lundi 17 mars 2014

le #nanti il te dit m...ci

Ce post fait suite au précédent (c'est une lapalissade) et en reprendra quelques pans,  parce que j'ai préféré éviter de modifier  et d'alourdir le post précédent .
Tout d'abord je souhaite ajouter  mon hommage personnel à ma consoeur  Sophie Becker  disparue récemment. J'ignore les circonstances de son décès, mais je suis d'autant plus ému  que peu de temps avant sa disparition, elle laissait un commentaire très sympa ici et que sa dernière réponse aux commentaires sur son blog m'était destiné.
Son dernier post a été largement diffusé, diversement apprécié par les médecins, certains lui ont reproché de parler d'argent, et de se plaindre, elle, psychiatre parisienne, secteur 2 . Alors je pose la question : à partir de quel CA, de quel BNC a t'on le droit de protester contre la stagnation de la valeur de la CS ?  
Certes, le collectif de mars ne met pas en avant le problème tarifaire, mais je crois que le mépris des médias et des tutelles est intimement lié à cet imaginaire de médecin nanti dont nous sommes tous prisonniers et c'est pour ça que je persiste, comme Sophie Becker, à parler d'argent . 
Elle aimait les camélias puisque c'était sa photo de profil.C'est cette orchidée bleue nommée Wanda que je dépose ici en sa mémoire.
J'invite mes confrères à déposer sur leur blog ou sur les réseaux sociaux la fleur de leur choix en sa mémoire.

Elle n'aurait pas aimé que nous abandonnions la lutte du collectif de mars au prétexte que nous risquons d'être peu nombreux, peu visibles, elle aurait  probablement trouvé petit et dégonflé  que nous  refusions  de jouer le match sous prétexte que certains confrères donnent  des leçons de morale sur l'inutilité de la lutte. 
Certains nous taxent déjà de poujadisme ou d'ultra libéralisme.
Personnellement, les étiquettes, je n'en ai rien à faire, l'étiquette de "libéral" même au sens politique du terme, me gène moins que celle de #nanti. (dans les 2 cas mes 2035 depuis 10 ans sont ma réponse)
 Malgré mon coeur qui bat à gauche depuis toujours, je vais, histoire de vous changer de la #Baguette, vous proposer de lire le lien qui suit :
http://www.objectifliberte.fr/2007/02/si-la-restaurat.html
Qui est ultra libéral ?  Le médecin qui demande que la convention qu'il a signée il y a 30 ans avec la sécu soit respectée sans qu'on change les règles, ou une ministre "socialiste"   qui a vendu le système de soins aux mutuelles ?
Car, ne nous trompons pas, le tiers payant généralisé et les  réseaux de soins sous de faux airs d'égalitarisme et de socialisme  bien pensant, sont  bien une privatisation du système de soins et une perte de liberté de choix pour les patients.  
 Sans doute, pour nos confrères bien pensants, n'avons nous pas reçu assez d'insultes... 
le #CollectifDeMars c'est MAINTENANT ou JAMAIS. 
Merci à ceux qui y croient, merci à ceux qui  luttent.

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vendredi 14 mars 2014

le #nanti, il te dit m...


Si vous manquez de temps pour lire ce post écoutez ça
La santé et le malaise des médecins libéraux... par ufmlasso 
En quoi cette semaine du 17 au 24 mars est elle différente des autres ?
Toutes les autres semaines nous, médicaux, paramédicaux, travaillons, soignons les gens, ou bien nous nous tournons les pouces, dorons la pilule, reposons pour des vacances bien méritées.*
Cette semaine n'est pas une semaine de grève comme les autres, elle a été annoncée depuis début décembre, c'est un arrêt total d'activité. En ce qui me concerne, seuls les MG du canton (non grévistes), qui ont mon n° de portable, pourront me joindre pour un conseil  en cas d'urgence, mais je  serai loin de mon cabinet. 


Nous sommes quelques uns à avoir poussé au maximum la communication sur cette semaine blanche sur les réseaux sociaux, parfois au détriment de notre vie familiale ou de nos loisirs.
Le résultat en nombre de grévistes sera peut être décevant, certains montreront du doigt ces #nantis qui se plaignent encore alors que les saintes statistiques leur attribuent une moyenne de revenus  super confortable (environ 9000€/mois ...pour une moyenne de 50h de travail  par semaine**).
Alors oui je l'ai dit et je le redis : nous sommes des #nantis  puisque nous exerçons un métier passionnant, que nous avons eu la chance de faire des études longues financées par nos familles (#bourgeoises forcément bourgeoises et non par LA Société
Pour ce qui est du revenu, je viens de terminer ma déclaration : comme les années précédentes 29000€ et des brouettes ce qui me met au niveau d'un professeur pour environ  25 à 30h hebdomadaires de travail à mon cabinet en secteur 1.(bien sûr, c'est moins que les autres ophtalmos mais se sentir "sous payé" ne pousse pas à l'envie de travailler***, et bien sûr, la merdouille administrative n'est pas comptabilisée, et avec ce type de revenus l'appel à un ami, le recours à un comptable, ou autre salarié supplémentaire est impossible).
Autant dire que j'ai personnellement grave la haine quand une ministre, un directeur de caisse, un syndicaliste médical, ou un représentant blindé d'assurances complémentaires montrent du doigt mes confrères qui ont pu choisir le secteur à honoraires libres.
 
Mais cette semaine d'action est bien autre chose qu'une revendication tarifaire : nous ne défendons pas notre seul pré carré,  patients, assurés sociaux, nous vous défendons.

-le tiers payant généralisé vous semble un progrès ?  C'est ce que vous vendent  la ministre et la presse. "  je ne vais plus avoir besoin de payer chez le médecin ..." vous aurez une médecine à la hauteur de ces 23 € immuables depuis 10 ans, et même le plus honnête d'entre nous, n'aura aucun scrupule à multiplier les actes, à en raccourcir leur durée, à "faire chauffer la carte vitale" pour le moindre renseignement. Cette gratuité nous/vous sera vendue très cher. Là dessus nous pouvons faire confiance au capitalisme.
-les contrats responsables : nous avons en déjà parlé . Le seul intérêt  du pompeux contrat d'accès aux soins est pour les médecins ou chirurgiens anciens chefs de clinique bloqués  en S1 de pouvoir  ajuster leurs honoraires. Pour les S2 le contrat d'accès aux soins est une erreur. 
A titre personnel, je me prépare à signer un contrat irresponsable : malgré mes idées politiques, j'envisage très sérieusement de me déconventionner. 

-les réseaux de soins : ça c'est un beau cadeau au "Grand Capital"; qui peut croire encore que les soit disant mutuelles qui ne publieront pas leurs comptes sont autre chose que des pompes à fric ?  c'est l'assurance maladie qu'on privatise un peu plus chaque jour, l'assurance maladie dé rembourse, les complémentaires et bientôt les surcomplémentaires prennent le relais mais vous le font/feront  payer très cher. Le  système à l'américaine c'est pour bientôt ! 
 
Les membres de l'UFML mais pas qu'eux, se sont impliqués dans ce combat depuis plusieurs mois, ils ont tenté de vous ouvrir les yeux, à vous patients que nous défendons, et à vous médecins, qui regardez ce mouvement avec méfiance ou mépris.
 Le Collectif de Mars regroupe des soignants de tous horizons, de toutes couleurs politiques. Nous avons su mettre de côté nos opinions politiques. 
(pas trop ici mais ici, je suis chez moi !).

Libéraux, nous n'avons aucun intérêt financier à fermer nos cabinets pendant une semaine.
Patients, si vous ne nous suivez pas, vous aurez le système de soins que vous méritez.   
Confrères qui vous courbez  de plus en plus : le jour est proche où vous ne pourrez même plus vous redresser.
 * la ressemblance avec une chanson en hébreu célébrant une  forme de libération est voulue  ...
quelques uns la reconnaîtront :-)
**Ces chiffres sont peut être inexacts, ils traînent sur les réseaux sociaux, je n'ai ni le temps ni l'envie de me plonger dans des études statistiques, vos rectifications seront les bienvenues. Je ne connais que mes propres revenus.
*** travailler le double d'heures pour gagner à peine le double  est exclu
**** à titre perso je crois que mon dernier vote pour le PS aura été celui de 2012

mardi 4 mars 2014

le collectif de mars en images

        Chers confrères éloignés du collectif de mars ou encore hésitants.
 Vous n'avez pas le temps de lire ? (ça tombe bien je n'ai pas le temps d'écrire) 
voici juste quelques images et quelques liens pour les plus courageux d'entre vous.(site de l'UFML)
Le moment est venu de décider s'il faut se battre ou disparaitre, de réfléchir à la médecine qu'on veut nous faire exercer, aux réseaux de soins dans lesquels médecins comme patients nous serons enfermés pour le plus grand profit des financiers. 
Le collectif de mars c'est MAINTENANT !
Le collectif de mars réunit des soignants de tous horizons politiques. Quelle que soit la couleur de vos futurs bulletins de vote, participez ! 
Ne dites pas que vos consultations sont blindées...
Et surtout réfléchissez, ne  vous laissez pas manipuler (article droit de réponse du Dr Marty au QDM)






  Demain il sera trop tard !

samedi 1 mars 2014

samedi 22 février 2014

on va dire

On va dire que ça va ...
J'ai posé la valise qui ne me quittait plus depuis 2 mois. J'ai immédiatement voulu descendre dans la serre, voir de la lumière, voir les orchidées. 

 



J'ai regardé ce phalénopsis blanc  que nous avions pris en hospitalisation, et qui était prêt à retourner dans le salon de Pa et Ma.  
J'ai raconté aux Escalators la longue marche avec Pa pour aller se recueillir sur la tombe de Ma, parce que la grille d'accès aux voitures est fermée le dimanche.
Puis j'ai repris le travail, mécaniquement, sans entrain, j'ai retrouvé mes gestes  mes automatismes et mes manies.
J'ai regardé d'un oeil indifférent  Zigmund -chat affalé sur les papiers qui jonchaient la Table et je n'ai pas eu la force ou l'envie de le déloger.
J'ai encore  remis à "plus tard, un jour, peut être" ce qui était déjà urgent il y a 2 mois. Cette Table n'arrive même plus à me faire rire, ce n'est pas bon signe. 
Tout ça : les inscriptions aux congrès, les billets de trains, les réponses aux organismes de formation, les courriers aux chers confrères, les remises de chèques à la banque... quelle importance à côté de la disparition de Ma, du désespoir de Pa et de notre chagrin ?
On va dire que ça va, parce que j'ai repris mes activités, mes loisirs, même si je me suis endormi au milieu d'une leçon de musique.
On va dire que ça va ... je continue à me vider la tête avec les sucreries de c*ndy cr*sh saga,  je trouve ça nul et je continue en me disant qu'il vaut mieux ça que des antidépresseurs, de l'alcool ou de l'herbe qui colore la vie.
On va dire que ça va... la peine efface les souvenirs  de colère.
Machinalement j'envoie la #baguette des #nantis tous les jours et au moment où je l'envoie, une sourde haine m'envahit comme depuis 18 mois, mêlée maintenant à une sensation nouvelle d'inutilité. 
On va dire que ça va ... je cherche dans les photos de Ma, une où elle ne serait pas trop malade et où elle sourirait. J'ai renoncé à en chercher une d'elle et moi. C'est difficile de remuer ces souvenirs. J'aurais du me mettre à la compta et à ma déclaration de revenus, mais je crois que ce tri dans les photos puis l'envoi de certaines choisies nous aidera.
Dehors, le prunier nommé Johnny commence à fleurir. 


-(merci à tous pour vos messages de soutien, j'espère bientôt être capable d'écrire des choses plus gaies... peut être quand j'aurai fini ma 2035 !) 


samedi 15 février 2014

tout ; tout de suite

 Aujourd'hui, je ne suis pas en état de conduire sur la route du cimetière.
C'est Gabrielle qui nous emmène dans la voiture sous la pluie.
Pour rester en contact avec les autres voitures (et surtout celle qui a pris en charge Pa) mon portable est encore branché.
Or il est connu que tout portable branché risque de sonner...Donc le mien sonne alors que nous arrivons en vue du cimetière, et donc je décroche, bien que le n° affiché me soit inconnu... Il s'agit d'une patiente, si elle a mon n° de portable c'est parce qu'elle présente un risque.
Mais aujourd'hui c'est juste pas possible, je suis loin,  et  elle ne peut pas plus mal tomber ; j'attends qu'elle reprenne son souffle entre deux phrases pour l'interrompre : " excusez moi mais là, je suis en route pour aller enterrer ma mère, je vous verrai  à mon retour dans 5 jours si personne ne peut vous prendre en charge d'ici là..." elle s'excuse rapidement ... puis reprend la liste de ses symptômes : (urgence relative sans gravité).
 J'arrive enfin à caser un peu plus sèchement avant de raccrocher, qu'il s'agit probablement d'une conjonctivite épidémique, qu'elle  doit joindre son  médecin traitant qui lui prescrira un collyre ou l'adressera à un ophtalmo, et que là, c'est juste pas possible parce que là, on arrive au cimetière ! 
Je crois que j'ai mal éduqué mes patients ! 
  

mardi 11 février 2014

Kaddish

 Je suis seul dans la chambre de Ma
Malgré une petite amélioration clinique, l’angoisse, la sienne, et par conséquent celle de Pa est à son maximum.
Je regarde dormir ma maman,  elle ne semble pas sentir ma présence. Je renonce à la réveiller, je sais qu’ils l’ont « shootée » parce que  ses crises d’angoisse nocturne sont  dangereuses et difficiles à gérer.
Je pense à cette galette des rois que j'avais achetée  pour apporter à la clinique, et comment la simple question de la vendeuse "je vous mets une couronne ?" a failli me faire fondre en larmes.  
Je me prends à espérer qu’elle se réveille  doucement, sans s’agiter, qu'elle me regarde un moment et dise avec un faible sourire : « tu étais là mon fils ? »  
Mais non, elle ne m'entend pas lui murmurer que sa peur aggrave les choses, que papa reparti sans qu'elle se réveille reviendra demain, que tout le monde fait le maximum pour qu'elle guérisse, et  surtout que je l'aime. 

Ma salle d'attente est pleine, j'ai une bonne demi heure de retard. La secrétaire et l'orthoptiste sont parties.La voix d'une infirmière passe le barrage du répondeur : Ma s'est éteinte cet après midi dans son sommeil sa main dans celle de Pa. Ce sont les infirmières qui lui ont dit, il ne s'en était pas rendu compte.
J'ai rappelé ma secrétaire  pour qu'elle annule les consultations de la soirée et de la semaine, et mes fils ont géré les coups de fil à passer, pendant que je terminais mes consultations.
Puis nous avons pris la route pour aller soutenir Pa. 
Ce soir, au milieu de ma peine,  la vision de Maman malade s'efface doucement, progressivement remplacée par les images de la mère aimante de mon enfance.
Les mots manquent  pour exprimer ma peine.
   


vendredi 7 février 2014

vendu, nanti et en colère



C'est un  soir, lors  d'une  réunion d'ophtalmologistes organisée par un labo, dans un des  restaurants de Grandeville. 
Nous sommes assez peu nombreux, nous nous connaissons tous, et les rapports  sans être "bisounours-style " sont bons dans l'ensemble.

dimanche 2 février 2014

long fleuve pas tranquille

Aux semaines de travail  pleines,  succèdent les week end près de Pa et Ma Zigmund.
Ma ne va pas vraiment mieux, et ce n'est pas une malade facile. (version politiquement correcte).