Maman Shiri

(Texte d’Elyasaf Ezra)  

Maman Shiri.

Quand j’aurai des enfants, je ne leur raconterai pas Superman, Spiderman, Batman ou Wonder Woman.

Je leur raconterai maman Shiri.

Maman Shiri, qui s’est réveillée à un matin terrifiant, passant du paradis à l’enfer, du rêve au cauchemar.

Maman Shiri, qui s’est postée seule, sans personne pour lui tenir la main, face à l’armée du diable.

Maman Shiri, qui, même face aux terroristes armés n’a pas oublié de prendre la tétine de son enfant, parce qu’elle sait à quel point elle est importante pour lui.

Maman Shiri, qui a enveloppé ses garçons dans une couverture et l’a serrée autour d’eux,

comme si c’était l’armure la plus solide du monde.

Que personne n’ose s’approcher de son cœur.

Maman Shiri, qui tenait Ariel d’une main et Kfir de l’autre, attachée à eux par des menottes d’amour et jeté la clé à la mer.

Maman Shiri, dont le visage terrifié me hante à chaque fois que je ferme les yeux.

Maman Shiri, qui est aussi la fille de quelqu’un, qui a perdu ses deux parents assassinés, son chien massacré, et dont le mari lui a été enlevé.

Une mère qui n’a pas oublié d’être mère, même dans un moment où il est si facile d’oublier son propre nom.

Maman Shiri devrait être gravée dans chaque foyer.

Chaque enfant devrait connaître son histoire, et sa photo devrait être accrochée dans chaque salle d’accouchement.

Une maman dont même des centaines de terroristes n’ont pas réussi à couper le cordon.

Maman Shiri, pardon de t’avoir laissée seule à ce moment-là.

L’humanité entière te tient la main.

L’humanité entière pleure des larmes orange.

🧡🎗️