Depuis tout petit, j'en ai rêvé aussi. J'ai toujours baigné là dedans à commencer par la langue : dès que j'ai su lire en français, j'ai commencé à apprendre à lire en hébreu.
Nous partons pour 10 jours de voyage organisé très classique. A l'arrivée à l'aéroport de Lod, j'ai cette sensation étonnante que quelqu'un m'attend.
Sur la route vers Jérusalem, le paysage me rappelle mon enfance et j'ai la sensation que je suis chez moi ici. Plus tard je tomberai amoureux d'autres villes, d'autres lieux mais nulle part ailleurs je ne retrouverai cette certitude d'être -revenu- chez moi.
De ce voyage unique, fondateur je ne conserve que des flashs, rien de bien cohérent. Il ne me reste que 3 photos, j'en avais pris une bonne quarantaine (ce qui était énorme à l'époque) et j'ai fait l'erreur de les confier ainsi que mes négatifs à Ma et à mes grands parents et tout a été perdu.
Le support des photos aurait donné un ordre, une cohérence à mes souvenirs.
Alors ce sera un vrac, une Table avant l'heure...
Jérusalem : un bel hôtel où j'ai du mal à dormir tant je suis submergé par l'émotion d'être ici. Au restaurant je tombe nez à nez avec une vraie japonaise en kimono, elle me sourit, je croyais que ça n'existait que dans les livres.
Près d'un lieu saint (le Saint Sépulcre ?) des soldats lourdement armés, postés sur un toit, me surveillent. J'ignore de quel côté de la frontière ils se situent car à cette époque la ville est bizarrement découpée
"un pas de plus et on est en Jordanie"
C'est peut être une blague : en 1948 dans un train qui traversait le pays du nord au sud on lisait, parait il, sur les fenêtres l'inscription suivante : "interdiction de se pencher en territoire ennemi ". Sur une colline dominant la ville, je passe le pied à travers un grillage imaginant que je suis passé en Jordanie.
Mea Sharim avec ses hommes en noir : chacun est le martien de l'autre ; l'un d'eux pointe sa canne vers moi, je la dévie d'un geste en le regardant droit dans les yeux.
Dans mes souvenirs de Jérusalem encore : les manuscrits de la mer morte, la Knesseth et le tombeau de Théodore Hertzl.
Plus tard une courte baignade dans la mer morte : l'eau avait une consistance graisseuse assez désagréable.
Traversée du Négev vers Eilat. La guide nous raconte l'histoire du rocher rouge. Des jeunes gens à cette époque voulaient voir ce rocher ... aucun n'est revenu. La chanson qui suit reprend cette tragique histoire. https://music.apple.com/fr/song/le-rocher-rouge/848993929
Moi qui adore déjà les villes et le bruit, je tombe immédiatement amoureux de ce désert et je me promets d'y revenir.
Remontée vers la Galilée, les noms de lieux se bousculent dans ma mémoire :Tel Aviv, Safed, Ayelet Hashahar et Haifa.
Et reste le souvenir d'un séder un peu triste et de la promesse jamais tenue de revenir.
Ce post ne décrit pas qu'un "beau voyage", reflet d'une profonde déchirure, il est surtout destiné à mes proches et fut l'un des plus difficiles à écrire.
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Remontée vers la Galilée, les noms de lieux se bousculent dans ma mémoire :Tel Aviv, Safed, Ayelet Hashahar et Haifa.
Et reste le souvenir d'un séder un peu triste et de la promesse jamais tenue de revenir.
Ce post ne décrit pas qu'un "beau voyage", reflet d'une profonde déchirure, il est surtout destiné à mes proches et fut l'un des plus difficiles à écrire.
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En 1969, je suis partie travailler durant quelques mois au kibboutz Baram en Haute Galilée (juste au dessous du Liban avec la Syrie pas très loin où on pouvait se perdre en marchant).
RépondreSupprimer1968 était passé par là juste avant et j'avais envie d'autre chose qui donne un sens à ma vie.
Si je n'ai pas eu cette sensation d'arriver chez moi à Lod, par la suite j'ai
évidemment vu tous les lieux que tu cites et bien d'autres encore (Avdat, Jaffa, Beer Sheva, Eilat...).
Je précise que je ne suis pas juive ni croyante mais pour autant, je crois avoir éprouvé les mêmes sentiments que toi, sentiments qui perdurent encore aujourd'hui. C'était comme si ce tout petit pays était aussi ma patrie, la patrie de tous.
merci pour ton commentaire
RépondreSupprimeroui j'en ai oublié plein vus trop vite ou avec des souvenirs trop personnels pour être livrés ici
Eilat, Césarée, une cité nabathéenne...
je me doutais qu'un tel voyage pouvait marquer aussi un non juif probablement plus à cette époque de "pionniers"
je retournerai peut être mais je crains d'être déçu de cette évolution (nécessaire)vers un état axé sur l'économie comme le sont toutes les démocraties occidentales. je précise que je ne suis pas religieux et plutôt ancré à gauche.
Je pense que je n'aimerais pas y retourner aujourd'hui. Bien sûr qu'il y a eu des évolutions nécessaires mais il y en a eu d'autres qui me heurtent profondément.
SupprimerMême si à mon époque tout n'était pas rose entre les différentes communautés, il y avait néanmoins une forme œcuménisme bienveillant dans la plupart des lieux.
Mon plus beau souvenir : avoir passé une journée avec les femmes bédouines, dans leur tente.
Je suis également plutôt ancrée à gauche...
je comprends. pour moi c'est un peu différent car même si ma vie est ici c'est là bas le seul endroit où je suis "chez moi " Si je retourne je me préparerai au "choc "
SupprimerMa mère a fait ce voyage il y a trois ans avec ses amis dont une ou deux vivent là-bas (elle a étudié en Amérique latine dans une école ayant des élèves filles de religion hébraïque, protestante méthodiste et catholique). Ce voyage les a toutes beaucoup touchées. Pour ma part, chaque fois que je touche la terre de ma famille maternelle dont j'ai aussi la nationalité, il y a ce lien qui perdure.
RépondreSupprimerJe t'embrasse Zig et t'espère en bonne santé et le coeur pas trop lourd (léger ?)
une partie de ma famille y vit et attend ma visite et j'ai repoussé pour plein de mauvaises raisons
RépondreSupprimerje crois que j'ai peur du changement que je vais trouver j'ai peur que ça casse mon vieux rêve ... et pourtant c'est chez moi Je vais bien j'aurais bien repris un peu de ce temps libre qui m'a été donné pendant 55 jours
mais c'et été abuser^j'espère que tu vas bien Caro Bises
Oui, je reprends enfin le travail mais de chez moi. C'est ce que je me dis pour mon prochain retour au pays, il paraît que Lima a poussé tel un champignon. Je t'envoie une nouvelle que j'ai remaniée depuis qui parle de cela. Je t'embrasse. Caro
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