vendredi 31 octobre 2014

Cucurbit' assez

j'ai hésité à titrer " bouillon de courges" ...mais de temps en temps, j'essaie de livrer des posts pas trop polémiques, pas trop choquants, voire  presque bisounourseux.
Vous savez à quel point j'aime le politiquement correct...je ne promets pas de tenir jusqu'à la fin de ce post.

En théorie, j'ai prévu de rester enfermé jusqu'à ce que la Table soit vide et que les démarches administratives en retard soient finies.  
Vaste programme... c'est pas gagné 
Alors, je vous emmène  à une exposition de cucurbitacées : 

 au passage : un lion pour consoler Fluorette  et pour la faire sourire ce Gollum désespéré par la perte de l'Anneau.

 



 

Et je vous propose une halte  chez ma consoeur de Cris et chuchotements  qui raconte le paiement à l'acte expliqué en oeufs.

 Pour ceux qui s'inquièteraient  de l'état de la Table : ce  n'est pas montrable  : c'est la pire vision de cauchemar  du moment à Bled La Forêt.
Par contre j'ai avancé les démarches administratives, la compta, les courriers aux confrères. 
Encore un mois de vacances et je serai à jour.

PS : J'ai consacré 2 heures sans bouger à la vérification des règlements différés  de la sécu (pour les CMU AME  et divers tiers payants)  : au bout de ces 2 heures : épaules et vertèbres cervicales en  compote et j'ai pu contrôler 1000€  sur les 3000€ qui sont dans la nature et qu'il sera difficile voire impossible de contrôler.
Ce qui est acceptable, normal  pour des patients en difficulté, financière (CMU AME etc)  sera non négociable pour les autres.  
Le TPG   c'est simple : " il ne passera pas par moi ".
Certains  clowns ne me font pas rire du tout.

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 mise à jour : finalement j'ai pas tenu jusqu'au bout  du post consensuel  regardez cette vidéo  :-) 





dimanche 26 octobre 2014

savoir se vendre ; vendre son âme


Vous qui passez ici patients, médecins, aurez du mal à imaginer la diversité de l'ophtalmologie, persuadés que vous êtes que notre spécialité se résume aux lunettes ou à l'opération de la cataracte, avec un léger saupoudrage de pathologie histoire de justifier 10 -13 ans d'études de médecine.
Nous avons déjà abordé la question lors d'un échange avec docteur V et j'en avais parlé dans un post ancien au début de ce blog
Les lunettes sont  un casus belli au sein même de la spécialité :
devons nous continuer à "faire des lunettes", seuls ou aidés par des orthoptistes  salariés, ou au contraire devons nous mépriser/ refuser les demandes de lunettes, abandonner le terrain aux opticiens ou aux opto, afin de nous concentrer sur les parties "nobles" de notre métier : la Pathologie  et la Chirurgie avec plein de majuscules partout ?
De là découle une autre question peut être plus aiguë chez nous que dans les autres spécialités ; elle nous divise encore plus : sommes nous d'abord des médecins- chirurgiens ou d'abord des entrepreneurs ?  

Je n'avais pas très envie de revenir sur l'aspect lunettes de notre profession ; c'est un moyen très sûr de se fâcher avec ses vieux amis... heureusement, rares sont ceux qui passent ici me lire, trop occupés, m'ont ils dit, à prescrire les lunettes des patients qui n'ont pas obtenu de RDV chez moi ! 
Lors d'une de nos rencontres, je m'étonnais d'avoir peu de  consultations lunettes (et je regrettais mon faible taux de Kévin(s ) : un de ces vieux amis m'a rétorqué : "c'est parce que c'est nous qui voyons tes lunettes ".
Si j'avais voulu que les glaçons continuent à tomber entre nous,  j'aurais rétorqué que moi, je voyais les urgences qu'ils avaient refusées ou qui n'avaient pu se manifester auprès de leurs secrétariats injoignables. J'ai juste répété qu'au contraire, j'aimais "faire des lunettes", mais que lorsqu'il n'existe qu'un RDV libre dans une journée, celui ci est donné prioritairement à une urgence,  surtout si de son côté,  le candidat aux lunettes rebuté par nos délais montés en épingle, n'a même pas essayé de me joindre.
Autrement dit, j'apprécierais qu'on ne me reproche pas d'avoir refusé un RDV qui ne m'a pas été demandé.
 (j'en avais déjà parlé là)


L'autre grande question concernant notre spécialité  : "l'ophtalmologiste médecin, entrepreneur, ou les deux ?" déchaîne une guerre bien plus violente, même quand les propos restent feutrés. 
La réponse fréquente "consensuelle" et politiquement correcte est : "les deux à la fois" en disant  que la balance penche nettement vers la médecine, c'est mieux pour notre image... C'est bien, on ne vexe personne, on évite les conflits jeunes-vieux, S1-S2, aidés-isolés...
Il arrive néanmoins, souvent à l'occasion d'une discussion sur les lunettes,  que la hache de guerre soit déterrée et que chacun s'enflamme, prêt à lancer des horreurs au camp d'en face.    
La priorité d'un médecin est de soigner. Est ce que les supermarchés lunettes qui refusent les enfants, éloignent les personnes âgées porteuses de pathologies lourdes(prise de tête et bouffeuses de temps) pour se concentrer sur les lunettes et les lentilles font de la médecine malgré ce "tri sélectif "? 
Est ce que ceux qui se permettent une publicité sur leurs délais courts, moyennant 60 personnes par journée de consultation et par médecin, font de la médecine ?   
  J'ai déjà répondu à ces questions. Je suis d'abord médecin et en tant que tel je fais de mon mieux pour répondre à la demande des patients qui me font confiance. Je me refuse à faire ce "tri sélectif" qui consiste à  privilégier Kévin versus Léontine
Comme travailleur libéral, je suis aussi entrepreneur  puisque j'emploie des salariés, puisque je dois en permanence veiller à l'équilibre de mes comptes, mais je ne le suis pas puisque je n'ai pas à reverser mes bénéfices à des actionnaires.
Bien des voix s'élèvent pour nous pousser à nous regrouper ou pour suggérer aux plus vieux d'entre nous d'intégrer des structures capitalistes  à quelques années de nos retraites sans successeurs. *
 N'insistez pas,  j'ai parfaitement intégré le mythe de Faust : je ne suis qu'un vieux con atrabilaire, je n'ai pas l'intention de signer le parchemin, de vendre mon âme. Car même si j'ai de sérieux  doutes quant à l'au delà, je veux pouvoir continuer dans cette vie là,  à me regarder dans la glace tous les  matins en me rasant.


(photo Basile Segalen)



*(Rapidement au sujet de nos retraites sans successeurs, je suis de plus en plus "agacé" par mes propres amis et membres de ma famille qui refusent de croire que je vais un jour déplaquer sans successeur : non seulement ils ne me croient pas alors que j'en parle depuis 10 ans, mais ils se permettent d'ajouter égoïstement : "et comment on va faire NOUS ?")

PS j'allais rarement sur le blog du Docteur Sachs junior (ben j'avais tort)  et je découvre ce post  je vous laisse réfléchir au rapport avec ce qui précède.Il est rare mais ça arrive que je passe 50 minutes avec un patient .Pour un médecin  de supermarché à 60 patients/jour cette attitude serait  une incongruité ou un motif de renvoi.

vendredi 24 octobre 2014

message personnel (2)

Je sais : tu n'aimes pas qu'on te souhaite ton anniversaire, tu n'as jamais aimé ...ok  alors je vais éviter.  
Tu as raison : ce n'est pas un bon anniversaire ; c'est le premier sans Ma, il y a l'inquiétude juste avant un voyage dangereux, et ce départ au loin de ton fils pour douze longs mois, et aussi  ce que tu tais et tout ce dont nous ne pouvons parler.  
Tu dis être en manque de temps ;  je pourrais t'offrir un peu du mien :  j'en ai peu, mais je peux toujours partager. 

 Donc je te propose de descendre rapidement au paradis avec nous 
 ou de découvrir nos rêves fous d'extension. 
Moi aussi, je me prends à rêver de temps : au seuil de l'automne arriver à se retrouver dans un  jardin  pour partager un bon repas au soleil de l'été, et surtout avoir le temps de discuter, de refaire le monde, s'offrir une rencontre irréelle, voire même le luxe de l'ennui.


Au moment du café je t'offrirais ce texte à toi qui, comme moi, te perfuses à l'arabica. 
Depuis ce jour où je t'ai rencontré, petit, malade, faible et, je l'avoue décevant, blotti dans les bras de Ma, une vie  a passé au cours de laquelle nous avons donné différentes couleurs à notre relation. Dans notre enfance ou à l'adolescence,  nous étions rarement en phase : derrière l'admiration pointait la jalousie, parfois le mépris, de l'un pour l'autre ; au contraire, dans de rares moments de grâce, émergeait une vraie complicité face aux autres. Adultes, nous nous sommes séparés puis retrouvés dans les moments heureux ou difficiles. 
A quel moment avons nous mis fin à cette compétition muette qui nous dressait l'un contre l'autre, à quel moment avons nous dit  "stop ! non !" d'une seule et même voix ?    
Je pourrais encore te dire le temps qui passe, qui blesse, mais qui nous renforce aussi.
  
L'automne est là pour toi, comme pour moi, je le souhaite heureux, paisible et flamboyant.
je t'embrasse "ptit frère".



  

samedi 18 octobre 2014

octobre

Parfois, je me dis que, pour changer, ce serait bien d'écrire un billet pas polémique, quelque chose de calme, qui montrerait quelques pans de notre vie aux membres de ma famille qui auraient l'idée saugrenue de s'arrêter ici.
Malheureusement ce n'est pas si simple de résumer d'autant plus que la lutte contre la #LoiSanté  et contre le tiers payant généralisé  sont mes priorités.




-je pourrais parler de chats :  peut être faut il écrire : "de chat" au singulier car mademoiselle Titoute, estimant que  les souris sont plus vertes ailleurs, se spécialise dans les fugues. Les premières fois, nous l'avons cherchée, l'angoisse au coeur et  nous avons couvert  d'affiches les murs de la ville. Elle revenait quelques jours plus tard, quand ses quelques neurones arrivaient à se mobiliser pour lui indiquer le chemin du retour.
A peine avions nous enlevé les avis de recherche, que la bestiole disparaissait de nouveau... C'est une bestiole à éclipses.
 Souvent,  sa réapparition crée des drames car quand elle se fait adopter, les gens s'y attachent puis réalisent qu'elle est à nous, et nous la rendent à contre coeur et les larmes aux yeux. Nous (ce qui inclut Zigmund chat) commençons à nous lasser du jeu de cette adorable petite écervelée.
  
-Mon boulot ? chaque jour, au moins une heure de retard sur mes consultations pourtant prévues espacées , ce grondement hostile de ma salle d'attente, cette impression de vivre un cauchemar,  et parfois cette envie fantasmée de tous les virer : "z'êtes pas contents ? n'hésitez pas, je vais vous imprimer votre dossier pour que vous alliez voir mon irascible confrère Machin le Terrible..."
La semaine dernière, un patient en fauteuil roulant  a joué le lapin : j'avais bloqué 1/2 heure pour son RDV au lieu du 1/4 d'heure habituel .J'attends encore ses excuses ou des explications. Je compte une moyenne de 2 lapins par jour , ce chiffre est stable mais j''ai l'impression que nos patients sont de plus en plus mal élevés ...

-Je vois arriver les vacances, je ne sais pas encore si je pourrai partir. Notre voiture principale a été détruite et nous cherchons l'oiseau rare qui va la remplacer et nous permettre de partir.
Je passe une partie de mes dimanches avec Pa Zigmund toujours très abattu moralement par la perte de Ma. Pa n'a pas souhaité que je me libère pour l'emmener à la synagogue le jour de Kippour, il est resté à la maison, et moi je suis resté avec un gros  poids sur le coeur, malgré mon athéisme pur et dur.
Je suis tombé malade, rien de grave mais le truc plombant qui ralentit le travail, mine le moral, ou pourrit la vie.Ma main droite a perdu sa force, mon maniement des armes s'en ressent. J'ignore si une intervention règlera le problème et où est ce que je vais la caser ?
Je sais que j'ai besoin de dormir... 
le mois d'octobre me fout vraiment le bourdon. 

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samedi 11 octobre 2014

ramper ou se redresser ?


En théorie j'ai promis de ranger la Table 


C'est d'ailleurs pour ça que je suis encore resté ce samedi enfermé.
Outre les papiers qui attendront un mois de plus, je dois faire le bilan de mes droits à la retraite. 

lundi 6 octobre 2014

ramper un peu plus bas


 Tu ne m'as pas demandé de mes nouvelles ... Je vais t'en donner quand même. 

      La Table,*  reflet de mon propre désordre intérieur  ne désemplit plus depuis plusieurs mois,  je ne prends même plus de photos du désastre. 
Mais tout ça n'est que peu de choses à côté de la #Loi Santé de mst et le rapport de l'IGF sur les professions réglementées.
Pendant ce mois de septembre, j'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs médecins et soignants divers.
Malade, fiévreux,  j'ai néanmoins pu me joindre à la manifestation du 30 septembre.J'ai marché aux côtés des pharmaciens,  des dentistes et des kinés, désolé de constater la faible proportion de médecins. Au moins, ceux qui étaient présents étaient super motivés et ceux de l'UFML avaient assuré comme des bêtes.
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Merci aux confrères qui m'ont reconnu sous mon déguisement, de ne pas me trahir.Mon anonymat relatif est garant de ma liberté d'expression.
Il y a eu des réunions, il y a eu des rencontres et des discussions animées dans la vraie vie comme sur internet.


Nous avons évoqué les problèmes d'accessibilité à nos cabinets : si le but de cette loi était de faciliter l'accès des handicapés à nos cabinets, son résultat sera l'inverse, cette loi est truffée de lourdeurs, d'inepties irréalisables.
Certains médecins déménageront leurs cabinets loin des centre ville : comme pour aller au supermarché, il vous faudra prendre votre voiture pour aller consulter. D'autres médecins incapables d'engager les frais des travaux exigés se préparent à déplaquer. Avoir un cabinet accessible à un fauteuil roulant est insuffisant : une rampe d'accès  trop éloignée  de la porte pour  valides est considéré  comme une discrimination insupportable, et 9m² de surface de WC seraient un minimum obligatoire. Les porteurs de la loi refusent d'admettre que l'examen  ou les soins en cabinet pour  certains  handicapés sont  bien inférieurs en qualité à ce qui est réalisé à domicile et crient à la discrimination.
Il nous est demandé de faire appel à des organismes agrées grassement payés pour un diagnostic d'accessibilité.
Qui peut croire que les soignants ne se sont pas souciés de leurs patients handicapés ?
A qui profite cette loi  aussi bancale pour les usagers que pour les soignants ?
  
Nous avons reparlé du fameux écart pupillaire :  une gentille consoeur expliquait lors d'une réunion que la loi était passée  et qu'on allait devoir noter l'écart pupillaire sur nos ordonnances lunettes. Elle expliquait qu'elle se préparait à obéir... j'ai choisi l'humour pour extérioriser ma colère et pour ne pas blesser l'amie.
"Alors, ça y est, on vous dit de noter l'écart pupillaire et voilà votre stylo est prêt !  croyez vous que les gendarmes viendront vous chercher à votre cabinet pour n'avoir pas noté cette mesure ?et quand ils vous diront de ramper vous le ferez ??? croyez vous que vous pourrez ramper encore plus bas  ou est ce qu'il va falloir creuser ? "
Vois tu c'est ça qui me désole le plus :  j'ai passé le mois de septembre à me battre aux côtés des membres de l'UFML, à expliquer les dangers qui plus que jamais planent sur la médecine et sur le système de santé (tiens il manque le TPG et la vente de la santé à la finance )

et tout ça pour entendre parler de ce p.... d'écart pupillaire.
Mes confrères ophtalmos ont parfois des priorités étonnantes, je devrais le savoir et ne plus me mettre en colère.
Peut être n'est ce qu'une façon détournée et plutôt classe de ne pas sombrer dans le désespoir ...









La différence - et elle est de taille - c'est que si nous nous battons tous ensemble il est possible d'éviter le naufrage annoncé. 
Mais si on doit se la jouer "chacun pour soi" je  retournerai bientôt  accomplir mon karma et ranger la p.... de  Table  avant noël .**
  
   

*PS : Pardon  aux blogamis  non médecins que je ne délaisse pas, mais chez qui je passe un peu en speed   ces temps ci . promis  bientôt je vous reparle un peu plus de Table de matous et de verdure 
** 
Tu n'as pas demandé de mes nouvelles, j'étais malade face à toi et tu n'as rien remarqué.
oui ça va mieux merci .
ceci est l'autre fin possible pour ce post 

dimanche 5 octobre 2014

No Nego !


Certes nous médecins, et nous ophtalmos, étions quelque peu noyés dans la masse des manifestants : pharmaciens  dentistes et kinés étaient plus visibles.
Que nos dirigeants soient bien conscients que chaque feuille de soins papier sera accompagnée d'un tract expliquant notre action et qu'ils se souviennent que nos patients sont aussi
des électeurs.


Nous ne gagnerons pas en restant discrets et polis.
Aujourd'hui, on ne négocie pas !
NO NEGO  !
Non à la Loi Santé !
Non au tiers payant généralisé !










dimanche 21 septembre 2014

La loi de santé par Marisol Touraine, ministre du gouvernement le moins populaire de la cinquième république...

Rassemblement le 30 septembre 12h30 place Edmond Rostand Paris 
 

Avec l'autorisation du Dr Jérôme Marty,son auteur,  je publie cet article paru sur le site de l'UFML.

La loi de santé représente, pour le secteur public, comme pour le secteur privé, la menace la plus grande qu'ait connue la médecine.
Depuis l'avènement de la République, jamais un gouvernant (hormis dans les périodes les plus troubles, et encore, la formalisation était moins élaborée) n'avait osé imaginer que la médecine puisse être à ce point, dans tous ses secteurs, aux ordres.
L'intelligence et le bon sens "terrien" prévalaient jusqu'à ce jour sur les concepts énarchiques et, il restait à nos décideurs politiques encore un peu de vie réelle et d'humilité pour se rappeler qu'ils étaient tous des patients potentiels et, que la vie était comme une grenade dont la goupille pouvait à tout moment être arrachée, les projetant alors dans un monde où seuls, le savoir, la pratique, l'esprit de synthèse, la technicité, l'humanisme, l'expérience, le doute, faisaient le médecin qui pourrait retarder, stopper pour un temps l'explosion.
La loi de santé, pilotée par Marisol Touraine, ministre inamovible du gouvernement le moins populaire de la cinquième république, remet en cause ce simple principe, et invente le concept de caporalisation de la médecine.
La médecine y est carrée, répétitive, automatique, rassurante, faite d'abaques et de procédures, de protocoles et d'indicateurs. Tout y est tracé, mesuré, encadré. La volonté est de faire de la maladie une équation dont le dénominateur commun est l’intérêt économique et dont la finalité est d’effacer définitivement l'humain au seul profit de la normalisation du résultat.
Peu importe Pierre, Paul, Sylvie ou Dominique, seul compte le modèle de maladie, le dossier et son traitement et, plus encore, l'obéissance au schéma de soin défini par "l'instance", quelle qu'elle soit, validée par des non-médecins à l'importance aussi développée que l'ego et la fatuité... Représentants d'usagers, dès lors idiots utiles qui, sans même l'imaginer participent à la dégradation organisée du système, et  s'autodétruisent.
Je le dis, la loi de santé de Marisol Touraine, va détruire notre système de soins. La raison en est simple et, point n'est besoin d'être grand clerc pour la deviner : le modèle sanitaire choisi est le médecin obéisseur.
Obéisseur au sein du Tiers Payant Généralisé où le payeur immanquablement deviendra décideur, et où immanquablement, les médecins seront soumis à un conflit d’intérêt permanent, entre le soin dont relève leur patient et la demande exprimée par l'organisme rétributeur.
Obéisseur au sein des réseaux de soins, où, représentant de la marque (comme se plaît à le dire un président d'institut de prévoyance bien connu), le médecin n'est plus tout à fait indépendant, plus tout à fait libre, plus tout à fait médecin.
Le modèle choisi de médecine aux ordres de la courroie d'administration de l'Etat va également détruire le modèle hospitalier Français.
La raison en est là encore simple, il faut une réforme sociale, et le gouvernement n'a ni l'intelligence politique, ni le courage pour y faire face, seule prévaut dès lors la manipulation intellectuelle à coup de novlangues, d’esbrouffes et de tours de cartes.
Les médecins qui pratiquent des honoraires complémentaires y sont désignés coupables de fait, de "dépassements" d'honoraires, géniteurs des inégalités d'accès aux soins, alors qu'ils ne sont qu'adaptations aux choix de ces mêmes politiques qui de médiocrité en facilité n'ont jamais eu la volonté d'augmenter les actes des praticiens à leur juste valeur...
De culpabilité à jugement il n'y a qu'un pas que la loi de santé franchit sans difficulté, (l'avantage du vide est qu'on y avance facilement), et, la création de la tare permet l'éradication de son milieu : les cliniques ou hôpitaux publics d'exercice des médecins à honoraires complémentaires, voient leurs existences même menacées par les Agences Régionales de Santé, qui veillent à l'application de la loi.
Les ARS consacrées maîtres du jeu par la loi de santé, veillent à l'application de ces règles et à l'obéissance des médecins qu'elles orientent, pénalisent ou gratifient. Partenaires des organismes financeurs, elles organisent le système, écartent les médecins de tous secteurs, du pouvoir décisionnel ou organisationnel. Elles n'ont qu'un but : l'encadrement. Qu'une priorité : le résultat économique aux seules fins de résultats politiques.
Peu leur importe que chaque homme soit différent, que chaque médecin ait également son histoire, l'obéisseur doit créer de l'obéissance, l'encadré doit créer du cadre !
La loi de santé est l'avènement d'un nouveau paradigme, celui du passage de l'obligation de moyens, à l'obligation de résultats, celui de la primeur de l’intérêt économique sur l’intérêt médical, celui de l'ascendant administratif sur le praticien, elle est l'avènement de la dépersonnalisation médicale. Elle est la porte ouverte à tous les risques, tous les abus, le médecin n'est plus qu'un outil au service du plan, la déontologie n'y est qu'accessoire et variable suivant les intérêts du moment, l'humain n'y a que peu sa place, effacée par la cohorte.
Cette loi est pour chacun de nous inacceptable. Parce-que nous sommes médecins, simplement parce que nous sommes médecins !
Parce-que notre rôle notre mission doit être parfois au-dessus des lois, nous nous devons de désobéir.
Parce-que nous savons l'humain, nous ne pouvons accepter la marchandisation et la financiarisation de l'être, nous devons désobéir.
Parce-que nous savons que seules notre liberté et notre indépendance garantissent celles du patient, nous devons désobéir !
Refuser la loi de santé n'est pas une posture politique, c'est notre devoir de médecin, notre devoir d'homme, et face à l'abomination que cette loi représente, il n'est qu'une possibilité, son retrait total.

mercredi 17 septembre 2014

Charade ophtalmo etc ...


Le matin : Annie m'attend sagement, assise près de la secrétaire. Elle a une hémorragie sous conjonctivale qui l'inquiète et son MG n'était pas disponible. On vérifie l'absence de choc, l'absence prise d'aspirine, on prend la TA  et  on rassure...