pour les membres de ma famille, pour mes amis et les autres
Il y a une semaine mes amis du défi du Samedi avaient posté la consigne suivante : présenter des voeux originaux
Et comment fait on quand on est, comme moi, un handicapé des voeux ?
Quand au moment où je dis" bonne année" à un proche, me viennent des images de malheur, de solitude, de maladie, de guerres ou d'horreurs, ici ou ailleurs ?
Bien sûr, je me plie à la tradition et je sais faire bonne figure...
Suis je le seul à avoir le coeur qui se serre en prononçant ces mots convenus sous les lumières de la fête ?
D'abord pourquoi "nos meilleurs voeux" hein ?
J'ai beaucoup de pires voeux, voire de malédictions à adresser : aux dictateurs, aux chefs de guerre,aux pourris de tous acabits, aux financiers et bien sûr aux politiques qui trahissent nos espoirs à peine installés dans les confortables bureaux où nos bulletins de vote les ont placés. Non, je ne souhaite pas leur mort, car ils seraient remplacés, je leur souhaite la déchéance et une fin de vie longue douloureuse et misérable.
Je rêve d'un monde où les racistes de tout poil se retrouveraient dans la peau de ceux qu'ils haïssent le plus ; je voudrais voir comment nos parlementaires devraient se débrouiller avec un SMIC ou avec le RSA pour vivre, et je serais prêt à payer pour voir leurs enfants faire la queue à pôle emploi. Il est des maladies qu'on ne souhaiterait pas à son pire ennemi...mais en ces temps troublés, je manque singulièrement de compassion et je pourrais me réjouir du malheur de certains.
"ça c'est fait ..."
Ma Zigmund va un brin mieux, c'est pas gagné et je n'ai même pas osé présenter mes voeux à Pa et Ma.
J'ai repris le travail ce matin, j'ai presque trouvé ça reposant après ces deux semaines passées au chevet de Ma, à essayer de calmer l'angoisse de Pa, à proposer mon aide au frangin ; j'ai organisé au mieux mes consultations pour y retourner aussi souvent que possible.La distance est un problème mais aussi mon intrusion dans l'univers bien ordonné de mon papa où malgré mes efforts je sème le trouble.
Je n'ai pas la force de chercher les mots pour envoyer des voeux à ma famille et à mes amis.
En ce début d'année, deux amis nous ont quittés : l'un était mon voisin : curieux de tout malgré son grand âge, il luttait contre sa DMLA pour lire encore et toujours, il s'est éteint paisiblement dans son sommeil ; l'autre, une femme belle et pétillante, est venue me voir, sereine, à mon cabinet, juste avant son entrée en soins palliatifs : je garde le souvenir de sa main dans la mienne quand elle est venue me dire adieu.
Comment voulez vous que j'aime cette période de voeux où je me souviens de ceux qui nous ont quittés, où je cherche sur le bureau proche de la Table les papiers super urgents que je croyais régler et ranger pendant les vacances et qui ont disparu sous les nouveaux papiers aussi urgents?
Tiens, pour finir, je vais m'offrir une anaphore :
Je voudrais remercier ceux qui, sur les réseaux sociaux relaient quotidiennement mes luttes (la baguette des nantis).
Je voudrais remercier ceux qui prennent du temps pour faire un tour ici, même silencieusement, alors que parfois je ne leur rends pas la pareille.
Je voudrais vous remercier amis de la vie réelle, ou amis virtuels, médecins, soignants, de votre écoute parfois critique mais toujours bienveillante.
C'est pour vous que je renoue volontiers avec cette tradition des voeux pour vous souhaiter le meilleur du bon pour cette nouvelle année.
--- ---------