j’ai du affronter une pluie impressionnante en plein mois de mai, et passer pour un fada 
aux yeux de tous ceux qui restaient sagement abrités. Un petit tour au jardin des plantes : à l’entrée se trouve cet arbuste (famille des araucarias) venu d’Australie, tellement rare que la zône où il se trouve est ultra secrète, et que les botanistes y sont conduits yeux bandés en hélicoptère.militaire.

j'enrage de ne pas avoir noté son nom exact.


J’ai bien aimé cette image au fronton de la buvette (fermée pour cause de temps grisailloux).





Bien sûr Paris c'est aussi çà
Des chats qui sourient(le comble pour un matou) sont taggués sur les cheminées vers Montparnasse. 
Quelqu'un nous offre l'hospitalité près de la comédie italienne où se joue le "hoquet du pape" dont l'affiche est remarquable.
 

 J'ai préféré aller au cinéma voir ce très beau film afghan "l'enfant de kaboul " et j'ai eu la chance de participer au débat qui a suivi avec le réalisateur Barmak Akram et le  cameraman.

Allez Joye,  un coup d'oeil au Paris moins connu des bureaux du côté de Bercy (la photo ne montre pa les tentes des SDF qui campent à deux pas des bureaux du ministère des finances) et aussi une manifestation de pratiquants de fa lon gong sur le parvis du trocadéro et ...ben non je n'ai pas une seule photo potable de tour Effel ! Les alentours du palais des congrès sont sinistres, nous sommes tout près de la sarkosie. 





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oculistiques 9 : le congrès de la société française d'ophtalmologie

C'est le congrès important de l'année, le (115 ème) congrès de la société française d'ophtalmologie, qui se tient  à Paris, porte Maillot dans ce bunker dont je vous laisse apprécier l'esthétique chaleureuse.(!)
 

Le congrès  démarre par la montée des escalators ; le samedi de bon matin nous sommes encore peu nombreux ; avant de pénétrer dans les salles il faut monter au troisième étage pour  chercher le badge que nous réclament à tout instant les costauds de la sécurité. La grande salle d'accueil est décorée tout en bleu et les hôtesses portent un ruban bleu. Je repère dès l'entrée les quatre ordinateurs reliés à internet en libre accès. Quand mon tour arrive, on me remet l'enclume : un sac à dos à roulettes (bleu) qui pèse une tonne, lesté qu'il est par le rapport de la SFO consacré cette année aux lentilles de contact (bien sûr "c'est à prendre ou à lester")   digression sur le bleu : c'est la couleur choisie ostensiblement  par la présidente depuis mai 2007 pour bien notifier son penchant politique-
de mon côté , j'ai longtemps évité le bleu puis décidé que finalement nul parti politique n'a le monopole d'une couleur .néanmoins j'aurai, j'espère plus de plaisir à porter cette couleur  en 2012  si le pouvoir change de mains et si je suis en vie pour m'en réjouir...
Bon, il est évident que nul ne peut conserver toute une journée ce genre de cadeau encombrant, il n'y a qu'une solution : le vestiaire  où l'on se précipite immédiatement après : 3€ pour se débarrasser provisoirement de l'enclume. voici la photo du vestiaire en début de matinée . multipliez le nombre de sacs et valises par 3€ et le nombre de manteaux et vestes par 2€ et vous avez une idée de ce que rapporte une clientèle captive.
Le  reste de la journée se déroule dans une ambiance feutrée lors des cours, plus agitée lors des repas(on est toujours pressé ou en retard,) et carrément de foire au niveau inférieur dans l'expo des labos.
 Ici le monde se divise entre ceux qui montent et ceux qui descendent les esclators, on retrouve les vieux copains, on regarde les oph venus de coins improbables de la planète, parfois je m'arrête sur un stand où l'on m'offre un verre, une friandise, un sac de voyage, une souris d'ordinateur(j' ai une collection de sacs qui font des heureux dans la famille camerounaise d'un copain). Je suis fasciné par cette mappemonde horloge mystérieuse qui longe cet escalator d'entrée peu fréquenté.


Sur l'un des stands, je rêve devant les premiers tableaux d'Alain Béchetoille.



J'ai aussi aimé le stand d'un opticien parisien qui présentait de nombreux instruments d'optique anciens.




J'ai d'ailleurs abandonné les cours sur la chirurgie du glaucome pour aller écouter les conférences de la société française d'histoire de l'ophtalmologie. Le soir, nous avons pu discuter avec les quelques collègues passionnés d'histoire lors d'un sympathique repas. 
Le dimanche en fin d'après midi se tient la classique "réception du congrès".Dans ce pavillon du bois de Boulogne,  tout le monde se retrouve autour d'un buffet géant : 

 


  Le mardi matin a lieu  la Présentation du Rapport, la salle est pleine à craquer. Avant cette présentation, le Professeur Yves Pouliquen  (de l'accadémie française) fait un bel exposé sur Louis Braille.  

A partir du mardi après midi, nous nous séparons suivant nos centres d'intérêt. Je fais de fréquents arrêts devant les ordinateurs branchés sur internet, et j'ai même progressé dans la maîtrise du mac(c'était çà, ou pas d'internet). Souvent j'ai prêté main forte aux collègues peu habitués...
Le mercredi l'expo des labos a disparu, il reste quelques conférences, je visionne des films médicaux, les couloirs se sont vidés, le palais est sinistre et triste...
 je suis un des derniers à partir...

Cette solitude réveille en moi l'angoisse constante de la disparition programmée de la profession d''ophtalmologiste médical, je me vois comme ce dinosaure de l'entrée de jardin des plantes...mes jours ou ans sont comptés.




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