samedi 30 avril 2011

déménager, vous avez une autre question ?


Plus grande est la maison, et plus grand le désordre...
Je me souviens d'avoir un jour visité cette maison vide ou quasi, c'était il y a bien longtemps.
Nous l'avons remplie peu à peu, de nos livres d'étudiants, puis des jouets des enfants, de photos, de livres, beaucoup de livres, de bandes dessinées, de films, de quelques meubles pour accueillir les livres,  de lits pour les enfants et leurs copains, de tables et de chaises pour recevoir les amis et d'un tas d'objets hétéroclites auxquels nous avons eu la faiblesse de nous attacher.
Vous aurez du mal à croire que j'ai longtemps rêvé d'une vie nomade.
Les oisillons devenus grands ont quitté le nid en y laissant leurs traces et en promettant de revenir mettre bon ordre.
Et un quart de siècle plus tard vous me demandez si j'envisage de déménager ???
Moi qui suis incapable de vider une bête table où s'empile la comptabilité et tous les papiers administratifs de la gestion d'une maison ?
Et admettons que je vide la table ...les livres y avez vous pensé ?
Il y en a dans chaque pièce sauf dans les salles de bains (nous avons tenté de lire sous la douche =>expérience déconseillée).
chatsEt les chats hein ?
(réaction des chats quand on leur parle de déménager)========>
plantes Et les plantes  hein ?
Non  le seul  mot  de déménagement, de même que le mot ordre sont à jamais  bannis  de notre vocabulaire et sont un facteur anxiogène.
D'ailleurs pour nous remettre de cette seule pensée, nous allons devoir ouvrir une bouteille de champagne et une boite de pâtée pour chats.

vendredi 29 avril 2011

et j'ai même rencontré des wagons heureux ...



Je viens de terminer ma déclaration d'impôts professionnelle,  je vais ranger la table(essayer), et je  me prépare à partir au congrès  de la société française d'ophtalmologie à Paris.*(si la santé de Ma Zigmund le permet)
Depuis quelques années j'ai appris à maitriser le circuit des bus parisiens pour éviter le métro.
Quitte à être  tassé dans un transport en commun autant voir le jour...
Il m'arrive encore  de descendre dans le métro et, comme tout provincial, je ne me lasse pas de scruter à la dérobée le regard éteint ou carrément absent des gens. Impressionnant...



* aux nuisibles ordonnés qui ont un jour instrumentalisé ce blog : inutile de chercher ici un compte rendu médical de ce que j'aurai vu à la SFO.
  très consciencieux et très studieux, je passe mon temps à écouter les conférences, je m'arrête peu sur les stands et m'éloigne des marchands du temple. Je finance entièrement ma participation et continuerais à le faire même si elle doublait dans les années à venir faute des "sponsors" qui arrosent le monde médical.
Oserez vous prétendre, si je raconte Paris plutôt que le rapport sur le décollement de rétine que ce  congrès  est  plus touristique que formateur ?
comme  vous le voyez ma colère reste intacte et la porte est derrière vous. 

mercredi 27 avril 2011

J'ai même rencontré des glaucomes gentils


J'étais depuis peu installé, tout juste sorti des jupes de l'hôpital où j'avais étudié principalement le glaucome.
A l'époque, ils devaient avoir 50 ans, elle petite, éteinte, ne voyait que d'un oeil, lui frustre, pas  causant, méfiant me regardait de travers.
Après avoir étudié  leurs lunettes, j'ai mesuré leur pression oculaire à la recherche d'un glaucome.
Pour leurs 3 yeux, le résultat était édifiant  : 30mm Hg alors qu'on commence à s'inquiéter à partir de 21-22(avec qq nuances).

(photo d'un oeil normal)
Au cas où j'aurais eu un doute sur le diagnostic, le fond d'oeil était typique d 'un glaucome.
Pour Monsieur   le "creux dans le nerf optique" ce que nous appelons l'"excavation" était quasi caricatural, le diagnostic de glaucome chronique sautait aux yeux.

J'ai pris le temps d'expliquer le plus simplement possible qu'il allait falloir s'occuper de ça sérieusement, et pour ne pas les angoisser, je n'ai pas prononcé le mot de cécité.
Ne possédant pas d'appareil pour relever le champ visuel, j'ai convaincu le couple d'aller voir mon boss à l'hôpital .
Dès leur arrivée, ils ont été dirigés au champ visuel, chacun son tour.
L'examen du champ visuel est simple : on vous installe devant une coupole blanche, on vous fait promettre de ne pas remuer (ni les yeux ni la tête) et on vous fait voir des points lumineux d'intensité variable un peu partout sur la coupole.Vous appuyez à chaque point vu. C'est simple, un peu barbant parce que c'est long, mais comme c'est au champ de vision que s'attaque le glaucome, les 10 minutes sans bouger (par oeil) valent la chandelle.
Monsieur a tellement râlé que son champ visuel n'était pas interprétable, et madame qui avait quelques problèmes de compréhension (voir le squetch des inconnus : "fallait appuyer ?") a mis à rude épreuve les nerfs de l'infirmière qui surveillait l'examen.
J'ai ensuite pris des photos de leurs nerfs optiques et je suis allé montrer les résultats au patron.
C'est là que les choses se sont gâtées.
 Monsieur s'est mis à hurler devant la salle d'attente pleine qu'il en avait marre d'attendre, et qu'il avait des trucs bien plus importants à faire, que son glaucome il s'en foutait, qu'on ne le reverrait plus jamais et a emmené madame dans son sillage de jurons et d'insultes.
Au vu des résultats de monsieur, on pouvait parier pour une cécité dans une dizaine d'années.
Quelques mois plus tard madame est revenue me consulter et a accepté le traitement. Je continue à la surveiller régulièrement et à m'angoisser pour son seul oeil restant.
Et Monsieur ?
Je le revois régulièrement, il attend devant mon cabinet, c'est lui qui conduit sur plusieurs kilomètres la voiturette dans laquelle il amène madame à sa consultation semestrielle.
J'ignore comment est son champ visuel, je suppose qu'il voit un peu, je sais qu'il n'est pas traité et je sais que je ne traverserai pas la rue devant sa voiturette...

27 Avril 2011 , Rédigé par Zigmund

vendredi 22 avril 2011

encore une pause ...


22 Avril 2011 , Rédigé par ZigmundPublié dans #Table et divers déboires
Ma Zigmund est retournée à l'hopital, et bien sûr je m'inquiète à nouveau.
Je ne partirai donc pas en vacances vers le sud, je ne sais pas si je trouverai le temps de raconter ma rencontre au bord de la mer avec Soumarine.

J'ai accumulé un retard monstre de courrier et de comptas. La déclaration d'impôts est prête à partir, mais, avant,  il faudra la vérifier et le courage me manque.
Je relis le dernier billet de Jaddo(juste après dresseuse d'ours) et je réalise à quel point il m'est difficile de contacter les médecins qui s'occupent de Ma Zigmund, j'oscille entre la peur de ne pas comprendre (mes souvenirs de médecine générale sont lointains) et être ridicule dans mes questions, ou de comprendre pourquoi son traitement est difficile à équilibrer.
Dans ma spécialité il est souvent facile  de soigner la famille, ou de donner des conseils, l'enjeu est rarement vital en ophtalmologie.
J'essaie de me souvenir de mes cours de médecine, vieux de 30 ans, je bute sur des notions que je maitrisais honorablement  autrefois...il y a si longtemps.
Bien sûr  je pourrais aller jetter un coup d'oeil sur internet, il suffit d'avoir les mots clefs et je les ai,  mais ce que je pourrais y trouver m'angoisse au plus haut point.
Jaddo a raison on ne peut pas soigner ses proches, si  l'enjeu est autre chose qu'un vaccin,  une paire de lunettes ou une surveillance, il faut laisser les confrères s'occuper de sa famille. Je constate à quel point je me suis spécialisé, "sur spécialisé" même , et à quel point, malgré mon intérêt pour la médecine, je n'ai plus que de vagues notions de cardiologie et de pneumologie.
Beaucoup  voudront savoir ce que je sais, ils n'entendront pas mon inquiétude, ils ne sauront pas mes doutes et mes ignorances, et ils m'en voudront de mes silences.


PS évidemment je  me suis fait porter pâle depuis qq semaines pour le défi du samedi . le thème de la semaine était : le regard vert
(ce labyrinthe végétal n'est pas ma participation)
allez lire les autres participations  et en particulier celle de Vegas sur sarthe
celle de joye est également très drôle

lundi 11 avril 2011

élue casse c... de l'année


11 Avril 2011 , Rédigé par ZigmundPublié dans #Table et divers déboires

       A première vue,  Madame G est une mamie adorable : belle, coquette , intelligente, plutôt dynamique  pour ses 85 printemps, elle conduit encore sa voiture et semble en bonne santé ...Je la connais depuis une vingtaine d'années.
Cette super mamie cache  juste quelques défauts qui mettent ma zénitude à rude épreuve.
Elle m'enterre sans vergogne un rendez-vous sur deux, ceci sans excuse ni explication et ce quel que soit le délai du dit rendez-vous.
Puis se pointe et demande, exige, supplie pour avoir un autre RDV en urgence pour gratouillis chronique (bobonoeil) depuis 6 mois,et accepte en signe de repentir le dépassement d'honoraires que je m'octroie lors de la consultation. Son dossier est émaillé de ces mots qui sautent aux yeux
-PVPP(pas venu pas prévenu)
-FU(fausse urgence)
parfois pour m'amadouer elle utilise son médecin traitant (traitre et complice ! ) qui me l'adresse en urgence injustifiée.
Mais sachant que "la colère mène du côté obscur " j'arrive jusqu'à présent à ne pas hurler quand elle consulte.
Je me "lâche" parfois par écrit   sur son dossier :
"-Je rêve qu'elle change d'ophtalmo !
-stop rendez vous !"
Récemment,  elle a réussi à me mettre d'une humeur de chien pour le restant de la journée en m'abordant chez la boulangère et en me disant : ah docteur, je pense souvent à vous , croyez vous qu'il faille opérer ma cataracte ?
Bon par égard pour la boulangère qui attend ma commande, je lui dis  froidement que le lieu ne se prête pas à la discussion et que mon cabinet est ouvert quand j'y suis ce qui n'est pas le cas, l'a t'elle remarqué ?
(et comme je regrette
-de ne pas me souvenir de son nom =>je pourrai lui téléphoner à 2h du matin pour prendre des nouvelles de la cataracte en question lui dire combien moi aussi je pense à elle
-de ne pas être proctologue
-de ne pas avoir l'âge ou l'envie de porter une cagoule)
Dans l'après midi elle s'est pointée à mon cabinet pour me reparler de sa cataracte  et demandait à être opérée le plus tôt possible.
C'est en ouvrant son dossier que j'ai constaté que ça faisait deux ans que je ne l'avais pas vue, le précédent RDV ayant été enfumé et que depuis 5 ou 6 ans je lui proposais de se faire opérer sa cataracte qui murissait et jaunissait à vue d'oeil.
Il faut savoir qu'une cataracte jaune et trop mûre est plus galère à opérer et que je me fais "engueuler"par le chirurgien :"pourquoi tu me l'envoies si tard ?
Elle est prévenue que les deux rendez vous post opératoires avec moi seront avec un dépassement d'honoraires conséquent et tant pis si dame sécu me cherche des crosses.(je fais rarement des dépassements d'honoraires)
Ce genre d'enquiquineur est assez fréquent
-j'ai droit à 2 PVPP par journée de consultation(sans excuse ni explication)
-je ne peux pas traverser ma ville à pied ou faire mes courses tranquillement (d'où l'idée de la cagoule) sans me faire arrêter pour avis ou demande de rendez vous et c'est la même chose pour la secrétaire et la femme de ménage (qui elles, envisagent le niqab ! ).
-il me faut des années pour convaincre quelqu'un de se faire opérer et quand ils sont décidés il faudrait "tout de suite"
 mais cette dame cumule joyeusement elle mérite donc la palme.

samedi 9 avril 2011

fermer (toutes) les écoutilles


 écrit pour le défi du samedi consigne #144

Que voyez vous quand vous fermez les yeux ?
Voilà une consigne pour moi, me suis je dit.
J'avais devant moi un assez long voyage en voiture  : aller prévu le samedi, fiesta sur place,  et retour le dimanche . 

mardi 5 avril 2011

Gratuité des études médicales ?


gratuité des études médicales ?

Dans ce blog comme dans la vraie vie, je suis quelqu'un d'assez zen  je me mets rarement en colère
Nos gouvernants ? ils me consternent plutôt ,et  si par malheur  ils rempilent, j'ai envisagé l'exil vers le pays de mes blogamis Walrus et Adrienne (ou alors  me lancer dans le vaudou ? ).
Non il y a une chose qui me met hors de moi, c'est qu'on rende les médecins responsables des déserts médicaux. Dans un article précédent j'abordais le problème à partir d'un article de atoute. Cet article était une réponse à l'intervention d'un professeur dans le monde. A ce sujet deux consoeurs étaient intervenues sur leur blog
Depuis, j'ai passé un peu de temps à lire ce qui est écrit sur les blogs à ce sujet.
résumons rapidement les bêtises  qu'on lit en commentaire à droite comme à gauche
"Ah ces méchants médecins libéraux qui se dorent la pilule au soleil pendant que les vieux agonisent dans leurs campagnes sous-médicalisées !
Le sujet est récurrent et chaque article sur les déserts médicaux reçoit son lot de commentaires poujadistes :
C’est nous qu’on paye, y’a qu’à les forcer à s’installer dans les campagnes, merde !"
(extrait de Atoute : le beurre l'argent du beurre et la crémière libérale)
je ne reviendrai pas sur le problème des déserts médicaux que j'ai déjà plusieurs fois abordé, mais sur l'assertion scandaleuse et  très répandue que nos études de médecine sont gratuites et  financées par la collectivité.
Colère écrivais-je plus haut , là c'est carrément "bave aux lèvres "  il est où le punching ball ?
Gélule  répond avec calme à ces âneries et ses dessins mettent une goutte d'humour dans son billet sur la gratuité.
 Je ne peux pas inviter mes parents sur mon blog donc je vais vous livrer mon expérience du financement des études de médecine.
J'ai commencé mes études de médecine quelques années après 1968 
A cette époque les amphis étaient encore pleins à 70% de fils de médecins (et de quelques filles).
Si les études de médecine avaient été prises en charge par la collectivité  il faudra qu'on m'explique pourquoi  il y avait si peu de "prolétaires" et pourquoi il y en a si peu encore.
Mes parents n'étaient pas médecins, ils étaient  un peu trop riches pour que je bénéficie d'une bourse.
 Comme le dit Gélule il a fallu financer l'inscription en faculté (même prix qu'ailleurs), une chambre meublée,  et des bouquins  qui valaient cher (allez regarder le prix d'un Rouvière la bible d'alors en anatomie). A partir de la quatrième année  nous allions le matin à l'hôpital comme apprentis ou "vas chercher" et nous étions payés 1/5 ème de SMIG pour 4 h par jour de travail et des gardes.
Pendant les vacances scolaires nous avions la possibilité de travailler comme infirmiers et ce salaire me semblait royal. 
En septième année j'ai passé un an en stage interné dans une petite ville
...enfin je considère avoir été interné dans cette ville. De garde un jour sur deux,(y compris dimanches et fêtes) les autres jours minimum 8h de travail, le tout pour un SMIG.
J'ai supporté pendant un an, la petitesse d'esprit de certains confrères et le mépris d'une partie du personnel soignant qui nous voyait comme de futurs "nantis". La lutte des classes j'étais pile poil au milieu et je n'avais qu'une envie : sortir de cette prison.
Sous couvert d'enseignement, les hopitaux périphériques s'offraient à prix concurrentiel un médecin, certes débutant, quasi à demeure qui pouvait aussi servir d'infirmier, de brancardier ou de manipulateur radio.

Dès ma libération j'ai foncé au CHU  pour proposer mes services en ophtalmologie. Pendant quatre ans, j'ai travaillé gratuitement tous les jours (avec gardes) comme ophtalmologiste au CHU en échange d'un enseignement qui là, m'a été dispensé avec qualité.
Mes parents, puis mon ex épouse ont financé ces douze longues années , je voudrais que quelqu'un vienne m'expliquer à quel moment ma formation de médecin a couté un sou à la sainte collectivité ?


Mais celui là, quelle que soit son étiquette politique, qu'il approche armé jusqu'aux dents.