lundi 27 juin 2011

Petit médecin ou grand lunettologue ?

     C'est une question que je ne me posais pas quand je me suis installé.
Le souvenir de mes  années d'externat  s'estompait doucement, j'essayais d'oublier l'année d"'internat-"va chercher"-internement "dans un hôpital local étouffant "tout en petitesses".
 Enfin libre !
     Ont passé à toute vitesse quatre années passionnantes , lumineuses, dans l'ombre de King Arthur, mon patron et de tous     ceux qui m'ont enseigné mon métier d'ophtalmologiste.
 Amoureux fou de cette spécialité que j'avais choisie (après avoir hésité avec la psychiatrie) et avide d'apprendre, je buvais les paroles de mes enseignants.
      Je consultais tous les jours avec ou sans  "senior" *, j'assurais avec les internes et les CES** les gardes d'urgence en ophtalmologie. Je ne me souviens plus à quel rythme avaient lieu nos cours théoriques, mais je me souviens que la plupart étaient clairs et pratiques sans être simplistes.(Rien à voir avec les cours dispensés de la 4 ème à la 6 ème année par des enseignants hospitaliers parfaitement  déconnectés de la réalité et n'ayant aucune idée de ce qu'était la médecine de ville.
 Vers la fin de ces quatre ans, j'ai passé ma thèse puis réussi  l'examen national d'ophtalmologie et j'ai vissé ma plaque à Bled-la-forêt.




 Le but de cette longue intro est simplement de rappeler qu'un ophtalmo c'est un médecin.   Nous sommes plusieurs à pouvoir citer des anecdotes qui montrent que cette notion n'est pas parfaitement intégrée par la population, ou même parfois par nos propres confrères qui n'ont qu'une vague idée de l'urgence en ophtalmologie.
        Croyez bien qu'il est fréquent et pénible de voir un patient vous tendre ses lunettes hors d'âge et déglinguées en vous demandant si vous y pouvez quelque chose. (un coup de clé de douze peut être ?) 
Croyez bien que ça agace d'entendre le patient muni de son ordonnance lunettes s'exclamer : "mince vous avez pris trop de temps pour m'examiner, maintenant l'ophtalmo va être fermé"
(eh oui le marchand de lunettes  c'est à dire l'opticien  ferme son magasin à 12h30 et n'accepte pas les urgences, lui ) 

Et ceux  qui  vous demandent quel BEP il faut pour devenir ophtalmo et qui tombent des nues quand vous expliquez le parcours du combattant (et encore le mien fut plus bien plus "soft" qu'aujourd'hui)  
Et ils ajoutent "faut  tout ça pour faire des lunettes ???"
J'ai, dès le début , aimé "faire des lunettes" ce que nous appelons la réfraction.
Actuellement cette partie de l'examen est une pomme de discorde entre les trois "O".
Les opticiens (= marchands de lunettes) qui savent faire mais ont forcément une arrière pensée plus commerciale que médicale.
Leur nombre croit approximativement de façon inversement proportionnelle au nombre des ophtalmologistes.
Les orthoptistes au départ formés pour la strabologie et la rééducation des insuffisances de convergence. Ils assurent également une part de la prise en charge  de la basse vision et depuis quelques années sont formés à la réfraction pour pallier la pénurie d'ophtalmologistes .
Bien des médecins ont oublié que nous avons usé nos fonds de culotte sur les bancs des mêmes facultés de médecine, et sous prétexte que nous intervenons rarement sur des urgences vitales, nous prennent pour des rigolos.
Dans ma pratique je fais peu de lunettes,je dépiste et traite (ou fais traiter) des glaucomes,  des cataractes, des DMLA, des décollements de rétine.  Certaines de ces pathologies cachent des choses beaucoup plus graves.(que je ne développerai pas car ce blog est lu  par des non médecins  prompts à s'angoisser). 

Les politiques  nous renvoient plus de mépris que de reconnaissance : je n'oublie pas cet ex ministre ex socialiste  mimant une réfraction en quelques secondes (mieux ou moins bien avec ce verre ?) et résumant le travail de l'ophtalmologiste à cette brève  étape.
Je me souviens d'avoir du envoyer plusieurs lettres pour enfin  apparaître sur le listing des services d'urgences de ma ville avec mon titre de "Docteur" et non "Monsieur" alors que mes confrères généralistes, biologistes, dentistes et vétérinaires avaient droit au  titre.
Je dois avouer après avoir lu l'intéressant article de mon confrère Martin Wincker sur les "médecins maltraitants" qu'il m'arrive de regretter de ne pas basculer du côté obscur du pouvoir, de ne pas savoir jouer au médecin méprisant ou muet, de ne pas dire des horreurs tentantes : "c'est moi qui sais et tu fais comme je dis parce que c'est moi le toubib".
Nous apparaissons souvent comme des « médecins maltraitants » au moment de la réfraction, quand nous exigeons que le patient lise ou choisisse entre deux verres ; préféreriez vous que je tire à pile ou face ce verre qui va vous coûter un max ? Nous cherchons votre concentration  et, pendant ces quelques minutes , nous avons besoin de votre docilité. Dites vous bien qu'un commerçant sera plus expéditif, c'est son intérêt. Le mien est de trouver le meilleur verre pour vous comme si j'allais le payer moi même et de passer rapidement à la partie strictement médicale de l'examen.
(une réfraction dure le temps d'une prise de TA et d'une auscultation cardiaque de dépistage.).
Suis-je un médecin maltraitant (je suis mon propre médecin traitant :-)) alors que je dis "s'il vous plaît"  quand je vous effleure l'épaule pour vous installer à mes appareils ? Suis je un médecin maltraitant quand je vous gronde en rigolant quand vous remuez trop derrière mes appareils ?
Suis-je un médecin maltraitant ? quand, du fait de la pénurie d'ophtalmologistes, je refuse de vous donner un rendez vous immédiat pour des lunettes cassées depuis longtemps, pour une surveillance jusque là insuffisante, ou pour un deuxième avis ?
Mais revenons à la question principale : chers (encore) confrères qui passeriez par là, me considérez vous comme l'un des vôtres ou comme un lunettologue ?

* un senior c'est un chef ou un interne "ancien" qui vous surveille à l'hôpital et à qui nous montrions les patients difficiles
** CES certificat d'études spécialisées : se faisait après la dernière année de médecine en 3 à 5 ans et permettait après passage d'examens de valider une spécialité médicale.    

dimanche 26 juin 2011

Sept révélations


Ma première rencontre avec Berthoise sur la toile remonte à 3 ans aux tout débuts de ce blog.
Elle m'avait taggué et je lui avais raconté sous la contrainte ou presque, mes rapports 
à la gastronomie,
 à la lecture
aux mathématiques,
 au cinéma 
 et enfin  à la musique. 

samedi 25 juin 2011

le défilé du samedi

  en réponse à la consigne #155 du défi du samedi
oui je vous fais faux bond ...encore une fois
mais, là, j'ai un mot d'excuse...
l'oeil était dans le tiroir et regardait Zigmund

   -



bien sûr, dans ces conditions pour les réponses aux commentaires et le commentaires sur vos textes c'est mal barré surtout que je serai déconnecté ce WE 

jeudi 23 juin 2011

Je n'accepte pas /par le Dr Marty UFML 23 juin 2011


À tous
Suite aux déclarations de la Cour des Comptes qui demande un ROSP "négatif" si les objectifs ne sont pas atteints (ce que l'UFML annonce depuis des mois !) veuillez trouver un texte écrit par le Dr Jérôme Marty le 23 juin 2011 au lendemain du vote en faveur de la mise en place de P4P par les syndicats signataires et envoyé à M Chassang....

Je n’accepte pas le 22 juin 2011,
Le 22 juin 2011 les syndicats majoritaires ont décidé d’abattre la médecine libérale.

mercredi 15 juin 2011

Le partage de l'angoisse


 Les trois patients dont nous allons parler ne sont heureusement pas des cas fréquents de glaucome. Cet article est le versant sombre d'un précédent "j"ai même rencontré des glaucomes gentils".

lundi 6 juin 2011

coming out fiscal


C'est le Dr  Borée qui s'est lancé sur la toile avec cet article  sur ses revenus.
J'avais abordé le problème de façon détournée en parlant des dépassements d'honoraires. Il est temps pour moi de rendre publics mes revenus tels qu'ils apararaissent dans ma déclaration 2035 toute fraiche du mois dernier .



Cet article est destiné aux qq confrères qui se sont étonnés de mes résultats sur un forum. 
Pour les blogamis habitués de ce lieu il sera un brin rébarbatif et je m'en excuse. 
Quelques préalables : le sujet est sensible, nous médecins (et surtout ophtalmos) sommes perçus comme des nantis et je n'hésiterai pas à éjecter tout commentaire déplacé ou insultant . 
 Médical "pur" installé en milieu semi rural depuis un peu plus de 25 ans, je travaille seul. Mes patients sont âgés ou très âgés. Mes rendez vous sont complets plus de six mois à l'avance (12 mois est plus exact) Je vois 25 patients par jour , je garde des "créneaux pour les urgences ou semi urgences. Depuis longtemps mon cabinet est ouvert seulement 4 jours par semaine.(ce qui inclut ma vacation hospitalière)
 En dehors de ce temps "visible" de travail, il y a le temps administratif (compta, réclamation d'impayés à la sécu) le courrier aux confrères, l'information syndicale sur les forums dédiés,et les congrès ou soirées de formation.Les après midis "libres" sont des "sécurités" en cas de maladie pour moi ou un proche.


Voici donc un extrait de ma déclaration de revenus 2010 :
Honoraires encaissés  et gains divers 85368 €
on déduit
-18000€ de salaires (secrétaire et femme de ménage)
-2300 € impôts et CSG
- 5600€ de loyer
-9300€ travaux et fournitures extérieurs
-2300€ de transports et déplacements
-11964€ de charges sociales perso
-7675€ de frais divers de gestion
-143€ de frais bancaires
bon, je vous la fais courte, on arrive à 27000€ de bénéfice à déclarer à monsieur Fisc.( à cela s'ajoute mon salaire de ma  vacation hospitalière 3800€ cette année)
Conclusions
Je ne me plains pas, je n'ai jamais manqué de rien , je n'ai nulle envie d'une rol*ix ou d'une voiture de sport.Le bilan est sain et équilibré. Bien des gens aimeraient gagner ne serait ce que la moitié de ce que je gagne.
Je me sais atypique, lent dans mon travail, parce que mes patients âgés le sont dans leurs réponses, parce que chaque patient cumule plusieurs problèmes ingérables dans le quart d'heure prévu
(le reconvoquer ? -vous voulez rire ?  je le case où quand les RDV sont pleins et que les 3 suivants de la salle d'attente  sont du même tonneau ?) 
Travailler plus pour gagner plus ? beurk ! je n'en ai pas la force, mais il m'arrive de le faire en cas de prévision de fin de mois un peu juste.
Je n'ai pas de dettes, le banquier me fait la gueule.Les vendeurs de matériel ne m'aiment pas, je n'ai pas envie d'investir à 10 ans d'une retraite sans successeur et voir partir mes appareils à peine amortis à la casse(s'ils ne sont pas cassés avant )
J'ai déjà expliqué que la valeur de la consultation a stagné pendant 10-12 ans (de mémoire de 1995 à 2002  alors que les charges progressaient.
J'ai déjà expliqué que j'ai conscience que beaucoup de médecins gagnent beaucoup plus, que dans la presse on nous voit comme des nantis . Mais ces médecins qui gagnent plus que moi travaillent plus, sont en secteur honoraires libres, font de la chirurgie, sont plus rapides ou expéditifs. Il n'y a pas de secret, si vous voyez un patient tous les quart d'heure strictement 30 par jour cinq jours par semaine vous doublez ces chiffres , mais vous y laissez votre santé, votre famille, votre vie. Il me reste trop peu de temps pour ne pas profiter de ces richesses.
z

samedi 4 juin 2011

retour au paradis

J'ai  six ou sept   ans .
Ma maison est située dans une rue calme ; il y a une grande cour , une terrasse.
Je vais à l'école, à côte du magasin de mon papa. J'aime plonger mes mains dans les sacs de céréales et faire glisser les grains de blé entre mes doigts 

samedi 28 mai 2011

deux expériences de gastro...nomie chinoise


  Ecrit pour le défi du samedi

1996/ Luoyang : premier voyage en Chine avec un groupe d'amis.
Nous avons décidé de manger dans la rue avec les chinois plutôt que dans les restaurants chics pour étrangers.
Nous avons l'embarras du choix : les petites gargotes sont nombreuses dans les ruelles. Pour départager les restaurants, nous regardons la gestion de la vaisselle : mieux vaut éviter ceux qui passent les bols rapidement dans deux  bassines remplies d'eau : d'abord une eau noirâtre vaguement savonneuse, puis une eau de rinçage  grise moins sale, mais nous ignorons ce que font les autres. Partout, sur des réchauds cuisent des brochettes de viande. Nous voici  donc assis quasi par terre, dans les vapeurs grasses,  nos papilles ne résistent pas à ces nouvelles saveurs (* /**). Et là, Jean (intendant dans un collège quand il ne visite pas la Chine  avec nous) s'exclame, un peu désolé : "quand je pense que juste avant de partir, j'ai eu droit  à un contrôle serré sur l'hygiène dans les cuisines du collège, qu'ils ont traqué  la moindre erreur, et que là, je suis assis par terre dans la poussière, à manger des trucs non identifiés(mais délicieux) dans une vaisselle peut être contaminée !... C'est pas tout ça,  je reprendrais bien une petite brochette..." 

  1999 : Chengde (nord de la Chine) quelques années plus tard ce sont mes fils qui voyagent avec moi, et nous fuyons toujours les luxueux restaurants pour "longs-nez" ou "lao wai". ***

Dans une petite rue, nous avons choisi un petit boui-boui d'allure accueillante : quelques tables basses à même le trottoir, un patron débonnaire et souriant qui est tout fier de trouver une ressemblance à mon fils ainé avec Zinedine  Zidane(nous avons mis du temps à comprendre car la prononciation est assez étonnante ).
Tout en dégustant nos brochettes de viande, nous goûtons la fraîcheur du soir. Le patron s'est assis non loin de nous pour être sûr que nous ne manquons de rien.
Nous avons commandé une deuxième tournée de brochettes et de petits pains qu'il s'est empressé de nous apporter.
Nous avions presque terminé notre festin, quand mon jeune fils a trouvé la fève : une dent minuscule est tombée de son sandwich  sur la table. Renseignements pris, cette dent n'était à personne, j'ai donc supposé qu'il pouvait s'agir d'une dent de rongeur. Ça y ressemblait bien .  
Mon fils ainé a alors lâché à son frère d'un ton méprisant : "moi aussi, j'ai trouvé une dent  tout à l'heure, mais moi, je n'ai rien dit,  je suis discrêt ,et poli moi, et surtout, je ne voulais pas vexer le patron !  "   
moralité : où il y a de l'hygiène il y a pas de plaisir !   
* le calembour : "papille fait de la résistance " était trop tentant (même pas honte !)
** manque d'hygiène peut être,  mais c'est super bon, personne n'a été malade, et ce qu'on mange là bas n'a rien à voir avec ce qu'on trouve en Occident dans les restaurants chinois       
*** longs nez : il parait qu'ils appellent comme ça les Occidentaux  mais en fait ils utilisent plutôt : "lao wai" qui signifie mot à mot " vieux  étrangers" (terme familier  où wai =extérieur/ lao = vieux ) 

vendredi 20 mai 2011

dépassements d'honoraires, double jeu médecine à deux vitesses



Bien loin derrière les événements récents aux states (sur lesquels je n'ai aucun droit ni désir de m'exprimer) le débat sur la signalisation des radars routiers (qui déchire la majorité présidentielle, car, sans doute plus important que le chômage !), on entend parler des négociations conventionnelles entre la sécu et les syndicats médicaux.

Les échos de ces négociations me mettent dans une rage noire.
En résumé nous avons droit aux affirmations suivantes :

La plupart des jeunes s'installent en secteur à honoraires libres = secteur 2

Oh les vilains méchants qui font des dépassements d'honoraires étranglant le pauvre peuple !

Et en plus, ces riches médecins secteur 2 sans cœur sont très souvent des ophtalmologistes chirurgiens.

Ah ma bonne dame où va-t-on, je vous le demande ! (sanglots dans la voix du journaleux)

J'ai la chance que ce blog soit peu lu (je n'aurais pas le temps de répondre à des commentaires trop nombreux) et je vais pouvoir prendre la défense de mes confrères soit disant nantis et roulant presque tous en voiture de course allemande.

Quelques rappels : dans ce pays on devient médecin généraliste à bac + 8 ; pendant ces 8 ans, on est une charge peu rentable pour sa famille. (Voir "gratuité des études médicales"), on devient chirurgien ou médecin spécialiste en rajoutant trois à cinq ans d'internat à ces études ce qui nous amène à Bac+13.

 Pourquoi les médecins spécialistes choisissent ils massivement le secteur 2 dit "à honoraires libres" et quelles sont les conséquences de ce choix ?

Il fut un temps (lointain) où la plupart des médecins exerçaient en secteur1. A cette époque, les honoraires étaient régulièrement révisés avec une hausse moyenne d'un euro par an pour le prix de base de la consultation.

A cette époque, quand fut proposé le passage en secteur à honoraires libres certains (dont je suis) n'y ont vu aucun intérêt : le prix de la consultation était correct, régulièrement revalorisé et je ne souhaitais pas pénaliser mes patients modestes retraités par des honoraires trop lourds.
 A partir des années 95, les honoraires ont stagné (quand le coût de la vie augmentait et les charges itou) et le passage en secteur 2 a été bloqué livrant les médecins secteur 1 pieds et poings liés au bon vouloir de dame sécu quant aux honoraires.
 Dans ces conditions, quel jeune médecin serait aujourd'hui assez bête ou idéaliste pour refuser la possibilité d'une certaine liberté de ses honoraires ?

Les conséquences de ce choix sont visibles : secteur 2 pour la plupart des jeunes spécialistes et en particulier les chirurgiens.
Pour ces derniers, les protocoles de plus en plus contraignants, les précautions à prendre alourdissent le prix de l'acte chirurgical que la sécu refuse de revaloriser.

Les représentants des caisses d'assurance maladie, relayés par la presse crient haut et fort au scandale ... mais il faut savoir que les dépassements d'honoraires ne plombent en rien les comptes de la sécu puisque ce sont les mutuelles qui interviennent pour les rembourser. Au contraire les médecins secteur 2 paient en contre partie des cotisations sociales bien plus conséquentes que les médecins secteur 1.

Et, se demande le journaleux de base, pourquoi les ophtalmologistes secteur 2 sont-ils légion ? ("non seulement ils vous donnent des rendez-vous à six mois de délai, mais en plus, ils vous prennent plein de sous !")

Tout simplement parce que, outre les raisons citées plus haut, la spécialité a beaucoup évolué : le matériel nécessaire pour faire du bon travail coûte une fortune, se casse ou devient obsolète avant d'avoir été amorti.

Et puis il y a le problème de la démographie : pour tenter de répondre aux besoins croissants d'une population vieillissante, certains ophtalmologistes font appel à des orthoptistes pour la première partie de la consultation.(calcul et vérification des lunettes) 
 Ces orthoptistes permettent d'augmenter le nombre de consultations mais constituent une charge financière trop  importante si la consultation reste bloquée à 28€ (c'est le prix en secteur 1).
D'aucuns me rappelleront le train de vie de certains de mes confrères secteur 2 et ajouteront que les médecins ne sont pas à plaindre que tout ça c'est corporatisme et compagnie : il suffit de comparer l'évolution du prix du pain, du SMIG, et de la consultation.  
Chers journaleux qui passeriez par ici, chers représentants des caisses d'assurance maladie, chers décideurs politiques de tout poil, qui avez organisé les déserts médicaux que vous dénoncez aujourd'hui, hors urgence urgentissime, vous aurez du mal à obtenir un rendez-vous avec moi, qui suis ligoté au secteur 1 probablement jusqu'à ma retraite sans successeur.
 Mes rendez-vous sont complets pour les douze mois à venir, pour vous, non seulement il n'y aura pas de passe-droit, mais en plus je m'offrirai un dépassement d'honoraires conséquent,(préparez les billets de 100€) seul moyen d'exprimer ma colère.

dimanche 15 mai 2011

le congrès et l'après congrès (2)



    Résumé du chapitre précédent  : Le congrès de la société française d'ophtalmologie  a lieu au mois de mai  porte Maillot.
A partir du lundi, le congrès a pris  son rythme de croisière.
 J'ai retrouvé mes réflexes "parisiens" : mon bus n°82 qui traverse les quartiers chics (zut, j'aimerais bien visiter le musée Guimet), mon restau de sushis, et un rapide salut muet à Gaston Baty avant de retrouver le studio que des amis me prêtent rue de la gaité. Pendant cette semaine, je déguste le plaisir de l'anonymat (pouvoir marcher sans se faire accoster par un malade, c'est le pied intégral), et ce quartier animé devient le mien.                 
Certaines conférences intéressantes sont organisées par des laboratoires pharmaceutiques, et souvent elles s'accompagnent d'un repas ou d'un buffet ; j'ai regretté d'avoir perdu du temps et  bataillé pour un minable sandwich. Je déteste cette cohue autour des buffets,  pour se masser ensuite debout sur des tables bancales.  Je suis donc  allé me payer des sushis au fast food nippon(ni mauvais) du sous sol où j'étais assis seul et au calme.
Comme je l'ai dit à Adrienne en réponse à son commentaire, les marchands du temple sont partout. Je me suis offert une nouvelle monture d'essai et j'ai eu le tort de ne pas faire le tour des stands : payée 400€ chez machin, vendue 360 € chez truc.(je vais te faire une super contre pub à machin IRL parmi les collègues ). Je vous laisse imaginer le montant des arnaques sur les appareils de plusieurs milliers d'euros.
Quand je vous disais qu'il fallait recompter ses doigts après leur avoir serré la main ...  
Et puis c'est à partir du lundi que mes pieds et mes jambes me lâchent et se vengent de ma pratique assidue du "no sport" cher à W Churchill.
Le mardi matin a  lieu la Présentation du Rapport : c'est  toujours un moment solennel la grande salle du palais est pleine et les rapporteurs exposent une partie de leurs travaux dans un silence impressionnant.
Cette année le rapport traitait du décollement de rétine, et c'était  un très beau travail collectif.
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Dès le mardi après midi, les labos commencent à plier bagage, beaucoup de collègues sont  déjà repartis. 
-  Le palais se vide doucement ...l'urne transparente se remplit des  porte badge des congressistes qui rentrent chez eux.
L'idée de rejoindre, une rose rouge à la boutonnière,  mes amis politiques place de la Bastille m'a effleuré mais j'étais inscrit depuis longtemps à la soirée du congrès.
La "soirée du congrès" a lieu dans la grande galerie de l'évolution du muséum d'histoire naturelle, ouverte pour les quelques congressistes inscrits.

Nous sommes accueillis par un orchestre classique, et déambulons par petits groupes un peu partout dans cette atmosphère irréelle. Parfois je me sens comme un intrus parmi ces animaux.  Le repas, partagé avec des collègues sympathiques, est délicieux et il y a  ce cadre magnifique qui rend cette  soirée inoubliable .


 Le mercredi est consacré à une visite à ma cousine, puis à la découverte de l'exposition "Leviathan" d'Anish Kapoor au Grand Palais. Ce qu'on ressent à l'intérieur de cette oeuvre monumentale est assez personnel. J'ai passé tout le reste de l'après midi à regarder et prendre des photos. Si vous avez l'intention d'y aller, ne regardez pas l'album (Berthold) pour garder intact  le plaisir de la découverte. Voici juste une photo. 
   
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