Aujourd’hui, je n’ai passé le seuil de cette salle d’attente de soins intensifs que pour aller discuter qq minutes avec un médecin glacial, mais relativement rassurant de l’état de santé de mon papa après l’intervention.
Les visites sont limitées à deux personnes, j’ai laissé ma place à mon frère qui doit partir ce WE et je suis resté seul dans cette salle. J’avais emporté les participations imprimées (pardon les arbres et la planète ) au défi du samedi #79 que je n’avais pas eu le temps de lire et de commenter.
Je félicite et remercie certains d’entre vous d’avoir réussi à me faire rigoler, à la lecture de leurs textes dans ces moments angoissants. (de même, la visite de vos blogs, vos commentaires ou vos incursions silencieuses me font du bien). J’ai pensé au défi #82 que je n’ai pas le cœur à relever.
Une femme très belle s’est assise près de moi. J’ai pensé qu’on allait venir la chercher pour lui mettre une blouse et l’emmener voir « son » malade. Ma mère, à son retour, l’a embrassée, cette femme était une amie de mes parents venue aux nouvelles. Son mari est hospitalisé à un autre étage en soins palliatifs. Ma mère l’a accompagnée pour aller embrasser l’ami mourant.
Mon frère et moi en avons profité pour discuter quelques instants devant un café. Bien sûr mon frère a raconté la foret de tuyaux autour de mon papa, faiblard mais content de se réveiller vivant. J’ai un papa branché.
Bon, j’essaie de rigoler, mais je flippe parce que c’est pas gagné et il y a quelques inconnues angoissantes.
Retour à la maison ; j’ai l’impression d’être ici depuis 15 jours, je suis comme un poisson hors de l’eau dans cet univers où tout est ordonné, où la moindre fantaisie est vécue comme une agression.
Je me demande si ma lutte pour rester calme et serein face à cet enfermement, ne m’aide pas finalement à gérer mon angoisse… Je n’exagère pas : ma maman hier a tenté de m’expliquer ce scoop primordial que je m’empresse de vous livrer : l’annuaire pages jaunes c’est pour les professionnels …sic
J’ai réusi à obtenir l'ouverture complète du store de ma chambre en expliquant que j’étouffais et que je voulais voir le ciel.(mieux vaut store que jamais)
En écrivant ces lignes, je pense à mon papa, seul dans son aquarium.