Gris novembre

Creux  de  la  vague ...

 rien de  bien grave  :  fatigue ,  froid,   grisaille,   articulations  qui n'en font  qu'à  leur  tête ...je hais  les  automnes, les  couleurs  flamboyantes  ne  suffisent  pas  à  me  sortir  de  mon spleen.

Il va  falloir  attendre  plusieurs  mois  avant  que  ne  reviennent  les  verts  et  bleus du  printemps.

Rolande  m'avait  demandé  de  passer  la  voir  car  sa  vue  avait  baissé  de  façon  inquiétante  :  heureusement  elle  lit  encore  -péniblement -  les  petits  caractères, heureusement parce  qu'avant  mon  départ  en  retraite  je  savais  que  je ne  pourrais  plus  améliorer  ses lunettes.

Autre  point  positif : l'audio  prothésiste  était  enfin  passé  (après  8  mois  de  demandes) et  ses  appareils  semblaient lui  convenir.  

J'ignore  si  elle  dit  vrai  mais  il  lui  est  interdit  de téléphoner  directement à  son  médecin  traitant  pour  lui  demander  de  passer,  ce  sont  les  infirmiers  qui  s'en  chargent. Elle  me  confie  d'autres  "petites" maltraitances, rien  de  bien  méchant,  mais  typique  d'une infantilisation des  personnes  âgées et  d'une  privation "douce"  de  liberté. 

Essoufflée, accrochée  à  son oxygène, elle  était  si  fatiguée  qu'elle  m'a  viré  gentillement  pour  que  je  rentre  chez  moi  avant  la  nuit, je crois  qu'elle  ne voulait  pas  trop  que  je  la  voie  dans cet  état...

J'ai  continué  à  rendre  visite  à  Andrée qui se  remet  difficilement  de  son  récent  veuvage. Tous  les  intervenants  sauf  moi  et  sa  fille  ont  essayé  de  la  pousser  à  entrer  en  EHPAD ce  qu'elle  refusait  catégoriquement puisqu'elle  gardait  une certaine  autonomie. 

 Malheureusement il a  suffi  d'une  chute sans  casse pour  que  la  situation se dégrade  à  toute  vitesse.  Andrée  se  trouve  devant  le  choix  douloureux  : mourir  seule  dans  sa  maison  à  la  prochaine  chute  (ou  même  sans  chute   parce  qu'elle  s'alimente  très  peu ) ou  accepter  l'hospitalisation  et  probablement  l'EHPAD.

Elle  a  refusé  que  je  lui  rende  visite  elle  se  sent  trop  faible. Elle  veut  que  je  la  laisse  dormir.

C'est  donc  un  dimanche  triste  à retourner  des  pensées  inquiètes  pour  mes  deux  protégées,  à  sentir  ce  grand  vide  avec  plein  de  temps  pour moi  doublé de  cette  culpabilité  de  ne  pas  pouvoir  faire  plus cette  sourde  angoisse  de  savoir  que  mon  tour  viendra. 

Mais  avant  ça  il faut  .... devinez ... que  je  range  la  foutue  Table  avant  Noël !