samedi 1 août 2020

Pandémie en sous sol


Nous  avions  installé  ce  petit  coin  de  bonheur au  sous  sol  de  la  maison dans  une  cave oubliée.
Certes  le  jardin  aurait été  assez grand pour  accueillir  une  serre en  dur,  mais  le  chauffage  aurait  posé  problème, or  notre  serre  se  devait  d'être  "assez  picale"   et  si possible  tropicale.
Une  structure  métallique  doublée  de  laine  de  verre,   des  néons  au  plafond, quelques  étagères : nous  avions  délimité un  petit  espace  au  milieu  de  cette  cave. L'éclairage  suffisait  à  maintenir la  température entre  25 et  30° et  l'hygrométrie  dépassait  les  90% .
 Les  plantes furent introduites progressivement  pour  peupler  notre  micro  paradis quelque  peu  artificiel.
Chaque  orchidée  fut  choisie  avec  amour,  je  me  souviens  que  nous  traversâmes tout  Paris en  speed (et en  métro)  pour  aller  adopter la  dernière orchidée  vanille  d'une  boutique.
Quelques  plantes  carnivores, quelques  bégonias, et d'humbles "couvre  sol" s'ajoutèrent et  surtout
une  petite  collection  de cycas assez  rares dont nous  étions  particulièrement  fiers. Même  les  jardiniers  des  serres   du  jardin  des  plantes  bavaient  d'envie quand  nous  décrivions   certains  de  nos  spécimens.
Nous  descendions à tour  de  rôle "pschitpschitter " les  feuillages ;  nous  prenions un bain  de  lumière  et  de  douce  chaleur, et  en  plein  hiver, ça  suffisait  pour  nous   remonter le  moral  en  rentrant  du  travail.
Il  m'arrivait  même de  parler à  certaines de  ces  beautés cachées  et  même  de  leur  lancer  un  "soyez  sages  les  filles " ou "dormez  bien "  en  fermant  la  porte  avant  de  remonter  dans  le  monde  réel !
Plus  besoin   de chercher  une idée de  cadeau  d'anniversaire :  un  tour  sur  les  sites super  spécialisés  en  cycas  rares (et  une  carte  bleue)  suffisaient...
Quand  la saloperie  de  cochenille  pointa  son nez, nous   crûmes  pouvoir  lutter contre  l'épidémie : nettoyage de   chaque  feuille, encore et  encore,  recherche  de  solutions non  conventionnelles  sur  le  Net, essai  de  produits divers ...

Inexorablement les  feuilles  se  desséchaient, nos  beautés étouffaient  une   à  une malgré  les  soins.


Nous  tentâmes  l'isolement et le  confinement pour  certaines  plantes ou  au  contraire   une  sortie  au  grand  air... Il fallut  se  rendre  à  l'évidence : rien  ne  fonctionnait  et  chaque   "descente  au  paradis" nous  déprimait.
La  serre  ne  fut  plus   qu'un  mouroir,  il  fallut  se  résoudre à  sortir  toutes  les  plantes et  les  entreposer  sur  un  coin  du  compost. Nous  n'avions  pas  le  courage  d'y  mettre  le  feu."Que  peut  on  déposer  sur  la  tombe  d'une  fleur ?"
Quelques cycas encore  un  peu vaillants eurent  l'autorisation  d'entrer  dans un  coin  reculé  de  la  maison après  nettoyage pour  y  recevoir  des  soins  palliatifs minimalistes.
Les  mois passèrent. Le  squelette de  la  serre, vide  nous   déprimait et nous  avions  condamné  cette cave.
Pourtant, récemment,  nous  avons  constaté  que  quelques uns  des  cycas sub-claquants confinés  dans  un  coin éloigné  de  la  maison  semblaient  reprendre   du  poil  de la  bête :  oh !  pas  bien  nombreux ,  et  aujourd'hui la  résurrection  se  résume  à  une ou  2  feuilles  par  ci  par  là.
Mais  ça  suffit à  nous  redonner  l'espoir  d'un repeuplement   de notre  petit  paradis... avec  masques  et  gestes  barrière bien  sûr 
à  suivre ...

  voir  aussi   descente  au  paradis  =  version  d'avant  pandémie

    
   


 

2 commentaires:

  1. je viens de commenter au Défi et ne peux que me répéter: quel drame!
    on les aime, nos plantes, comme des êtres vivants (moi aussi je parle à mes orchidées ;-))

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    1. je pousse la folie jusqu'à donner un prénom a certaines plantes
      le citronnier de ma maman vient d'être nommé Léon (à cause de Léon Zitrone ) il refuse de fleurir malgré mes soins attentifs

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