Les jours d après ... vient le temps des bilans.
Je me souviens des moments forts, émouvants ou agréables.
Les images défilent en vrac pendant que je traverse Paris en tous sens pour les dernières formalités avant le retour au travail.
Tout congrès (et celui de la SFO plus que les autres) a un goût de vacances malgré mon assiduité quasi exemplaire.
En fait, ce qui me libère de la pression de mon cabinet est considéré comme "vacances"
Je revis l'au revoir à l'ami qui s'éloigne . Nous avons fait bonne figure l'un comme l'autre, mais la tristesse et l'émotion étaient tangibles de part et d autre.
Pour écouter la présentation du Rapport, dans les conditions optimales, j'étais arrivé tôt dans la grande salle pour choisir ma place. J'étais ce point minuscule noyé dans la foule des confrères venus des 4 coins de la planète, et j'étais heureux de vivre ce moment tant attendu.
La grande salle maintenant pleine, est brutalement plongée dans une obscurité inhabituelle et, dans le silence, retentit la voix du professeur Renard, théâtrale, presque tragique qui rappelle à tous que le glaucome est une maladie potentiellement cécitante.
Puis la lumière revient progressivement et commence la présentation avec une mise en scène originale : c'est une consultation ; le patient, un certain Jean Glouvert, vient consulter le Pr Renard et le Dr Sellem parce qu'on lui a dit "qu'il avait de la tension dans les yeux".
Chacun des rapporteurs va alors intervenir pour expliquer à Mr Glouvert les dangers potentiels de l'hypertonie oculaire, les dangers réels du glaucome à angle ouvert, les facteurs de risque, l'intérêt des examens complémentaires, les enjeux des traitements médicaux et chirurgicaux. Chaque intervention répond aux questions inquiètes, naïves, justifiées du "candide" patient, par un exposé des connaissances actuelles sur chaque aspect de la maladie.
Pas sûr qu'un patient lambda comprenne grand chose à ces exposés très pointus, mais cette mise en scène originale de présentation est une belle réussite.
Et le final est également très fort : quand le dernier intervenant se présente au pupitre il y a un blanc, un silence qui s'éternise. L'intervenant ( Dr Ginies ?) regarde les techniciens , semble légèrement inquiet, ce qui est légitime quand votre power point ne démarre pas dans un tel moment, devant peut être 2000 confrères...
Mais non, il s'agit ici pour le médecin de respirer quelques minutes (ces 3 minutes de "flottement") afin de mieux appréhender la personnalité de son malade, de réfléchir aux réponses les mieux adaptées, et non, il n'y a pas de power point !
Car si Jean Glouvert est ici un acteur professionnel, le médecin est là pour jouer son rôle,appréhender son interlocuteur dans sa globalité, expliquer, rassurer, ou, au contraire, parfois inquiéter...
La salle, encore sous le charme, se vide lentement alors que les noms et photos de tous les participants à cette belle aventure s'affichent en boucle à l'écran au son de l'adagio du concerto n° 2 pour clarinette de Mozart
Au sous sol du palais, je fonce vers "mon" resto de sushis, qui s'est brutalement transformé en resto grec avec un personnel sympa mais dépassé par la foule des congressistes qui ont eu la même idée que moi.
Dans l'après midi, le palais des congrès se vide progressivement et les derniers entretiens ont lieu dans une ambiance plus conviviale, puisque le public est restreint.
Puis je retraverse Paris en speed pour me rendre à la soirée de gala au petit palais : une fois de plus, le lieu choisi est très beau, l'expo Paris 1900 valait le détour, le repas était excellent et j'y ai rencontré des confrères et des consoeurs sympathiques.
( le cafeinomane que je suis se laisse impressionner par ces murs entiers de dosettes, et malgré mes réticences, d'ordre pseudo écologique, je suis à deux doigts de la conversion ... il faut dire que récemment un confrère m'a reçu avec un café de ce type et j'ai vraiment senti la différence... bon je ne vais quand même pas vous la jouer G Clooney...)
PS rappel des quelques posts simplifiés à propos de glaucome à angle ouvert
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