Dans un précédent post j'ai mis en lumière quelques nuages qui s'abattent sur mon cabinet.
J'y reviens rapidement afin d'expliquer à ceux qui passent ici mes silences prolongés, je ne voudrais pas que mes amis s'imaginent que je suis indifférent aux soucis qu'ils déversent sur ma Table.
Mais voilà il arrive un moment où trop c'est trop !
Je suis engagé dans une course sans fin qui s'accélère dangereusement pour ma santé mentale.
Cette semaine a été une horreur : je n'ai pas eu le temps d'expliquer à la secrétaire remplaçante ( la titulaire d'abord malade est maintenant partie aux sports d'hiver) comment gérer la prise des RDV.
Du coup, je me retrouve face à un merdier incontrôlable avec des appels non traités, d'autres traités mal traités ou non notés, des dossiers accumulés et mélangés...j'ignore si ce flot ininterrompu pourra être un jour maîtrisé.
J'ai bloqué mon téléphone, ce que je me refuse à faire habituellement pour ne pas laisser passer une urgence.
Or il se trouve que mon portable ne passe pas derrière les murs épais de mon cabinet.
Ça n'a pas raté : Pa a voulu me joindre et s'est angoissé de n'avoir aucune réponse,.
Les courriers à faire s'accumulent, ma déclaration de revenus traîne, mes consultations pleines de Léontines se passent mal, nécessitent de plus en plus de courriers, je suis au bord de l'implosion.
J'ai réalisé que je passe plus de temps à gérer l'administratif qu'à soigner les gens : ça suffit à mettre mon moral au plus bas.
Me maîtriser me prend toute mon énergie et le soir je suis vidé hagard, affalé tel une larve devant la télé que je ne regarde même pas.
J'accumule les erreurs : j'ai incendié un correspondant qui m'avait promis un courrier urgent mais finalement la lettre attendait sagement dans les courriers à ouvrir, j'ai oublié un RDV pris avec un réparateur, j'ai laissé mon manteau au restaurant à l'autre bout de la ville...
Comme un traitement, une pause agréable dans cette course : fatigué, déprimé et heureux à la fois j'ai passé quelques jours à Paris, pour les JRO (ou journées de réflexions ophtalmologiques) effaré d'avoir osé faire cette pause et content de pouvoir me l'offrir. Plaisir de retrouver mes confrères lointains, de boire les paroles des conférenciers, de regarder le parc de la Vilette sous le soleil, de marcher sans crainte d'être arrêté (comme chez moi) dans la rue pour un RDV.
Et puis, bien sûr, il y a eu la manifestation du 15 mars contre la loi santé. Nous étions nombreux et motivés, certainement plus que les 20000 annoncés par le ministère.
J'ignore quelle sera la portée de cette manifestation. Je rigole de voir la ministre jouer les victimes et dénoncer la violence de certains propos. Elle oublie vite les insultes quotidiennes et les mensonges proférés depuis son arrivée contre les professionnels de santé -parce que le mot "médecins" lui semble étranger (ou la blesse ?).
Je suis rentré sonné épuisé malade mais content d'avoir été là où je devais être...
Mais voilà, je savais que dès le retour à mon cabinet, la course reprendrait et cette angoisse effroyable qui l'accompagne.
Quand j'étais jeune on disait dépression, aujourd'hui on dit burn out.
Par bonheur, des mains amies se tendent vers moi pour m'éviter de m'écrouler.
Ai je un autre choix que de m'accrocher du mieux que je peux à mon rocher en espérant que la tempête se calmera ?
Zigmund, si tu veux un arrêt de travail, je suis prête à te le faire. Même sans t'avoir examiné, on le sent et on le sait nécessaire.
RépondreSupprimerComment peux tu t'aider toi même et te faire aider pour sortir de ce surmenage ?
Je voudrais bien participer à l'amélioration de ton moral.
je suis bien conscient de mon état ; j'ai en contre partie un peu d'aide morale chez moi et je suis assez heureux
RépondreSupprimerj'avoue avoir honte d'être surmené avec un emploi du temps qui semblerait très léger à n'importe lequel de mes confrères.
chaque congrès, chaque jour passé à l'hôpital , chaque moment loin de mon cabinet est un rayon de soleil et me regonfle le moral ; j'aime toujours autant mon travail mais je manque d'énergie ou j'ai de plus en plus l'impression que mes patients et mes amis abusent de ma disponibilité . oui je pourrais arreter 8 jours 1 mois ou plus mais à mon retour tout recommencerait ...
tes posts et ceux de qq confrères me remontent le moral merci à toi Marion