mardi 11 février 2014

Kaddish

 Je suis seul dans la chambre de Ma
Malgré une petite amélioration clinique, l’angoisse, la sienne, et par conséquent celle de Pa est à son maximum.
Je regarde dormir ma maman,  elle ne semble pas sentir ma présence. Je renonce à la réveiller, je sais qu’ils l’ont « shootée » parce que  ses crises d’angoisse nocturne sont  dangereuses et difficiles à gérer.
Je pense à cette galette des rois que j'avais achetée  pour apporter à la clinique, et comment la simple question de la vendeuse "je vous mets une couronne ?" a failli me faire fondre en larmes.  
Je me prends à espérer qu’elle se réveille  doucement, sans s’agiter, qu'elle me regarde un moment et dise avec un faible sourire : « tu étais là mon fils ? »  
Mais non, elle ne m'entend pas lui murmurer que sa peur aggrave les choses, que papa reparti sans qu'elle se réveille reviendra demain, que tout le monde fait le maximum pour qu'elle guérisse, et  surtout que je l'aime. 

Ma salle d'attente est pleine, j'ai une bonne demi heure de retard. La secrétaire et l'orthoptiste sont parties.La voix d'une infirmière passe le barrage du répondeur : Ma s'est éteinte cet après midi dans son sommeil sa main dans celle de Pa. Ce sont les infirmières qui lui ont dit, il ne s'en était pas rendu compte.
J'ai rappelé ma secrétaire  pour qu'elle annule les consultations de la soirée et de la semaine, et mes fils ont géré les coups de fil à passer, pendant que je terminais mes consultations.
Puis nous avons pris la route pour aller soutenir Pa. 
Ce soir, au milieu de ma peine,  la vision de Maman malade s'efface doucement, progressivement remplacée par les images de la mère aimante de mon enfance.
Les mots manquent  pour exprimer ma peine.
   


vendredi 7 février 2014

vendu, nanti et en colère



C'est un  soir, lors  d'une  réunion d'ophtalmologistes organisée par un labo, dans un des  restaurants de Grandeville. 
Nous sommes assez peu nombreux, nous nous connaissons tous, et les rapports  sans être "bisounours-style " sont bons dans l'ensemble.

dimanche 2 février 2014

long fleuve pas tranquille

Aux semaines de travail  pleines,  succèdent les week end près de Pa et Ma Zigmund.
Ma ne va pas vraiment mieux, et ce n'est pas une malade facile. (version politiquement correcte).

vendredi 24 janvier 2014

loi conso : dernière ligne droite - révision pour les nuls


Nous allons reparler de  la  #loiconso  celle là même qui fait la fierté de  Benoit Hamon lors de ses passages à la radio,  celle qui nous apparaît comme un tissu d'âneries dont certaines sont  vraiment dangereuses pour la  santé oculaire des citoyens.

vendredi 17 janvier 2014

invitation aux voyages

Dis moi Ma, il parait que tu arrives à te lever un peu ... déjà quelques mètres avec un déambulateur c'est un  petit mieux, un peu d'espoir.
Dis Ma, que dirais tu si je t'emmenais en ballade ? Pa vient avec nous s'il le veut ...
La Mongolie, les grands espaces ? ce voyage je l'ai fait par procuration il y a plus de cinq ans .  

Ou alors  l'Océan ?  tu  me diras qu'il fait si froid 
et que le seul bleu que tu aimes est celui de la Méditerranée...Je ne peux pas t'offrir celui là ... ou incomplètement 

 On peut se placer d'un point de vue différent pour voir la Méditerranée :




Et un  petit tour  à Kew garden après un  passage éclair à Shanghai  pour une éclipse  cachée derrière les nuages ?



 Je te laisse te reposer un peu ... je reviendrai avec d'autres paysages.
Une petite vidéo ça te dit ? 
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mardi 7 janvier 2014

le collectif de mars c'est maintenant




        Vous souvenez-vous que le 2 décembre certains médecins étaient  en grève ?
Remarquez- vous que ces mêmes médecins et quelques autres ont stoppé toute télétransmission le mardi ? (pardon les arbres !)
Avez-vous entendu parler  de la semaine blanche du 17 au 24 mars ?

-Oui ?  =>tant mieux … Et un grand merci à ceux qui relaient  nos messages sur les réseaux sociaux.

-Non ? =>Nous ne sommes pas assez visibles dans les médias qui saturent un brin sur les bonnets de toutes couleurs et les volatiles de tout poil.
 Rien sur les ondes ou à la télé sur ces actions : c'est silence radio.

Ce qui suit est mon interprétation perso simplifiée du collectif de Mars ; la version officielle se trouve ici sur le site de l’UFML.
Le collectif de mars qui réunit médecins et soignants de tous horizons  s'élève  : 
- contre des honoraires S1 non réévalués depuis plus de 10 ans et la désinformation soigneusement  entretenue par mst,* les médias, les mutuelles qui mettent depuis plus d'un an dans le même panier  quelques gros « dépasseurs » célèbres et les médecins S2 qui ont eu le droit de fixer librement leurs honoraires avec tact et mesure et de les réévaluer progressivement pour faire face à l'augmentation de leurs charges. 

-contre le contrat d'accès aux soins qui cherche à enchaîner les médecins secteur 2 dans des honoraires à peine  moins minables que ceux des secteurs 1.

- contre les insultes des assureurs qu'on nomme "mutuelles" 
- contre les amalgames : dépassement d'honoraires=lunettes, dépassement d'honoraires = prothèses dentaires.
(tiens,  ils n'ont pas encore pensé à accuser de dépassement les ORL pour le prix des prothèses auditives ?) 


     http://www.dailymotion.com/playlist/x1udkj_ucdf_depassements-honoraires/1#video=x15bd

 - contre une ministre de la santé déconnectée de la réalité et contre les syndicats médicaux horizontaux (les bien nommés) qui ont livré  la médecine libérale à la finance et sont prêts à nuire encore plus avec le tiers payant généralisé.



 

Sans doute sommes-nous trop peu nombreux, trop calmes, trop polis, trop prudents (normal, nous sommes médecins).


 Sans doute les médias ont mieux à faire que de s'occuper de ces "nantis" qui tentent d'alerter l'opinion, ils oublient que ce sont ces "nantis corporatistes" qui les soignent/ les soigneront, eux et leurs familles.

Nous sommes et serons peut-être encore une fois à contre temps, mais quel que soit le moment choisi, il n'a jamais été facile pour les médecins d'être  visibles et entendus. Les médias relaient une image tronquée de nous et de nos luttes.


 Pour la majorité des journalistes nous serions les nantis pourris qui se gavent avec des dépassements qui plombent le budget des ménages et qui en veulent plus toujours plus…J’aimerais voir leur réaction si leur salaire avait stagné depuis 10 ans. La seule exception à cette image de nanti est « le bon docteur » renommé qui donne un rendez-vous en urgence à leur maman…


 Patients, posez-vous la question : vous sentez vous concernés par l’avenir et l’évolution de la médecine ?
 Est-ce pour vous moins important que la météo, que les cours de la bourse, que le débat sur l’ouverture des magasins le dimanche ? 
Trouvez-vous normal qu’un médecin secteur 1  à Bac +10-11-15 vous demande  28€ quelle que soit la durée et la difficulté de sa consultation ? Regardez, pour comparer, les factures de votre réparateur électro-ménager ou informatique, de votre plombier, de votre coiffeur …


 Chers confrères non-grévistes, quelle importance accordez-vous  à  la dégradation de votre exercice, aux contraintes administratives supplémentaires qu'on vous prépare en douce (le tiers payant généralisé, les mentions obligatoires sur les ordonnances), aux insultes des ténors médiatiques et politiques ?  
Serez-vous fiers d’être bientôt  mieux rémunérés  sur vos performances administratives que sur vos actes médicaux ?  

Je me pose des questions sur les stratégies à mettre en place, à titre personnel :
-pourquoi continuer à défendre ceux qui ne comprennent pas que l’eau chauffe dans la casserole où nous sommes tous ?
-Quel intérêt de cotiser à un syndicat signataire ?
-Faut-il revoir à la baisse mes contrats de complémentaire santé ? 
-Dois-je arrêter  ou diminuer significativement la télétransmission ?
-Jusqu'à quand vais-je accepter d'essayer de faire du gastronomique au prix du mac do ?
-Dois-je passer en secteur hors convention  à quelques mois de mon départ en retraite pour enfin pouvoir exercer la médecine de qualité que m’ont enseignée mes maîtres ?

Les forces en présence sont disproportionnées ; en face ils ont le nombre : les médias, les syndicats horizontaux, les médecins "tête dans le guidon" et de l'argent, beaucoup d'argent,  car,  si nous sommes des "nantis", eux sont carrément blindés. 
C'est avec cet argent que les mutuelles nous insultent  avec leurs publicités consternantes. 
C'est avec cet argent qu'une mutuelle  porte plainte pour dénigrement  contre le SNOF pour avoir osé informer ses patients qu'ils pouvaient choisir leur opticien. 

 En d'autre temps,  des gens peu nombreux  ont su tenir tête et gagner des batailles contre des gros balèzes, mais "ça c'était avant ! " 
Je veux croire encore que nous serons nombreux à lutter, tous soignants confondus,*** et que les actions du collectif de Mars auront un écho important jusqu’à la victoire qui nous permettra de retourner faire ce que nous avons appris : soigner les gens.

* note pour le correcteur : si vous croyez que la majuscule est utile …
**qu'est ce qui est plus difficile à payer les 50 ou 80€ d'un ophtalmo S2 ou les 500 à 1000€ de vos lunettes progressives  que la sécu rembourse 40€ ? 

*** et pardon de n’avoir parlé ici que des médecins

lundi 6 janvier 2014

des hommes et des voeux




pour les membres de ma famille, pour mes amis et les autres

Il y a une semaine mes amis du défi du Samedi avaient posté la consigne suivante : présenter des voeux originaux 
Et comment fait on quand on est, comme moi, un handicapé des voeux ?
Quand au moment où je dis" bonne année" à un proche,   me viennent des images  de malheur, de solitude, de maladie, de guerres ou d'horreurs, ici ou ailleurs ?
Bien sûr, je me plie à la tradition et je sais faire bonne figure...
Suis je le seul à avoir le coeur qui se serre en prononçant ces mots convenus sous les lumières de la fête ?

D'abord pourquoi "nos meilleurs voeux" hein ?

J'ai beaucoup de pires voeux, voire de malédictions à adresser  : aux dictateurs, aux chefs de guerre,aux pourris de tous acabits, aux financiers et bien sûr aux politiques qui trahissent nos espoirs à peine installés dans les confortables bureaux où nos bulletins de vote les ont placés. Non, je ne souhaite pas leur mort, car ils seraient remplacés, je leur souhaite la déchéance  et une fin de vie longue douloureuse et misérable.
Je rêve d'un monde où les racistes de tout poil se retrouveraient dans la peau de ceux qu'ils haïssent le plus ; je voudrais voir comment  nos parlementaires devraient se débrouiller avec un SMIC ou avec le RSA pour vivre, et je serais prêt à payer pour voir leurs enfants faire la queue à pôle emploi. Il est des maladies qu'on ne souhaiterait pas à son pire ennemi...mais en ces temps troublés, je manque singulièrement de compassion et je pourrais me réjouir du malheur de certains.

"ça c'est fait ..."

Ma Zigmund va un brin mieux, c'est pas gagné et je n'ai même pas osé présenter mes voeux à Pa et Ma.
J'ai repris le travail ce matin, j'ai presque trouvé ça reposant après ces deux semaines passées au chevet de Ma, à essayer de calmer l'angoisse de Pa, à proposer mon aide au frangin ; j'ai organisé au mieux  mes  consultations pour y retourner  aussi souvent que possible.La distance est un problème  mais aussi mon intrusion dans l'univers bien ordonné de mon papa où malgré mes efforts je sème le trouble.
Je n'ai pas la force de chercher les mots pour envoyer des voeux à ma famille et à mes amis. 
En ce début d'année, deux amis nous ont quittés   : l'un était mon voisin :  curieux de tout malgré son grand âge, il luttait contre sa DMLA pour lire encore et toujours, il s'est  éteint paisiblement dans son sommeil ; l'autre, une femme belle et pétillante, est venue me voir, sereine, à mon cabinet, juste avant son entrée en soins palliatifs : je garde le souvenir de sa main dans la mienne quand elle est venue me dire adieu.

Comment voulez vous que j'aime cette période de voeux  où je me souviens de ceux qui nous ont quittés, où je cherche sur le bureau proche de la Table les papiers super urgents que je croyais régler et ranger pendant les vacances  et qui ont disparu sous les nouveaux papiers aussi urgents?
 





Tiens, pour finir,  je vais m'offrir une anaphore :

Je voudrais remercier ceux qui, sur les réseaux sociaux relaient quotidiennement mes luttes (la baguette des nantis).
Je voudrais remercier ceux qui prennent du temps pour faire un tour ici, même silencieusement, alors que parfois je ne leur rends pas la pareille. 
Je voudrais vous remercier amis de la vie réelle, ou amis virtuels, médecins, soignants, de votre écoute parfois critique mais toujours bienveillante.
C'est pour vous que je renoue volontiers avec cette tradition des voeux pour vous souhaiter le meilleur du bon pour cette nouvelle année.
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vendredi 27 décembre 2013

Rouah / souffle de vie

Ecrire est difficile.
 Ecrire m'apaise un peu.
Parler n'est pas une option envisageable.
Je savais que ce moment arriverait où l'angoisse ferait suite à l'inquiétude.
Ma va mal, très mal,  même si elle est en de bonnes mains, et que le médecins se montrent  moins pessimistes que moi.
Pour fêter les 93 printemps de Pa, nous avions apporté une bouteille de Jurançon  et Ma en a goûté un fond (une cuillerée  à soupe).L'infirmière, prête à râler, a finalement souhaité un bon anniversaire à Pa.
C'est aussi leur anniversaire de mariage.



Amis virtuels ou réels, merci de vos mots de soutien et pardon si je tarde à y répondre ou si j'y réponds  brièvement.
Je vais retourner au travail, mais garder des moments pour aller voir mes parents.
Il est probable que je continuerai à envoyer la #baguette des #nantis car, pour l'instant, la colère, intacte m'est un  moteur.
Et si je manque de l'envoyer, d'autres prendront le relais et je les en remercie d'avance.
Certains diront que j'ai mieux à faire...Je ne trouve rien d'autre.
Je laisse la prière aux croyants.
Ecrire est ma seule arme face à l'effroi glacé qui m'envahit. 


mardi 24 décembre 2013

finalement le classicisme c'est très surfait ...


Depuis plusieurs années, Noël se passe traditionnellement à l'Escale.
C'est d'ailleurs l'une des seules occasions où, "le couteau sous la gorge", je dois impérativement ranger la fameuse table  avec laquelle je vous bassine depuis l'ouverture de ce blog.

lundi 23 décembre 2013

Juste avant Noël

Ca fait plusieurs années que je n'aime pas Noël.
Bien sur, nous avons plaisir à recevoir nos enfants, quelques membres de la famille et quelques amis.
Mais =>>> déjà, horreur,  il faut que je range la Table
En dehors de ça, Noël me déprime : cette ambiance de fête obligatoire, cette fièvre acheteuse, et la difficulté d'exprimer certains sentiments autrement que par des cadeaux qui sont parfois refusés.
Pour Ma j'ai déposé un livre à la maison avec l'espoir qu'elle revienne et puisse critiquer mes choix comme elle le fait si bien quand elle est en bonne santé.
Pour Pa dont c'est aussi l'anniversaire j'ai déposé un DVD et un bouquet de chocolats.
 A ceux qui demanderont : "et  son diabète  ?" je répondrai par l'argument dit "des marchands d'armes" : mes chocolats ne sont pas les seules sucreries qui traînent dans la maison. Et puis il est tellement préoccupé qu'il n'a rien vu...
Pour lui changer les idées, j'aurais voulu pendant mon séjour l'emmener faire un tour en ville et admirer avec lui les illuminations de Noël mais j'ai eu droit à un refus catégorique.
 Je me souviens de nos Noëls à Vichy  où nous nous entassions à 13 dans un petit 2 pièces, quand mes grands mères et mes tantes nous entouraient d'un amour, certes  parfois étouffant, mais sincère etconsolateur ..
Il y a eu des Noëls de mon ancienne vie, au Mans, où les incroyants préparaient le chocolat chaud pour  le retour de messe de minuit des croyants, dans de lourds bols en terre cuite émaillée d'un rose improbable. Sur la table, il y avait aussi  des petits anges qui tournaient sur des bougies en faisant tinter des clochettes. j'étais le seul à aimer ce mobile agaçant ...
Puis il y a eu les Noëls  près de Coucy le Château avec  cette grande tablée chaleureuse qui réunissait toute la grande famille de Gabrielle.
Après l'exil de Johnny et Vonvon, les retrouvailles ont eu  lieu traditionnellement à l'Escale autour d'un ficus décoré dans la salle cheminée (celle dont je dois ranger la Table sous peine de sévères représailles) Nous voilà propulsés dans le camp des grands parents. J'aurais voulu que Pa et Ma se joignent à nous mais ça n'a pas été possible.
Il me reste demain soir au retour du boulot pour ranger cette maudite Table ou mardi matin, dernier carat.
L'autre table vient de se voir offrir une nouvelle nappe bien plus sage que les précédentes . Je vous laisse juges.

Ce Noël est différent, dominé par l'hospitalisation de Ma et notre inquiétude à tous.
Je voudrais tant que revienne la lumière...