dimanche 1 avril 2012

Elections souvenirs et avenirs

 
Depuis toujours, je me suis intéressé aux élections. Je me souviens que, quand j'étais jeune, le dimanche soir, après la proclamation des résultats, l'ambiance était morose, parce que la droite avait encore gagné  et le repas du soir se passait dans un silence consterné.



 

    De Gaulle, que petit garçon j'avais un jour acclamé, m'insupportait  maintenant  par ses envolées pseudo lyriques, et je le rendais responsable de mon exil. Il se gargarisait de cette France vieillie, figée dans ses certitudes et son bon droit après la parenthèse de Mai 1968.
En Pompidou, je n'ai pas su apprécier l'homme de lettres cultivé, je ne voyais que l'homme de droite, maître d'une France  toujours aussi étriquée.

J'étais en deuxième année de médecine quand François Mitterrand et Giscard D'Estaing s'affrontèrent  ;  et bien sûr je me souviens du fameux : "vous n'avez pas le monopole du coeur" ;  âgé de 20 ans, (et donc encore mineur )  j'enrageais de ne pas pouvoir voter, et j'enrageais silencieusement de voir mes copains prêts voter pour lui.
La salle télé de la cité U était pleinde d'étudiants de toutes nationalités suivant  les débats des présidentielles : la seule fois où le facho borgne nous a  tous fait rire c'est quand il a déclaré ; "orphelin de bonne heure, je suis devenu pupille de la nation ".

Giscard gagna ... et le repas dominical  fut aussi sombre que les précédents avec Ma Zigmund qui se désolait une fois de plus : " vous croyez qu'un jour Mitterand gagnera ?"
Enfin il y eut Mai 1981 où François Mitterand gagna ...

Ce soir là,  j'étais  trop loin de Ma et Pa Zigmund pour partager leur joie. La fête fut à la mesure des longues années d'attente de cette victoire. La  joie  fut si  importante parmi nous,  qu'un ami  oublia sa vieille télé allumée sur les images de Tonton au Panthéon, il partit arroser la victoire. La télé implosa  en son absence  et fit de gros dégâts.
Je me souviens de la rose rouge de ce  10 mai 1981, et j'ai failli arriver dans mon service au CHU  avec une rose rouge à mon veston. J'eus la bonne idée de renoncer, car King Arthur, mon patron était de fort méchante humeur persuadé qu'il était que les chars russes allaient  bientôt nous envahir. 

Alors j'ai  su mettre  ma joie en veilleuse...Par la suite, les élections présidentielles sont pour moi pratiquement liées à ma présence ou non à la société française d'ophtalmologie.(SFO) qui se déroule à Paris quasi au même moment.
En 1988, après avoir donné procuration à un ami, j'ai rejoint King Arthur qui acceptait de m'emmener en voiture à la SFO.
Le temps avait passé,  nous pouvions parler de nos divergences politiques sans trop de heurts. De toutes façons, ce jour là, seul comptait  mon premier  vrai rendez vous avec Gabrielle qui devait me retrouver au palais des congrès.
La chance a voulu que nous nous trouvions immédiatement  dans la foule compacte  des congressistes  dès mon arrivée en haut de l'escalator. J'ai donc immédiatement quitté le congrès et nous sommes partis visiter Paris en (pas encore) amoureux..
Les amis qui nous hébergeaient à Belleville  sont rentrés dans la nuit en hurlant "on a gagné !". Je n'ai eu qu'un mini regret : ne pas être présent à la réception du congrès pour voir la tête de mes chers confrères à la proclamation des résultats.
Au petit matin, avant l'ouverture du métro, nous avons marché dans Paris vers la gare du nord, en enjambant les canettes et les papiers témoins de la fiesta qui avait du être grandiose et arrosée. Dans les jours qui ont suivi , de nouveau seul, je suis retourné au congrès mais comme je ne pensais qu'à Gabrielle (repartie à son travail) je me traînais comme un zombie, et j'étais bien  incapable de me concentrer sur les communications. 
  Après l'élection de  Jacques Chirac, je me trouvais dans la famille de Gabrielle ;  la balance penchait à droite là bas, j'ai mis mes idées politiques en veilleuse.


Je me souviens du choc de 2002, j'étais le seul médecin à manifester publiquement ;  pendant le week- end du second  tour nous avions organisé un stage de boxe et  les punching ball en ont pris plein le cuir.
Je n'aurais jamais cru qu'un jour je regretterais Jacques Chirac...
Ce 6  mai 2007, nous sommes allés voter,  Gabrielle me fit remarquer qu'il faisait  bien froid... 

je lui ai dit "maintenant il ne fera plus jamais beau pendant au moins 5 ans". Peu avant 20 heures, sur la table devant la télé, j'ai posé une bouteille de champagne et nos deux coupes...pour noyer notre chagrin.
Le lendemain matin, j'ai pris tristement le chemin de la SFO . Le palais des congrès était volontairement  décoré de bleu, j'étais bien en territoire ennemi. Comme chaque année, j'ai retrouvé King Arthur qui se réjouissait ...Le sourire béat de la plupart de mes confrères m'était insupportable...Déprimé, j'ai quitté le congrès pour rendre visite à ma cousine préférée, dans l'espoir de paroles réconfortantes.
Elle m'a accueilli avec le même sourire aux lèvres, car elle avait voté pour l'autre ...
Cette année la SFO a lieu entre les deux tours des élections...
à suivre...

 
 

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