Depuis mon voyage d'octobre je redoutais ce moment
te voilà envahi de métastases, trop faible pour te lever, ou pour manger et hospitalisé en soins palliatifs
tu arrives encore à répondre au téléphone je te trouve assez serein et calme sauf quand les céphalées violentes reprennent malgré les drogues.
Je dors mal et les questions tournent en boucle : sauter dans un train et risquer d'être un poids alors que les visites te fatiguent ? t'écrire et t'envoyer des photos ? te téléphoner et t'écouter ou essayer de parler ... mais pour dire quoi ?
que la fin est proche ? que c'est injuste ?
Et merde !!!
nous pourrions évoquer nos souvenirs : ma première rencontre avec toi la fascination devant ce petit être dans son berceau et ma question qui avait tant fait rire ta maman "il est de vrai Henri ?"
Faut il évoquer encore nos noëls de retrouvailles et les parties de rigolade sans raison valable. Parfois les fous rires de la journée avaient été si intenses que Ptit Frère faisait une crise d'asthme la nuit venue et les parents étaient furieux.
Je voudrais t'envoyer des photos de nous de notre vie mais le choix est difficile : envoyer des messages trop gais ou trop futiles me semble inconvenant, t'envoyer des photos de mer raviveront ta peine de ne plus pouvoir aller sur ton cher bateau...
Je pèse chaque mot des messages que je t'écris : mon quotidien, ma lutte contre le temps qui manque, mes préoccupations personnelles me semblent tellement superficiels : la fête des écoles de Satelle, mon prochain concert, le rangement de la maison (la Table a fait des petits ) et les tours à la déchetterie, mes petits RDV médicaux, mes tentatives pas toujours géniales de confection de pains spéciaux...
Je pourrais te parler bien sûr de la guerre au proche orient, de la montée de l'antisémistisme chez ceux qui avaient nos suffrages, l'inquiétude pour les nôtres qui courent aux abris à chaque alerte ... mais ce n'est pas une bonne idée d'en rajouter ces angoisses supplémentaires sont silencieuses ... je les combats en m'abimant dans le spider solitaire ...
peut être rire ensemble de "la croisière s'amuse" de la semaine dernière ? mais inutile de salir ce blog avec la photo des minables passionarias.
Je n'arrive pas à y croire pourtant je sais que tu es là bas, que la fin de ton voyage est proche pour toi que j'ai du mal à trouver les mots qui consolent ou réconfortent.
Comme ta famille plus proche je prends ta main dans la mienne.
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